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Interview de Frédéric Ranchon, président du Crédit Mutuel Massif Central., président
Frédéric Ranchon- photo Natacha Sibellas.
Économie

Frédéric Ranchon : « La crise actuelle va nous obliger à accélérer les transformations »

Président du Crédit Mutuel Massif Central depuis juin 2017, Frédéric Ranchon (53 ans) a été réélu pour un mandat de six ans. Nous l'avons rencontré afin d'évoquer (notamment) les principaux enjeux à court et moyen terme.

Siège du Crédit Mutuel Massif Central, rue Blatin à Clermont. Ambiance studieuse mais décontractée, en cette fin de matinée, lorsque Frédéric Ranchon nous reçoit dans son bureau du quatrième étage autour d’une tasse de café. La semaine dernière, il a été réélu à la présidence de la banque mutualiste pour un mandat de six ans. L’occasion pour 7 Jours à Clermont d’un entretien sans trop de protocole avec l’administrateur. Ah oui, pour le café, ce sera avec un sucre…

7 JOURS A CLERMONT : Qu’est-ce qui différencie fondamentalement une banque mutualiste, comme le Crédit Mutuel Massif Central, d’une banque « ordinaire » ?

FRÉDÉRIC RANCHON : La publicité dit « ça n’est pas une banque comme une autre  » . Dans les faits, la différence tient avant tout à la relation qui s’instaure avec les clients mutualistes. Nous les suivons, les accompagnons tout au long de leurs vies. C’est fondamentalement une question de relation, de confiance mais aussi de solidarité. Pour exemple, lorsqu’un jeune achète un appartement, il doit passer une visite médicale. C’est la règle pour des raisons d’assurance. Une fois effectuée cette visite, plus jamais, au cours de son itinéraire de mutualiste, nous ne lui demanderons la moindre démarche. Aujourd’hui, le Crédit Mutuel Massif Central compte 115.000 sociétaires, 250 collaborateurs et 185 élus. Ces derniers font partie prenante de la gouvernance, cela apporte de la valeur ajoutée. Ils connaissent leur territoire…

7JC : La proximité, c’est aussi une notion sur laquelle vous insistez…

F.R : Chez nous, on appelle cela la subsidiarité. 95% des décisions, en effet, sont prises par les caisses locales. Les 5 autres % représentent les « gros » dossiers, traités à Blatin. C’est ça, une banque de proximité. Pour le Crédit Mutuel Massif Central, il ne saurait être question de déserter les territoires ruraux, contrairement à beaucoup d’autres. Pour exemple, nous agrandissons actuellement notre agence de Saint-Flour, recrutant également une personne supplémentaire.

« Le défi environnemental : une priorité  »  

7JC : Vous avez longtemps travaillé dans l’industrie pharmaceutique. Avez-vous l’impression d’être passé de l’autre côté de la barrière ?

F.R : La finance est un monde particulier, avec son jargon. Mais c’est un univers passionnant. Et je suis particulièrement fier d’y appartenir, particulièrement durant cette période de crise. L’ensemble des banques a joué un rôle considérable pour amortir les effets du Covid-19 et du confinement. Et, bien-sûr, c’est loin d’être fini.

7JC : Vous avez également été candidat à l’élection municipale à Clermont, en 2014. Quelle expérience en avez-vous retirée ?

F.R : J’ai beaucoup appris. Sur les rouages d’une élection mais pas seulement. Nous n’y allions pas pour gagner. Notre but était de faire bouger les lignes. Finalement, n’étant ni à gauche, ni à droite, nous avons fait du Macron avant l’heure. On avait un coup d’avance… D’ailleurs, certaines de nos idées ont été reprises par Olivier Bianchi. En tous cas, ce fut une séquence passionnante qui me sert encore aujourd’hui.

7JC : La crise sanitaire actuelle se transforme en crise économique. Quelle va être le rôle d’une structure comme la vôtre dans ce contexte ?

F.R : La situation actuelle est vraiment inédite. Jamais, on n’avait vécu une crise pandémique qui affecte le monde entier. Face à ce phénomène unique, je crois qu’il existe trois types de comportements : il y a les « survivants ». Ils disent : « on va avoir des crises qui vont se succéder, ce sera le chaos, il nous faudra réussir à survivre  » . Je qualifierais la deuxième catégorie de « mutants ». Ceux-là sont persuadés que le monde va être bouleversé, qu’ils vont s’adapter et saisir des opportunités. La dernière catégorie, ce sont les « accélérateurs ». Ils pensent que la séquence actuelle va accélérer la transformation de la société, aussi bien pour le digital, que pour la relocalisation de l’industrie vers l’Europe ou la transition écologique. Au Crédit Mutuel Massif Central, nous appartenons à cette catégorie.

7JC : L’écologie fait donc partie de vos priorités…

F.R : Il faut sauver la planète. C’est essentiel. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale a choisi clairement de ne plus travailler avec les pollueurs et cette décision est évidemment relayée par les caisses locales. Le défi environnemental est devenu une priorité. Nous avions démarré bien avant la crise sanitaire et il est évident que nous allons aller plus loin. Nous voulons aussi donner l’exemple, démontrer notre capacité à devenir une référence en la matière.

7JC : Les entreprises représentent-elles une part importante de vos « mutualistes » ?

F.R : Nous sommes très présents sur le tissu associatif, auprès des familles. Désormais, il va nous falloir aller vers l’entreprise, nous investir comme la banque qui soutient l’économie locale. Dès la rentrée prochaine, nous allons ainsi restructurer notre pôle entreprises afin d’être opérationnels en 2021. D’autre part, dès ce mois de juin, la Banque Européenne du Crédit Mutuel arrive dans nos locaux de la rue Blatin, avec cinq personnes. Elle est dédiée aux gros dossiers. C’est un signe fort et une très bonne nouvelle pour l’éco-système du territoire. Les grandes entreprises auront un nouveau partenaire à disposition.

7JC : Six ans de mandat, est-ce la bonne durée ?

F.R : C’est le mandat du maire d’une grande ville. Les trois premières années que j’ai effectuées ont été marquées par la convergence vers l’Alliance Fédérale. Les six prochaines années, l’objectif sera de développer notre banque sur le territoire à partir des grands sujets déjà évoqués. Il sera aussi important d’anticiper toute nouvelle crise possible.

 » Optimiste pour l’avenir de Clermont »

7JC : Vous êtes Clermontois. Comment jugez-vous cette ville ?

F.R : Elle a un gros potentiel du, notamment, à la nature qui l’entoure. Les grands espaces sont là et nous en avons besoin. D’autre part, le bassin économique est très fort, on a de l’emploi. Je trouve aussi que Clermont a changé, la ville fourmille d’étudiants, elle est agréable. La maire de Clermont fait son job et il s’entend plutôt bien avec le président de la Région, au-delà des clivages politiques. Certes, il nous manque une liaison SNCF rapide avec Paris mais, personnellement, je suis très optimiste pour l’avenir de la ville et de la métropole.

7JC : Lorque vous quittez les locaux de la rue Blatin, vous aimez faire quoi ?

F.R : Je donne du temps à l’économie locale à travers mon mandat à la CCI en tant que président de la commission formation. Pour le reste, j’aime les grands espaces mais aussi la pétanque ou le karting…

F. Ranchon.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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