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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Être seul ou mal accompagné?

Ils s'insupportent ou, au mieux, se supportent à peine. Et pourtant, ils restent ensemble. Scène assez ordinaire d'une vie de couple ou de ce qu'il en reste.

Elle fait face à son assiette, lui observe son écran, celui de son portable… La scène dure quelques minutes, avant qu’ils n’échangent quelques mots, lapidaires, froids. Et puis chacun repart dans ses pensées, dans son monde… Regardez bien autour de vous au restaurant, il y a toujours un couple qui met ainsi en scène, peut-être malgré lui, son mal être, ou son indifférence, en tous cas sa coexistence tendue et  difficile, son incommunicabilité. Et souvent au travers de cette absence pesante de complicité perce un soupçon- ou bien davantage- d’hostilité. Les rares regards échangés sont plus explicites que les mots. Ils sont parfois comme des balles de revolvers.

Douloureux

Pour l’observateur, celui qui, naïvement, vient savourer un plat ou passer un moment de détente, la scène se révèle douloureuse. Comme s’il y avait davantage d’impudeur à exposer les problèmes affectifs que de laisser libre cours aux effusions initiales. « Que faîtes-vous encore ensemble ? » a-t-on envie de les apostropher et de les secourir. Ou encore de leur proposer : « ne seriez-vous pas mieux seuls que mal accompagnés ? »

Mais les secrets d’une vie à deux sont insondables pour un étranger. Et chacun a suffisamment à faire avec sa propre histoire…

Le menu du jour

Si l’on peut en effet trouver une forme de jouissance dans la solitude, il est difficile de s’épanouir dans les méandres d’une intimité déliquescente et étouffante, dans le dédale d’une relation sinistrée, vidée de sa substance. Épuisée mais maintenue en vie comme une victime dans un coma artificiel . Quels sont donc les liens qui les unissent au-delà d’un passé que l’on imagine plus souriant ? Famille, enfants, intérêts financiers, immobiliers, norme sociale, simple habitude que l’on finit par accepter ? Il y a tant de façons de rompre et aussi tant de raisons pour ne pas le faire. Alors, finalement, au restaurant, la meilleure façon de ne pas être gêné, c’est peut-être de regarder ailleurs… « Garçon, s’il vous plaît, quel est le menu du jour ? »

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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