Construit en 1958, le circuit Circuit Automobile de Montagne d’Auvergne, appelé par la suite Circuit de Charade, c’est imposé comme un lieu mythique des sports mécaniques des décennies 60 et 70. Les pilotes qui y ont disputé des courses connaissent par cœur, aujourd’hui encore, le tracé original de 8,055 KM et 51 courbes, les spectateurs eux se souviennent avec nostalgie et frissons, de l’ambiance qui régnait alors et du bruit des fantastiques machines qu’ils ont vues tourner. Mais être pilote auto ou moto était à l’époque d’une dangerosité absolue. Bon nombre d’entre-deux ont accédé au statut de héro en laissant la vie lors de compétitions âprement disputées. Les rescapés de cette époque sont, quant à eux, toujours prêts à se déplacer sur les lieux de leurs exploits passés et à enfourcher une moto ou piloter une voiture d’époque démontrant ainsi que la passion était le premier moteur de leurs carrières. Certains d’entre eux feront le déplacement.
Pilotes et véhicules qui ont fait l’histoire
Charade Heroes sera donc l’occasion de retrouver quelques pilotes de légende qui devront se contenter du tracé de 1988 répondant aux normes en vigueur : Jackie Stewart, triple champion du monde, Henri Pescarolo, recordman des participations aux 24 Heures du Mans, Jacques Lafitte, David Piper (pour ne citer qu’eux), pour les voitures, Giacomo Agostini et Phil Read respectivement 15 et 8 fois champions du monde pour les motos. Côté matériel, plus de 200 véhicules seront rassemblés et tourneront sur la piste. On notera la présence de la collection Ligier forte de 13 voitures, de deux Lotus, l’une victorieuse de la première course de 1958 (voir note article consacré à la première course), l’autre victorieuse du GP de France 72, des Matra V12 dont celle qui détient le record du tour du grand circuit, la Lola T70 de Steve McQueen dans le film Le Mans et bien d’autres que les amateurs se feront un plaisir de revoir ou découvrir. Les motos seront hélas condamnées pour des questions d’homologation du circuit actuel à rouler en parade, mais on peut imaginer que Ago et Read seront devant et que leur machines (MV Agusta et Yamaha) distilleront leurs sympathiques décibels. Évidemment comparé aux grand-messes de l’historique que sont le Goodwood Revival ou Le Mans Classic, Charade Heroes peut paraître un peu modeste mais il ne faudra surtout pas bouder son plaisir de pouvoir retrouver la belle ambiance du circuit et de rendre hommage aux héros présents ou disparus comme Patrick Depailler ou Jean-Luc Salomon. Impossible de parler des hommes sans évoquer également l’organisateur Claude Michy, qui a su rassembler toutes les forces vives et trouver les 500 000 € de budget pour aboutir à ce week-end. Il concrétise ainsi l’idée d’un revival à Charade lancé en 2013 par l’association Agissons pour Charade et qui n’avait pas pu aller jusqu’au bout de son projet faute de soutiens solides.
Un circuit qui pense à son avenir
On peut à la fois jouer sur la nostalgie et se tourner vers l’avenir. Comme se plaît à le répéter Pierre Dupasquier, ancien directeur de la compétition chez Michelin et ambassadeur de Charade Hereos, ce fabuleux circuit, le plus beau circuit du monde selon Stirling Moss, doit vivre à travers les nouvelles technologies. Sa vision de l’avenir mécanique penche très clairement vers l’hydrogène et il verrait bien Charade devenir un centre de recherche et développement pour cette technologie plus écologique que l’électrique gourmande en métaux lourds. L’avenir passe aussi par la jeunesse à l’image des jeunes dirigeants de la Classic Racing School installée en permanence sur le circuit et qui propose, lorsque la piste est ouverte, de l’initiation à la monoplace sur des voitures semblant sortir tout droit des sixties. Ainsi 60 ans après son inauguration Charade montre que son avenir est loin d’être bouché contrairement à ce que l’on pouvait craindre ses dernières années en l’absence de vision politique affirmée et d’ententes indispensables à la pérennisation de l’équipement.
Charade Heroes : toutes les infos en cliquant ici
Commenter