Retour sur l’année 1926 : le modèle A2 de FASTO est l’objet d’une présentation officielle au Salon de l’Automobile de Paris et fait sensation. En effet, la voiture est une synthèse du luxe, de l’innovation, de la performance et de l’endurance et en plus elle est vendu à prix raisonnable… exactement ce que les constructeurs français actuels ne savent plus faire. Loin des méthodes du fordisme, l’entreprise va produire cette A2 à seulement 15 exemplaires entre 1926 et 1928.
Constructeur auvergnat
C’est à Saint-Eloy-les-Mines, en Auvergne, que débute l’histoire de la marque FASTO, Fabrique Automobiles de Saint-Ouen. La production démarre dans les ateliers de construction mécanique Établissements Odoire et Cie. Après la sortie des 16 premières voitures, elles sont ensuite assemblées à Saint-Ouen dès la fin de l’année 1926, l’usine de Saint-Eloy-les-Mines ne conservant que la fabrication des moteurs, des transmissions et des essieux arrières. Malheureusement la crise de 1929 va mettre un terme à l’aventure industrielle qui aura duré à peine trois ans. FASTO aura cependant eu le temps de marquer l’histoire du sport automobile avec une participation aux 24 heures du Mans 1927 avec des évolutions course et au prestigieux rallye féminin Paris-La Baule.
La dernière A2 connue
Les 15 A2 construites semblaient avoir disparu à tout jamais, mais en archéologues industriels, les passionnés du Groupement Associatif des Collectionneurs du Patrimoine Technique, une association de Givors, ont réussi à retrouver dans la banlieue lyonnaise et à mettre la main sur ce qui est vraisemblablement le dernier exemplaire restant. La famille Marée avait fait l’acquisition de cette voiture pour l’utiliser de manière familiale jusque dans les années 50, puis au lieu de la vendre, l’avait remisé dans un garage humide. Les membres du GACPT ont réussi à acquérir la voiture mais ils ont constaté qu’en 70 ans d’immobilisation, le temps avait fait son œuvre. Compte-tenu de l’extrême rareté de l’exemplaire, ils ont lancé l’idée d’une restauration, sachant que la tâche serait longue et difficile en raison du manque d’informations techniques et des pièces à refabriquer.
Crochet par Saint-Eloy, terre natale
Lancé en 2022 le projet de restauration a été estimé à 180 000 euros, somme élevée pour l’association mais il suscite engouement et mobilisation. Depuis l’annonce du projet, des informations essentielles sur la voiture remontent et se révèlent très utiles. Lionel Duperray éditeur et dirigeant des Éditions Val d’Allier à Thiers a cosigné avec Denis Kapala un ouvrage consacré à la marque FASTO. Le livre est aujourd’hui vendu au profit de la restauration. La marque de lubrifiants Motul a également accordé une subvention, la fondation du patrimoine est dans la boucle avec une souscription jusqu’à fin juin 2024 et une belle aide du fonds de soutien aux métiers d’art est arrivée. Si l’enveloppe totale n’est pas encore rassemblée, les sommes collectées permettent déjà de lancer la restauration qui sera réalisée en Dordogne. La Fasto reprend la route cette semaine, sur un plateau, partant de Givors où elle était stockée pour Sarlat, mais elle ne prendra pas le chemin le plus court. En effet le GACPT a décidé de faire un crochet par Saint-Eloy-les-Mines sur sa terre natale. Une réception en présence d’élus locaux et régionaux sera organisée ce mardi 21 mai, l’occasion pour eux de montrer leur attachement au patrimoine local.
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