Comme un rituel ou une tradition, depuis 2018, à la fin du mois de juillet, les membres d’un groupe informel de passionnés de l’ancien tracé du circuit de Charade, le fameux 8.055 km, se retrouvent dans la courbe de Manson pour commémorer l’anniversaire de la première course disputée sur le mythique circuit auvergnat en 1958.
Ce rendez-vous motivé par la nostalgie et la passion, est devenu au fil du temps un moment d’échange et de réflexion sur la préservation et la valorisation des quelques vestiges restant de cette partie abandonnée pour les compétitions, avec la mise en service, du petit tracé en 1988.
Au pied du mur
Comme beaucoup de circuits créés après guerre, Charade était un circuit ouvert, aussi utilisé comme route départementale. Quelques rares équipements avaient été construits de manière durable comme le mur de protection de la grande courbe de Manson. Grâce à la mobilisation des passionnés et à l’association Agissons pour Charade, mais il faut aussi le signaler, la bienveillance du personnel politique départemental, ce mur est aujourd’hui restauré et a repris les couleurs de BP, partenaire de l’époque. Il est devenu, en un an à peine, un spot « instagrammable » pour les collectionneurs de voitures anciennes.
Le projet Bornes de secours
La restauration du mur a bien vite suscité l’envie de poursuivre les actions de valorisation du patrimoine de l’ancien circuit. Toujours sous la houlette de l’association Agissons pour Charade, le projet « Postes de secours » est né. Pour assurer la sécurité des pilotes, des bornes en béton, équipées de postes téléphoniques, jalonnaient le parcours et permettaient aux commissaires d’entrer en contact avec un PC situé dans la tour de contrôle. Ces bornes ont disparu mais un exemplaire était précieusement conservé. Avec l’aval du Conseil départemental 63, le vice-président de l’association Jean-Paul Taillandier a eu l’idée d’en faire refabriquer une série par les élèves de la section Constructeur de Routes et Aménagements Urbain du Lycée Pierre Caraminot d’Egletons en Corrèze. Ces derniers viennent de livrer le premier exemplaire installé provisoirement sur le secteur de Gravenoire pour l’appréhender en situation, avant sa mise en peinture. Le programme prévoit la fabrication d’une dizaine de postes qui seront installés de manière à créer un cheminement de randonnée historique le long de l’ancien circuit.
Attraction touristique du circuit
Le conseiller régional Jean-Pierre Brenas, grand passionné du circuit et pilier du groupe, vient également d’annoncer que la Région AuRA allait financer la mise en œuvre d’un programme de circuits touristiques pour auto et moto classiques sur les routes d’Auvergne avec évidemment un passage sur le site historique du circuit. Les éléments patrimoniaux restaurés s’inscriraient de fait dans les étapes. « Il faut valoriser le passé de Charade pour attirer les touristes et les nombreux amateurs de véhicules anciens, y compris les plus jeunes qui n’ont pas vécu l’âge d’or des années 60/70 » répète souvent l’élu prenant l’exemple de la réussite incontestable de la Classic Racing School, installée a demeure sur le circuit permanent et qui, chaque année, reçoit des dizaines de pilotes et apprentis pilotes venus du monde entier pour goûter aux sensations et aux joies d’un tracé à l’ancienne, au volant de monoplaces identiques à celle qui tournaient à la fin des années 60.
L’équilibre des forces
Si l’avenir du circuit de Charade se montrait bien incertain, il y a une dizaine d’années, manifestement un juste équilibre a été trouvé entre les Conseils départementaux et régionaux, GCK exploitant du circuit tourné vers les mobilités décarbonées et les passionnés toujours prêts à valoriser le passé. Le public de son côté répond présent, il suffit de regarder la fréquentation sur des manifestations comme Charade Moto Rétro, Charade Super Show ou Charade Classic pour lever les doutes qui pourraient encore subsister. Comme quoi, on peut regarder à la fois dans le rétro et devant soi.
Comme au foot, Jean Paul il daytona souvent.