Alors que l’année 2023 est ponctuée par les célébrations du 400e anniversaire de la naissance du génie clermontois Blaise Pascal, l’écrivaine, dramaturge et critique littéraire, Christine Orban* a décidé de faire le récit biographique de Jacqueline Pascal, la plus jeune sœur de Blaise. Soumise récemment publié chez Albin Michel décrypte les relations entre le frère et la sœur qui formaient un véritable couple ; deux êtres exceptionnels, qui s’aimaient tout en se déchirant. L’auteure tire un récit extrêmement romanesque d’une relation à la fois ardente et fusionnelle mais aussi conflictuelle tant leurs points de vue sur certains sujets divergeaient.
De la poésie au sacerdoce
Jacqueline Pascal est née, elle aussi à Clermont, deux ans après son frère. Très jeune, elle se montre fascinée par la poésie et se met à composer des vers, à l’âge de huit ans. À treize, elle écrit un sonnet ayant pour thème la grossesse de la reine qui allait donner naissance au futur roi Louis XIV. A quatorze ans, elle joue une pièce devant le cardinal de Richelieu, obtenant par la même occasion la grâce de son père qui errait alors en disgrâce. La famille Pascal quitte Clermont pour Rouen et Jacqueline poursuit son travail littéraire, vivement encouragée par le poète et dramaturge Pierre Corneille. Par la suite, la famille se rapproche de Port-Royal, haut lieu de la réforme catholique et se met à fréquenter les jansénistes à Paris. Jacqueline envisage alors de devenir religieuse, renonçant à la poésie et se plaçant sous la direction d’Antoine Singlin, ecclésiastique de Port-Royal, directeur spirituel de Blaise. Son père, Etienne Pascal, s’oppose à cette vocation, mais lorsqu’il décède, Jacqueline décide d’entrer à Port-Royal devenant sœur Sainte-Euphémie, une nouvelle soumission en quelque sorte. Elle assure quelques missions au sein de l’abbaye et meurt à l’âge de 36 ans.
Portrait d’un femme par Christine Orban
Le livre de Christine Orban pose clairement la question du rôle de Jacqueline dans la réussite de Blaise, brillant frère qui a rapidement capté la lumière, grâce à ses dons de communiquant et ses réflexions sur la société dans laquelle il évoluait. Au final, sans elle, le mathématicien-philosophe aurait-il eu le même parcours ? L’auteure dresse le portrait d’un femme, très moderne, désireuse de se cacher du monde afin de s’éloigner de toutes les vanités, alors que ces capacités intellectuelles lui auraient ouvert les portes de la gloire. Elle a préféré vivre dans l’ombre, restant, in fine, soumise comme la majorité des femmes vivant à une époque où la société étaient loin de se soucier de la condition féminine. Au final peut-être a-t-elle voulu se protéger d’elle-même au profit de Blaise, le laissant s’épanouir, éloigné du schéma qu’elle imaginait pour lui. Elle aurait voulu que son frère soit parfait, mais il se laissait glisser vers le divertissement. Elle aurait préféré qu’il soit plus croyant que savant, alors qu’il pensait, et a démontré, que l’on peut être croyant tout en étant savant.
Christine Orban sera présente pour une rencontre-dédicace autour de Soumise, à la Librairie Les Volcans, boulevard Mitterrand à Clermont, vendredi 17 février à 17h. (Entrée libre dans la limite des places disponibles).
*Christine Orban est l’auteure d’une vingtaine de romans, récits et recueils qui ont connu un vif succès, parmi lesquels L’Attente, Le Silence des hommes, La Mélancolie du dimanche, Petites phrases pour traverser la vie en cas de tempête…et par beau temps aussi, Deux fois par semaine, N’oublie pas d’être heureuse, Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur…, Avec le corps qu’elle a.
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