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Site Vernéa / Photo VALTOM
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Innovation

Biogaz : une première européenne à Clermont avec le VALTOM

A partir du printemps 2024, du bio gaz produit sur le site Vernéa à Clermont sera injecté dans les tuyaux de GRDF : il s'agira d'une première en Europe.

Il a fallu beaucoup de ténacité et de patience pour que le VALTOM, Waga Energy et GRDF puissent signer une convention de partenariat qui lance officiellement le premier projet européen d’injection, dans le réseau géré par GRDF, de biométhane produit à partir de biogaz hybride. Face à l’incapacité des services de l’État à donner leur aval et bout de 4 ans de « tracasseries administratives », c’est finalement le préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin, qui a trouvé la solution en signant un arrêté autorisant, par dérogation, la production de ce biométhane, issu d’une véritable prouesse technique. Concrètement, il s’agit de « mixer » deux types de gaz pour en produire un seul, compatible avec le réseau : le premier est celui émanant du site d’enfouissement de Puy Long, qui n’est plus alimenté depuis 2013 conformément à la réglementation, mais qui continuera à émettre durant une dizaine d’années ;  le second est celui produit par l’usine de méthanisation Vernéa à partir des déchets verts et des bio déchets collectés. Le mix se fait grâce à la technologie Wagabox® développée par Waga Energy, entreprise basée à Grenoble, spécialisée dans les énergies renouvelables, en particulier l’épuration du biogaz, Au printemps 2024, un part du gaz qui circulera dans le ventre de la métropole clermontoise proviendra du site du VALTOM, qui doit produire à terme 15 GWh, soit la consommation annuelle de 2 000 foyers récents chauffés au gaz ou 60 bus roulant au bioGNV pour une économie de 2 500 tonnes de d’eqCO2.

Transformer les déchets en ressources

Président du VALTOM, collectivité publique en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire, Laurent Battut explique qu’un établissement public comme le VALTOM transforme désormais les déchets en ressources et doit pouvoir se positionner comme un véritable producteur d’énergie verte en circuit court, garantissant ainsi une stabilité tarifaire sur le long terme. En France, le prix du MWh sur le marché était de 60,4 € en janvier 2023, contre 111,6 € en décembre 2022. Ces chiffres « yoyo » sont à comparer aux première estimations du gaz VALTOM dont le coût fixe et durable devrait se situer à 90 € du MWh.
Le principe de production locale, prend donc tout son sens, surtout dans le contexte actuel qui, au motif de la guerre en Ukraine, connait des envolées des prix de l’énergie mais aussi des supers profits chez les géants du secteur. Mais si la collectivité publique tire quelques recettes de la valorisation des déchets qu’elle traite, il ne faut pas imaginer qu’elle fait des bénéfices. Les recettes permettent, tout au plus, de réduire les charges supportées par l’argent public perçu via la fiscalité. La part des recettes du biogaz dans le budget global du VALTOM ne sera pas très importante, mais il ne faut pas oublier que son objectif premier est de traiter les déchets tout en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre. Le projet biogaz représente un investissement de 3,5 Millions d’euros pris en charge conjointement par le VALTOM et Waga Energy.

Une production qui s’adapte

Le système développé par Waga Energy permet une adaptation du mode de production. Dans un an, la part de gaz du site d’enfouissement de Puy Long sera encore assez importante mais elle baissera d’année en année, de manière naturelle, pour atteindre zéro aux alentour de 2035. Cette baisse sera compensée par la hausse de la part de la méthanisation via les bio déchets dont la collecte sélective deviendra obligatoire pour les communes dès 2024. La technologie Wagabox® sera à même de garantir une stabilité de la production malgré la variation du mix. Vincent Tisseire, directeur commercial de Waga Energy est le premier à reconnaître que le principe de la mono énergie n’est pas bon et que le gaz issu de la méthanisation doit être un des éléments d’une chaîne alimentée par le nucléaire, le photovoltaïque, l’éolien ou l’hydraulique, l’enjeu étant de produire le plus possible en réduisant le carbone en vue de la neutralité en 2050.

Les chaudières à gaz ont encore de beaux jours devant elles

Pour Guilhem Armanet, directeur clients-territoire Sud-Est de GRDF, le gaz vert est très en avance dans la région AuRA et en particulier en Auvergne où la production sera exponentielle avec l’ouverture de plusieurs centres de méthanisation sur le territoire du VALTOM. Malgré le développement des pompes à chaleur et le retour du chauffage au bois, les chaudières à gaz ont encore de beaux jours devant elles. Selon les prévisions, l’utilisation du gaz devrait baisser de 30% à l’horizon 2050 mais la part du gaz renouvelable atteindra déjà 20% en 2030, améliorant, de ce fait, le bilan carbone de cette énergie aujourd’hui pointée du doigt. À propos de la mono énergie, les héritiers des tuyaux de Gaz de France, sont sur la même longueur d’onde que les développeurs de chez Waga. Guilhem Armanet, se plait à dire qu’il deviendrait absurde de recharger sa voiture électrique en hiver avec de l’électricité qui serait produite en Pologne avec des centrales à charbon. Pour lui, l’enjeux environnemental est bien de réduire la consommation globale, tout en verdissant différentes énergies qui restent complémentaires.

V. Tisseire – L. Battut – G. Armanet

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Quel gâchis de biomasse qui pourrait amender les sols !
    Quant aux GES, il faudra expliquer où part le CO2 du CH4 brûlé. Et où seront les fuites de CH4, impossibles à éviter …
    Le CSNM
    cnvmch.fr

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