Pour une fois, posons notre regard au fond d’une des nombreuses tranchées qui divisent la métropole au sens propre comme au sens figuré, précisément celle du chantier du boulevard Saint-Jean à Clermont, au niveau de la galerie marchande. GRDF, principal gestionnaire de réseau de distribution de gaz en France, vient d’y installer la première canalisation en polyéthylène certifié biosourcé au monde*. Elle prend place dans le réseau gaz de Clermont Auvergne Métropole qui  raccordera à terme, le futur méthaniseur construit dans la station d’épuration des Trois Rivières, le site de valorisation des déchets ménagers du Valtom et le réseaux existant qui nécessite une reconfiguration dans le cadre du projet InspiRe.

Canalisation gaz biosourcée : une véritable innovation

Aujourd’hui, les réseaux de gaz sont majoritairement constitués de tuyaux en polyéthylène d’origine fossile dont le prix est sujets à augmentation au grè du marché de l’or noir. Comme de nombreuses entreprises, GRDF doit se pencher sur  le thème de la décarbonation dans son activité quotidienne et cherche à améliorer son emprunte, tant dans les matériaux utilisés pour ses réseaux que pour l’administration de ses chantiers. La canalisation innovante posée boulevard Saint-Jean a été développée dans le cadre d’un projet nommé BIOtoPE (PE étant le symbole du polyéthylène). Produite en Isère, la matière première de ce nouveau polyéthylène est issue de résidus végétaux de la transformation de bois certifiées FSC ou PEFC, provenant notamment d’industries papetières finlandaises, transformés en bio-naphta puis en bio-éthylène. Différentes étapes de transformation sont donc nécessaires à la production de la canalisation gaz biosourcée, 100% recyclable, qui permet de diminuer significativement les émissions de gaz à effet de serre, entre 2 et 3 tonnes équivalent CO2 par tonne de PE certifié biosourcé. Selon des données de l’ADEME, le polyéthylène biosourcé apparaît plus performant que le bois, puisque le carbone y est plus concentré. Une tonne de PE biosourcé pourrait stocker trois fois plus de carbone qu’une tonne de bois. Cette innovation portée par GRDF est transposable à l’ensemble des réseaux gaz et eau. Les canalisations qui possèdent les mêmes caractéristiques techniques que les canalisations en polyéthylène existantes, permettent un gain sur l’impact environnemental tout en répondant aux plus hauts standards de sécurité. À noter que cette voie biosourcée est d’autant plus intéressante que le PE recyclé, n’est pas autorisé par les normes européennes et françaises pour le transport du gaz ou de l’eau.

Quand le gaz rivalise avec l’électricité

Dans le cadre du projet InspiRe, les futurs bus à haut niveau de service qui seront mis en circulation en site propre sur les lignes B et C seront électriques, le SMTC-AC ayant déjà opté pour cette technologie qui permet de réduire les émissions de CO2, tout du moins durant la phase exploitation. Pour autant, T2C poursuivra l’exploitation de bus à moteur thermique sur le reste de son réseau où circulent déjà des véhicules adaptés au GNV Gaz Naturel de Ville. Si ces derniers sont alimentés par du bioGNV produit localement par méthanisation des ordures ménagères et biodéchets (collecte sélective obligatoire à partir de  2024) et transporté dans des tuyaux en PE biosourcé, le bilan carbone n’en sera que meilleur. Rappelons que Clermont Auvergne Métropole s’est engagé sur la voie du 0 carbone à l’horizon 2050.

*Pose en présence de représentants de la métropole et Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF.