Notre époque se lasse et consomme et ingurgite et rejette. Aujourd’hui, un quinquennat présidentiel semble une éternité, un pensum à l’heure du zapping, de la buzzmania, des clics et des clacs où tout s’interrompt avant même d’avoir commencé, où les couples se défont comme de simples alliances de circonstance, où l’image se substitue à l’explication et où l’on survole les choses sans vraiment les considérer. Où tout doit filer à vitesse supersonique sauf peut-être les voitures étrangement scotchées à 80 km/h quand elles pourraient nous mener à des allures-éclair. Elles roulent désormais à contre-courant, le plus lentement possible, surveillées par une batterie de radars, prêts à les mettre à l’amende…
Le temps du désamour
Le temps apparaît d’autant plus long que le désamour fait son œuvre, que la magie n’opère plus et que la déception est au rendez-vous. Celui qui avait séduit une partie des Français, à force de vitalité et d’audace, n’a désormais plus l’heur de leur plaire. Même sa jeunesse, hier argument majeur, peut se révéler contre-productive. « Ce blanbec qui se permet de remettre les Français à leur place, de les critiquer et de leur donner des leçons » entendais-je ainsi récemment de la part d’un électeur qui en a vu d’autres. Et le locataire de L’Elysée ne fait plus l’unanimité même au sein de sa garde rapprochée, où les départs se sont succédé, suscitant un certain émoi dans le Landerneau politique toujours prêt à se pâmer pour peccadille. Ainsi Hulot, à droite du tout puissant sur la photo inaugurale du gouvernement, a-t-il fini de manger son chapeau. Et Collomb, le très œcuménique Collomb, s’en est allé retrouver sa bonne ville de Lyon, où l’attend son confortable trône municipal.
L’époque versatile
C’est ainsi que l’époque est versatile et, parfois, futile. Macron, l’homme moderne, grand prêtre de la mondialisation, parangon de l’ère virtuelle et hyper-connectée, en fait aujourd’hui les frais au regard d’une opinion publique forcément critique et impatiente. En lui confiant les clefs du camion, elle ne lui a pas offert un blanc seing. Du souffle nouveau au souffle court, il n’y a jamais qu’un an et demi…
Commenter