Inexorablement, le Tour de France se rapproche de l’Auvergne qui cette année sera une véritable terre d’accueil pour la grande caravane, du 9 au 12 juillet. Assurément, cette édition 2023 sera marquée par le retour des coureur sur les pentes du puy de Dôme avec une arrivée au sommet, par l’étroite route de 4 kilomètres et 12% de moyenne. L’étape qui démarrera de Saint-Léonard de Noblat sera l’occasion de saluer la mémoire du regretté Poulidor qui lors de l’édition 1964 a transformé ce volcan, en montagne sacrée avec son compatriote Anquetil. Nombreux seront les engagés de cette année à découvrir la route du puy et constateront, comme l’avait fait Alexandre Vialatte en son temps, qu’il est beaucoup plus haut qu’on ne l’imagine, quand on le gravit à vélo.
7Jours à Clermont : L’Auvergne et le Puy-de-Dôme sont des terres d’accueil pour le Tour cette année, vous avez (re)trouvé un beau terrain de jeu ?
Christian Prudhomme : Oui, on va être beaucoup en Auvergne et je m’en réjouis. Il y a notamment le retour sur le puy de Dôme pour la première fois depuis 35 ans puisque la dernière arrivée, c’était en 1988. Ensuite il y a une étape qui est sans doute l’une des plus belles du Tour, de Vulcania à Issoire. Les équipes de reconnaissances sont rentrées en disant « c’est magnifique ». Le décor joue un rôle important dans le Tour de France. C’est d’abord la compétition mais il y a aussi le cadre, le décor. Celui de la France est somptueux et dans cette étape là, en particulier. Ensuite, on repartira de Clermont pour aller plus au nord, à Moulins, qui est la dernière préfecture à n’avoir, jusque là, jamais accueilli d’étape.
7JàC : L’ascension du puy de Dôme, c’est le retour d’un symbole pour l’épreuve ?
C.P : Le puy de Dôme fait partie de la légende du Tour de France, du mythe, avec le fameux 12 juillet 64. Jacques Anquetil et Raymond Poulidor, épaule contre épaule, mais aussi d’autres faits glorieux du Tour avec Luis Ocaña, Bernard Thévenet, Joop Zoetemelk, Lucien Van Impe. Ensuite c’est un sommet que l’on voit de loin, c’est une montagne marquante un peu comme le Ventoux. On le voit à 50 kilomètres au Sud, à 30 kilomètres au Nord, et il impressionne déjà. Ensuite les 4 derniers kilomètres sont grosso-modo à 12% constants, ce qui est rarissime, mais surtout, c’est un escargot et cela n’existe nulle par ailleurs, on tourne tout le temps du même côté en lutant contre le vent. C’est une route à nul autre pareil et je suis très heureux que l’on puisse à nouveau y retourner, bien entendu dans le respect du site patrimoine de l’UNESCO. C’est pour cela que sur les derniers kilomètres, mais aussi parce que la route est étroite, qu’il n’y aura pas de public. En revanche pour monter de Clermont, il y a trois voies pendant presque 7 kilomètres pour que les gens puissent applaudir les champions.
7JàC : Après les hommes, les femmes et encore à Clermont. Vous êtes satisfait de l’accueil réservé à cette nouvelle course ?
C.P : Deux tours sinon rien… j’adore l’affiche. Quand on a présenté le retour du Tour de France femmes, j’ai dit « vive le Tour, vive les Tours » et je me suis trompé. Pourquoi ? Parce que c’est LE Tour de France. C’est complètement le Tour et c’est la plus belle satisfaction. Cela a fait un carton d’audience, il y a du monde partout. Deux Tours sinon rien, c’est magnifique mais le féminin reste le Tour avec tout ce que cela veut dire. D’entrée cela a été la course féminine la plus importante au Monde… dès la reprise. Le public est le même. Il n’y a pas plus de femmes qui regardent le Tour femmes que la version masculine, en revanche sur le bord des routes, il y a avait certainement l’an passé, plus de jeunes femmes. Que ces filles et ces gamines qui sont au bord de la route puissent se dire « demain, c’est moi qui suit dans le peloton », c’est quelque chose de formidable puisque les années qui précédaient, elles ne pouvaient pas se le dire.
7JàC : Le Tour est-il enfin un catalyseur pour la pratique de la bicyclette ?
C.P : Le Tour de France est un événement qui fédère. Au bord des routes, il n’y a que des gens qui ont le sourire et on veut les faire passer de la bicyclette au vélo de compétition, c’est à dire parler à tout le monde. À l’étranger c’est une sorte d’évidence, souvent les élus qui veulent le Tour de France, le veulent d’abord pour qu’il soit la locomotive de la pratique de la bicyclette. Alors qu’en France c’est avant tout la plus grande course cycliste du Monde et la mise en valeur, bien réelle, des régions et des territoires. L’aspect locomotive pour la pratique arrive après. Avec le label Ville à Vélo du Tour de France, nous cherchons justement à mettre en valeur la volonté des villes à pousser la pratique du vélo. C’est la pente que nous jugeons, la politique qui est engagée, pour que demain et après demain ça aille encore mieux.
Commenter