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Bars à chats : ils ne boivent pas mais ils trinquent…

Le phénomène est apparu au Japon et à Taïwan au début des années 2000. Depuis, il a fait des petits un peu partout dans le monde occidental. Les bars à chats, appelés aussi cafés à chats ou Neko cafés ont vite fait des émules… Voilà deux ans qu’un établissement de ce genre a pris pignon sur rue à Clermont-Ferrand.

Il n’est bien entendu pas question de commenter ce qui concerne l’accueil, le décor, les prestations, les produits, les prix, le respect ou non de la réglementation hôtelière. Ce n’est pas l’objet de la chronique Zoones dont l’unique propos est centré sur la condition animale et ce qui s’y rapporte. Un bar à chats, ce n’est pas seulement un bar où il y a un, voire plusieurs chats.

C’est quoi un bar à chats

Le matou de la patronne siestant sur un coin du zinc tout en observant discrètement les allées et venues de la clientèle, cela ne suffit pas à faire un bar à chats. Un BàC doit répondre à certains critères et observer une réglementation précise. Le but, c’est que les clients y trouvent leur compte. Ils viennent en principe pour se détendre au contact d’animaux assez placides. Que n’a-t-on lu ou entendu sur la « ronronthérapie » ! Les chats qui « travaillent » dans les bars à chats (sans qu’on leur ait le moins du monde demandé leur avis) sont triés sur le volet. Pas question d’y installer un greffier mal embouché qui enverra valser d’un seul coup de patte griffue bien placé l’impudent qui osera le tirer de sa méditation. Les bars à chats sont finalement l’équivalent des bars à hôtesses, toutes proportions gardées, bien sûr ! Les minous sont là pour faire joli et papatte-en-rond, éventuellement pour jouer avec les plumeaux que leur tendent les consommateurs… Les matous aguerris en ont vite marre de faire les clowns, et préfèrent aller s’isoler pour qu’on leur fiche la paix. En principe, une pièce où ils peuvent se rendre quand ils veulent leur est dévolue.

Des dérives ?              

Compte tenu d’une possible grève sur le tas des chats adultes, il est indispensable d’introduire du sang neuf. Et c’est bien là que le bât blesse. De bar à chats, l’établissement devient bar à chatons. Les chatons, c’est craquant, et puis c’est increvable, ça ne pense qu’à jouer, et on peut sans problème les mettre à contribution pour l’animation. Pour qu’il y ait un turn over (parce qu’un chaton, ça grandit vite), on met en place un système d’adoptions. Les conditions de ce changement de mains semblent assez sommaires. Les chatons sont-ils identifiés lorsqu’ils partent, comme l’exige la loi ? Y a-t-il garantie de stérilisation avant l’âge de six mois, comme ne l’exige pas la loi, et c’est fort dommage, mais comme l’exige un minimum de jugeote si l’on veut mettre un frein à la prolifération des petits félins (*) ? Et les chatons, d’où viennent-ils ? Sans doute de portées « accidentelles » nées chez des particuliers inconscients qui ont trouvé là un moyen, sans engager ni leur responsabilité ni leur argent, de se débarrasser de ces petits animaux qui n’auraient jamais dû naître. Vous ne savez pas quoi faire de vos chatons : apportez-les au bar à chats… Quel sera leur avenir ? Mystère. Un commerce n’est pas une association, ne fera pas preuve de la même exigence, n’assurera pas de suivi… Un bar à chats, vu comme cela, c’est une sorte de dépôt-vente.

Les animaux ne sont décidément que des objets… Après tout, si l’on aime le contact des chats, les refuges en sont pleins, de ces pauvres abandonnés qui ne demandent qu’à trouver un foyer. Quant aux bars à chats, que ne deviennent-ils bars tout court. Avait-t-on vraiment besoin de trouver une nouvelle façon d’exploiter les animaux ? Car, même si l’intention est bonne et la méthode douce, il s’agit tout de même d’une exploitation…

(*) Il y aurait actuellement en France près de dix millions de chats à la rue qui, en dépit des efforts désespérés des associations, ne cessent de se reproduire. La peur, la faim, le froid, les parasites ou les maladies sont le lot de ces malheureux. En prime, une mort souvent douloureuse survenant au bout de quelques années, voire quelques mois d’une vie misérable.

 

 

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À propos de l'auteur

Josée Barnérias

A toujours été au plus près de la cause animale. En septembre 2010, a fondé La Griffe, association d'information et d'intervention pour les animaux. Aujourd'hui encore, elle en est la présidente. A travaillé pendant trente années dans la Presse quotidienne régionale. Elle vit à Clermont-Ferrand.

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