Jean Dubuffet figure majeure de l’art du XXe siècle, a eu un lien très fort avec l’Auvergne sans que cela ne soit réellement mis en avant dans les biographies qui lui sont consacrées. Pauline Goutain, directrice adjointe du Musée d’Art Roger Quilliot, connaissait ce passé qui relie la vie de l’artiste à la région et a œuvré pour identifier et rassembler des pièces, appartenant à des musées ou des collectionneurs privés, permettant de porter un nouveau regard sur la vie de l’inventeur de l’Art Brut. Près de 40 ans après sa mort, ce travail de recherche a conduit au montage de l’exposition événement Sur les pas de Jean Dubuffet en Auvergne, présentée cet été au Musée d’Art Roger Quilliot à Clermont. Cette exposition a obtenu le label exposition d’intérêt national du Ministère de la Culture, une reconnaissance pour Pauline Goutain qui en est également commissaire.
Pourrat, Vialatte, Kaeppelin
Jean Dubuffet tisse des liens avec l’Auvergne dès l’été 1945 par l’intermédiaire d’Henri Pourrat, en particulier lors d’un séjour au château de Saint-Genés-la-Tourette où se retrouvaient des écrivains célèbres à l’invitation de la revue l’Auvergne littéraire via son fondateur Pierre Balme. Par la suite, Dubuffet devint ami avec Alexandre Vialatte et avec le Sculpteur Philippe Kaeppelin. En 1954/55, il séjourna à Durtol avec sa femme Lili, souvent oubliée des récits, alors qu’elle jouait un rôle important à ses côtés. Ce séjour inspira des œuvres à Dubuffet : Des petites statues de la vie précaire, des herbes, des paysages et surtout une série des vaches sur laquelle Vialatte avait écrit dans le numéro d’octobre-novembre 1954 de Art : « On me dit qu’il est scandaleux. Pourquoi ? Parce qu’il peint des vaches vertes ».
Une exposition, quatre sections
La première section de l’exposition est consacrée aux années 40 et ses relations à Saint-Genés-la-Tourette, la seconde, aux œuvres inspirées par son séjour à Durtol et à l’influence de sa femme, Emilie Cornu-Dubuffet, dite Lili. La troisième partie repose sur les Hautes Pâtes époque Saint-Paul de Vence et Hourloupe et sur les écrits qu’Alexandre Vialatte rédigea sur son œuvre dans ses chroniques publiées par le quotidien La Montagne. Enfin la quatrième et dernière section est consacrée au « Barbus Müller » collectionnés par Josef Müller, œuvres clé, intégrées par Dubuffet dans la collection d’Art brut. Ces géants ont toute leur place dans cette exposition puisque les recherches de Bruno Montpied et de la ville de Chambon-sur-Lac en collaboration avec l’Université de Rennes ont permis d’attribuer leur création à Antoine Rabany cultivateur auvergnat né en 1844.
Sur les pas de Dubuffet en Auvergne, exposition au Musée d’Art Roger Quilliot à Clermont, jusqu’au 30 octobre 2022,
Programmation enfance et jeune public, ateliers… autour de l’exposition : voir programme complet sur le site du MARQ
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