Henri Delorme: le micro au fil des pages

Mon prof d’anglais, qui portait la barbe et des pantalons en velours côtelé, eut au moins l’art de me faire découvrir les notes et les textes de Leonard Cohen. Henri Delorme, lui, doit à un professeur de français ses premiers émois littéraires. « Pour Balzac, Hugo et Chateaubriand, les auteurs du XIXe siècle ». Pourtant aujourd’hui, il confie volontiers un goût particulier pour les livres d’Albert Camus. « Ils apportent des clefs de réflexion qui sont encore très utiles dans le monde d’aujourd’hui » assure-t-il.

Sous le signe de la diversité littéraire

Tombé très tôt dans la marmite de la littérature, Henri Delorme a découvert sur le tard, et par les hasards d’une partie de golf, l’univers de la radio. Au détour d’un drive appuyé ou d’un bogey concédé. Depuis cinq ans, il anime avec un bel enthousiasme l’émission Tranche de livre sur les ondes de Radio Arverne. Une fois par semaine, et durant une demi-heure, il y reçoit un auteur. « Ce n’est pas à moi d’arbitrer les élégances littéraires » explique-t-il. « L’émission entend respecter la diversité des genres. En gros, je reçois un tiers d’auteurs appartenant aux grosses écuries éditoriales, un autre d’écrivains régionaux. Enfin, la dernière partie est consacrée à des people. »

Si les livres constituent pour Henri Delorme une drogue ordinaire « je ne peux imaginer une semaine sans livre, je lis pour m’enrichir, pour me détendre, assidûment, environ 200 à 250 livres par an », la radio peut aussi entraîner des phénomènes d’addiction. Après cinq années au micro, l’animateur est désormais sur les ondes comme un poisson dans l’eau. « Au tout début, je m’efforçais avant tout de poser des questions. Désormais, les écrivains se confient plus volontiers, ils parlent librement de leurs livres. Les meilleurs clients sont les plus extravertis. Eu cet égard, la rencontre avec Jean-Pierre Mocky fut une vraie réussite » précise-t-il.

Les prochains chapitres

Mais comment l’animateur choisit-il ses invités ? « Comme un lecteur, en réalité. Je vais à la librairie Les Volcans, qui est partenaire de l’émission, et je feuillette, je regarde. Ensuite, je bouquine. Mon but est vraiment de défendre les livres, les auteurs, les éditeurs, tous les libraires indépendants, en fait l’ensemble de la chaîne du livre dont l’existence est essentielle. » Lors de ses prochains rendez-vous radiophoniques, Henri Delorme recevra la romancière et journaliste Titiou Lecoq pour son dernier ouvrage Honoré et moi (diffusion le 23 décembre) puis il interrogera le duo Claude Legrand-Jacques Viallebesset (30 décembre) autour de leur superbe livre-dialogue Le plain champ des hautes terres qui mêle textes et peintures.  Pour les fidèles internautes de 7 Jours à Clermont, l’animateur confie son coup de cœur du moment. « J’ai beaucoup aimé « Je te suivrai en Sibérie » d’Irène Frain, un passionnant récit qui associe la fiction à la réalité historique, et se situe à l’interstice des genres. » Un livre qu’il a soigneusement rangé dans sa bibliothèque personnelle où les ouvrages de Camus, bien sûr, occupent une place de choix. Un peu comme les albums de Leonard Cohen dans ma discothèque…

Tranche de livre, tous les lundis à 12h30 sur Radio Arverne (100.2). L’émission est rediffusée le samedi à 13h30.