Trophées d’Auvergne est le nom donné au plus important meeting de l’année organisé sur la circuit de Charade généralement en juillet. La première édition a lieu le 27 juillet 1958, le jour même de l’inauguration du circuit. Tout les as du volant sont présents pour participer aux deux premières épreuves disputées sur celui que l’on nomme à l’époque le Circuit des Montagnes d’Auvergne. Le public est au rendez-vous pour suivre les épreuves : Les Trois Heures Internationales d’Auvergne, une épreuve d’endurance disputée sur des GT et la course « vedette » de Formule 2 qui est remportée par Maurice Trintignant (père de Jean-Louis). L’épreuve GT est, quant à elle, gagnée par Ines Ireland sur une légère Lotus bien plus à l’aise que les puissantes mais lourdes Ferrarri 250, mises à rude épreuve par les 51 virages et le dénivelé marqué du circuit (voir notre article Circuit de Charade : La première Course ).
L’année suivante, même recette pour les Trophées : Formule 2 et course d’endurance de 2 heures. Cette dernière est remporté par Peter Ashdown sur Lola Climax alors qu’en F2 c’est Stirling Moss qui l’emporte sur une Cooper Borgward. C’est ce jour là, qu’en descendant de sa voiture, il prononce la phrase qui reste à jamais gravée dans l’histoire de Charade « C’est le plus beau circuit du Monde ! »
Après une pause, les Trophées reviennent en 1962 : Au programme, les nouvelles Formules Junior (qui deviendront F3) dont les courses sont trustées par les marques anglaises, comme Lotus, Brabham, Cooper… et une course d’endurance de 300 km comptant pour le Championnat du Monde avec un départ type Le Mans. Tony Maggs remporte l’épreuve Junior sur Cooper Austin alors que Carlos Abate place sa Ferrari 250 GTO à la premières place des 300 km et permet à la marque italienne de devenir Championne du Monde.
Les Trophées 1963 sont un copié-collé de 1962 : Le français Jo Schlesser gagne en junior alors que Lorenzo Bandini offre à Ferrari le titre mondial en remportant l’épreuve sur une Testa Rossa.
Alors que les Grands Prix de France sont créés en 1964, L’ASACA* montre une certaine déception car, pour ses Trophées, elle n’obtient « que » les GP de Formule 2 et Formule 3 et la Coupe des Provinces qui se dispute sur des Lotus Seven. Rétrospectivement les organisateurs ne boudent pas leur plaisir car sur le podium F2 on trouve le très beau trio Hulme-Stewart-Rindt alors qu’un certain Depailler (voir notre Patrick Depailler : Jusqu’au bout du risque) monte sur la seconde marche de celui de la Coupe de Provinces, le meilleur tour étant décroché par un jeune venu : Henri Pescarolo.
Bingo pour les Trophées d’Auvergne 1965
Après 7 saisons, le circuit est enfin désigné par l’ACF** pour recevoir le GP de France de F1 lors des Trophées 1965 avec la F3 en lever de rideau. Charade entre ainsi dans la légende du sport auto mondial et pour l’occasion accueille Georges Pompidou, Premier Ministre et Valéry Giscard d’Estaing, le jeune Ministre des Finances. Les deux membre du Gouvernement assistent à la Victoire de l’immense Champion Jim Clarck devant Stewart et Surtees en F1 alors que Tommy Hitchcok gagne la F3
Les Trophées 66 sont moins prestigieux car les monoplaces y sont absentes. On assiste tout de même à une course de R8 Gordini gagnée par Jean-Claude Andruet, une épreuve de voitures de tourisme dans laquelle les vedettes se nomment Alfa GTA et une épreuve GT- Sport Prototypes remportée par David Piper sur Ferrari 365. Une des premières Matra Prototype, la MS 620 à moteur BRM est pilotée par Jean-Pierre Beltoise termine en fond de classement.
L’année suivante en 1967 les Trophées retrouvent une configuration classique : épreuves de R8 Gordini, Formule 3 gagnée par Peter Westbury sur une Brabham Cosworth et les 300 km d’Auvergne. Cette épreuve d’endurance est « écrasée » par 3 Ford GT 40 intouchables qui prennent les 3 premières places sur le podium. Beltoise arrive tout de même à placer la Matra BRM, qui marche mieux que l’année précédente, en 4e position.
La F1 de retour en 69
Pas de Trophées d’Auvergne en 1968 mais de nouveau la F1 pour ceux de 1969. R8 Gordini et Formule France servent de hors d’œuvre au GP de France. Les Matra Ford marchent fort et Jacky Stewart l’emporte devant Beltoise, c’est le premier doublé de l’histoire pour la maque française. Ickx sur Brabham complète le podium et Stewart devient champion du monde en fin de saison. Le week-end est marqué par les mésaventures de Rindt que les 51 virages rendent malade sous son casque intégral. Malgré l’utilisation d’un casque ouvert durant la course, il doit abandonner…
En 1970, les Trophées d’Auvergne bénéficient du désistement du circuit d’Albi et retrouvent le GP de France de F1. R8 Gordini et Formule France ouvrent le bal et la course des F1 voit la victoire de Jochen Rindt malgré une blessure au visage due à un caillou projeté par la voiture de Beltoise aux essais (Il ne peut toujours pas porter de casque intégral). Il gagne sur Lotus devant Amon et Brabham.
Les F1 sont absentes pour les Trophées d’Auvergne de 1971 qui se « contentent » des R12 Gordini, des Formules Renault, du GP de France de F3 et des traditionnels 300 km. La course des F3 est gagnée par Patrick Depailler, toujours à l’aise sur ses terres devant Jabouille alors qu’Helmut Marko et Jo Bonnier font le doublé en endurance sur Lola, devant Gérard Larousse qui place la nouvelle Matra 660 sur la troisième marche du podium.
La fin de l’âge d’or
Le GP de France de F1 en 1972 est le dernier organisé à Charade mais il n’est pas intégré aux fameux Trophées d’Auvergne. Près de 100 000 personnes y assistent. Ce jour là Chris Amon inscrit définitivement le record du tour du grand circuit mais c’est encore Stewart qui gagne. On retient cette année là, le problème rencontré par Helmut Marko, contraint de mettre un terme à sa carrière après avoir pris un gravillon dans l’œil qui laissera de sévères séquelles. Le nom Trophées d’Auvergne revient en 1973 et 1974 avec les courses de formules et les fameuses épreuves de 300 km où les plus beaux sport-proto de l’époque s’affrontent sur la piste. En 1975 on parle de nouveau Formule 1 pour les Trophées mais les pilotes mettent en avant la sécurité du circuit et préfèrent le Paul Ricard. Pour ses Trophées d’Auvergne, Charade devra désormais se contenter de courses moins prestigieuses et se concentrer sur la construction du petit circuit, une évolution inévitable. De 1976 à 1988 les Trophées restent un rendez-vous annuel qui permet de retrouver des petites monoplaces, des coupes de marques, quelques courses spectaculaires comme le Championnat Production. Les journées sont belles sportivement mais chacun regrette déjà les belles années durant lesquelles le gratin du sport auto se retrouvait en Auvergne.
Les Trophées d’Auvergne de retour
Le nom Trophées d’Auvergne reste intimement lié à la légende du circuit de Charade. Les années ont passé et le public a désormais beaucoup de plaisir à retrouver, sur la piste, des véhicules anciens engagés dans les championnats historiques. La direction du circuit a eu l’idée de reprendre le nom Trophées d’Auvergne, 41e édition, à l’occasion de la 3e manche de l’Historic Tour qui se déroule le week-end des 29 et 30 août 2020. Les amateurs et les nostalgiques pourront ainsi faire un plongeon dans le passé et retrouver en action des voitures qui se sont illustrées depuis les années 60 sur le circuit Auvergnat. On le sait, les courses auto se tournent de plus en plus vers les nouvelles technologies et les mobilités propres et Charade entend jouer les premiers rôles dans l’avenir comme il le fit durant les décennies 60/70. Cette évolution ne remettra pas pour autant en cause sa volonté de valoriser l’histoire et le patrimoine. Le ruban d’asphalte lové au cœur des montagnes qui environnent le puy de Gravenoire reste un sanctuaire et un des plus beaux lieux pour écouter les mélodies mécaniques des 6,8 et 12 cylindres.
*ASACA : Association Sportive de l’Automobile Club d’Auvergne
** ACF : Automobile Club de France
Ouvrage de référence ayant servi à la rédaction de cet article : « Charade le plus beau circuit du Monde 1958 / 2002 » par Patrick Besqueut, Editions du Palmier.
Le sujet ce sont les « Trophées d’Auvergen »… On parle à peine des années 70 avec les superbes épreuves des sport-prototypes 2 Litres du championnat Européens…
Pourquoi alors évoquer la Formule 1 et les champions comme Rindt ?
Vous manquiez de matière pour le sujet… faites des recherches et ainsi on ne lira pas un hors-sujet.
Dommage, il y avait beaucoup mieux à dire.
ML.