Le BDSA, comme Bib Driver Spirit Association, est un club réunissant des employés et des retraités de la Manufacture Michelin, possédant un véhicule à quatre roues et désireux de l’utiliser sur des circuits fermés ou sur de belles routes touristiques. Dans ce club, un seul mot d’ordre : se faire plaisir au volant mais en respectant les règles indispensables à la sécurité.
BDSA qui vient tout juste de fêter ses 10 ans d’existence, a été créé par Gérard Brunel, grand passionné d’automobile, ancien directeur d’usine Michelin, aujourd’hui Directeur Général de la Fondation de l’école d’ingénieur clermontoise Sigma.
Olivier Perrot : Comment vous est venue l’idée de créer le BDSA ?
Gérard Brunel : Lorsque j’ai pris mes fonctions à Clermont, je roulais déjà régulièrement sur des circuits et je me suis mis en tête de le faire sur le circuit d’essais de Ladoux. J’ai rapidement compris que, malgré mes fonctions, on ne pouvait pas m’octroyer la possibilité de tourner seul sur cette piste. En revanche j’ai appris qu’il était possible de tourner à Ladoux quand on était sous statut club ou association, alors j’ai tout de suite « pris le manche » et créé le club. J’ai immédiatement trouvé des volontaires pour m’accompagner parce que chez Michelin, il y a un nombre incalculable de personnes qui aiment l’automobile et qui ont désormais la possibilité de tourner sur des pistes et notamment celles de Ladoux.
O.P : J’imagine que vous n’avez pas été surpris de constater que chez Michelin, il y a des passionnés d’automobile…
G. B : Non bien entendu et c’est justement sur cet aspect là que j’ai appuyé, pour avoir le maximum d’adhérents et faire en sorte que cette association soit viable dès l’année de sa création.
O.P. Dans l’acronyme BDSA, il y a le S qui désigne l’esprit…est-ce la chose la plus importante dans le club ?
G.B : Absolument. L’esprit, c’est ce que nous avons souhaité créer, il y a maintenant 10 ans avec le bureau. On s’était dit qu’il y avait déjà des clubs automobiles qui se réunissaient sur circuits mais ce que nous voulions c’était surtout de marquer le coup avec des membres qui sont des Michelin, avec les valeurs de l’entreprise et surtout le mot Spirit, qui pour moi était très cher. Nous cherchions la convivialité, l’échange, l’entraide. Dans le club, des membres ont des petites voitures, d’autre des moyennes cylindrées, parfois des grosses, mais tout le monde échange sur la passion de l’automobile. Cet état d’esprit nous a permis d’atteindre aujourd’hui un nombre d’adhérents de l’ordre de 150, ce qui est un très bon résultat après ces 10 ans de fonctionnement.
O.P : Si je comprends bien, ce n’est pas parce que vous vous réunissez sur des pistes que les membres doivent avoir obligatoirement une voiture de circuit pour adhérer.
G.B : Pas du tout, effectivement. Nous avons la possibilité d’utiliser nos voitures personnelles du quotidien, même si certains membres participent avec des voitures préparées ou modifiées pour la piste. En fait chacun apporte sa joie et son envie de voir comment il peut maîtriser son véhicule dans des conditions de sécurité optimales, quelque fois à des vitesses supérieures à ce que l’on est capable de faire sur une route normale. À la fin d’une journée, on a appris des choses et on peut rester maître de son véhicule tout au long de la semaine.
O.P : Des moniteurs vous accompagnent lors des sorties. C’est pour que les membres puisent prendre plaisir en apprenant ?
G.B : Oui absolument. Quand nous avons démarré le club, il y avait 24 adhérents et moins de la moitié était capables de rouler sur piste. Pour ma part je tournais sur circuit depuis 25 ans et nous avions deux pilotes professionnels de l’entreprise Michelin. Nous avons donc apporté un peu notre savoir et de notre savoir-faire dans les réflexes à avoir ou à ne pas avoir dans le cas de conduite un peu difficile, de perte de maîtrise sur route mouillée ou dans le calcul de trajectoire. Quand je vois aujourd’hui la maîtrise de nos membres, c’est une satisfaction extraordinaire. Certains ont vraiment grandi et pourraient s’engager sur des courses professionnelles.
O.P. Le BDSA organise aussi des sorties hors circuit ?
G. B : Oui nous avons suffisamment de sorties tout au long de l’année, pour tourner à la fois sur les pistes Michelin, sur d’autres circuits et nous programmons des sorties touristiques avec respect le code de la route. Cela permet de se réunir autour de la passion automobile tout en découvrant l’Auvergne avec des points d’arrêt particuliers toujours dans l’esprit de convivialité et de partage.
O.P : Pourquoi avez-vous ouvert l’adhésion à des non-Michelin ?
G. B : Nous avons fait un peu de promo de notre activité et nous avons vu que des personnes étaient intéressées sans pouvoir adhérer car elles n’étaient pas des Michelin. Nous avons donc réuni le bureau pour modifier les statuts de l’association et donner la possibilité de coopter des non-Michelin mais avec une certaine rigueur. Ils sont invités une fois pour qu’ils nous fassent voir qui ils sont, comment ils réagissent lorsqu’ils sont sur un circuit. Ensuite, ils rédigent une lettre de motivation que nous examinons en commission pour décider si nous acceptons l’inscription au sein du club.
O.P : La cotisation est plus que raisonnable mais vous arrivez néanmoins à programmer de beaux rendez-vous.
G.B : Nous avons la chance d’avoir des partenaires. Par exemple, un dirigeant d’Axa-Michelin nous sponsorise la totalité du coût d’assurance du club. C’est quelque-chose d’important pour limiter le montant des cotisations. Cela nous permet de louer certains circuits.
O.P : La saison 2023 touche à sa fin, avez-vous déjà travaillé sur la suivante ?
G.B : Bien-sûr. j’ai déjà cogité sur le planning qui est dans les mains des responsables de Ladoux. Nous avons aussi envisagé de faire d’autres sorties. Nous prévoyons avec la société Nomad, autre partenaire spécialisé dans les trackdays, d’aller soit au Castelet, soit à Magny Cours soit à Spa Francorchamps.
O.P. Le circuit de Ladoux, inaccessible au grand public reste-t-il un lieu particulier qui permet d’apprendre plus de choses ?
G.B : Oui et il y a surtout deux circuits ce qui n’existent pas ailleurs. Nous avons un circuit dit sec qui est plutôt un circuit de comportement où l’on peut faire quelques pointes jusqu’à 200 km/h et nous avons celui que l’on appelle « le canard » qui est un circuit où un revêtement d’eau permet de tester le comportement et l’aptitude de la voiture à faire du drift, des dérives contrôlées. C’est pour apprendre au pilote à rattraper la voiture, lorsqu’il glisse sur une plaque de verglas ou sur un freinage intempestif sur route mouillé avec perte de contrôle. Cela offre un gage de sécurité quand on circule sur une route classique. C’est une chance d’avoir ces deux pistes à Clermont qui nous sont louées par Michelin et qui nous permettent d’améliorer la maîtrise de la conduite.
O.P. Pour conclure, le circuit est le dernier lieu de plaisir quand on aime la voiture ?
G. B : Ah oui ! Avec les contraintes que nous avons aujourd’hui, qu’elles soient environnementales ou de sécurité avec la vitesse et le nombre de voitures en circulation pouvoir tourner en toute sécurité sur un circuit c’est un graal.
10 ans de vie d’un club qui pratique essentiellement le circuit, c’est un performance dans la durée qui a été possible grâce à une rigueur dans la sécurité et aussi grâce à une sélection des membres qui doivent partager les valeurs du club et avoir les comportements attendus, faute de quoi ils peuvent être exclus. C’est aussi la convivialité, l’amitié et l’entraide qui motivent les membres pour continuer à adhérer à BDSA. Ce qui est assez exceptionnel pour un tel club, c’est la variété des véhicules afin que chacun vienne avec sa monture pour améliorer sa conduite, s’amuser sans s’inquiéter du regard des autres qui peuvent rouler avec des sportives très puissantes. C’est un club qui démocratise l’accès à des circuits.