Filiale du groupe Action Logement, Auvergne Habitat gère 18 000 logements et près de 36 000 locataires. Après avoir traversé la période Covid sans trop de difficultés, le premier bailleur social d’Auvergne doit affronter un « trou d’air » créé par l’inflation, la pénurie de matériaux et l’évolution du taux du Livret A.
Son directeur général Philippe Bayssade ne s’en cache pas, pour traverser l’année 2022, l’entreprise a du faire des arbitrages. Même si 2023 se montre encore compliquée, il confirme la poursuite des investissements et compte revenir à terme, à un volume de production de logements plus conséquent. L’entreprise souhaite également resserrer les liens avec le monde travail et les salariés.
7 Jours à Clermont : Après la période Covid vous, Auvergne Habitat affichait de l’optimisme et pourtant 2022 s’est montrée décevante. Que s’est-il passé ?
Philippe Bayssade : Le contexte est contraint. 2022 nous a conduit à réduire de plus de la moitié notre programme et de ne mettre en service que 300 logements sur les 700 qui étaient prévus. C’est clairement un coup de frein, mais ce ne sont pas des projets abandonnés. Ils nécessitent plus d’attention, plus de consultation d’entreprises pour arriver à les mettre en chantier et en service. C’est l’enjeu de 2023 sur lequel nous travaillons avec l’objectif de revenir au rythme que nous avions depuis quelques années, à savoir lancer 5 à 600 logements par an.
7JàC : Avez-vous annulé des projets ?
P.B : Aujourd’hui, nous ne constatons pas d’annulations de chantiers. Nous avons fait en sorte de ne pas avoir à annuler de projets, mais le sujet est relativement complexe. Les coûts de construction ont évolué fortement comme l’inflation et les taux. Le livret A est passé à 3% en février dernier, il est attendu à 4% au premier août, s’il n’y a pas de geste politique. Pour les épargnants c’est plutôt une bonne nouvelle mais pour les bailleurs comme Auvergne Habitat, c’est une mauvaise nouvelle.
7JàC : Qu’entendez-vous par geste politique ?
P.B : Idéalement ce serait de pouvoir rester sur le taux de 3%. Ce serait un geste qui permettrait de soutenir le secteur du logement social.
7JàC : Certaines entreprises parlent de sortie de crise en 2023. C’est le cas pour votre secteur ?
P.B : Je ne sais pas si on peut parler de sortie de crise. On partage beaucoup avec les promoteurs privés qui connaissent une chute des ventes extrêmement importante. On peut imaginer que d’ici la fin d’année, début d’année prochaine il y ait moins d’opérations et peut-être des prix un peu plus apaisés. Je ne sais pas si on peut appeler cela une sortie de crise.
7JàC : Quels impact pour les demandeurs de logements sociaux ?
P.B : Les chantiers qui étaient programmés n’auraient pas été livrés avant fin 2024 ou 2025 donc à court terme, cela n’a pas d’impact sur le temps d’attente pour obtenir un logement social, qui aujourd’hui varie de 8 à 10 mois. Pour autant, à terme si nous n’arrivions pas reprendre notre rythme, cela ferait en effet moins de logements à proposer dans les années à venir. Le taux de rotation chute également cela a pour effet de rallonger le temps d’attente.
7JàC : Vous êtes très attentif au thème logement, emplois et salariés. Pourquoi est-ce si important pour vous bailleur social ?
P.B : C’est notre filiation au groupe Action Logement qui, depuis 70 ans travaille sur le lien entre l’emploi et le logement. En tant que filiale, nous avons à cœur de reprendre cet engagement, de le porter haut et fort sur le territoire parce qu’il y a des besoins. Je pense aux salariés modestes qui ont besoin de logements et qui ont des difficultés pour se loger. C’est bien dans cet esprit que nous travaillons au quotidien sur le territoire auvergnat puisque nous intervenons sur le Puy-de-Dôme mais aussi l’Allier et une partie de la Haute-Loire. Nous essayons ainsi de répondre aux besoins de logements des salariés d’entreprises. C’est l’attractivité du territoire qui est en jeu, là aussi dans un contexte délicat puisque le marché du travail est très tendu. Pour les entreprises cette attractivité est important pour les recrutements notamment.
7JàC : Les entreprises vous font part de leurs besoins ?
P.B : Oui, clairement, parce que c’est accompagner la mobilité des salariés. C’est un sujet qui est traité très régulièrement par Action Logements Services avec les entreprises.
7JàC : On sait qu’avec les programmes RSE les entreprises doivent travailler sur l’inclusion et notamment des personnes handicapées. Vous faites en sorte que vos logements deviennent adaptés ?
P.B : Tous nos logements ne répondent pas forcément à cette situation, pour autant c’est un enjeu que l’on prend en compte notamment dans les réhabilitation. Le sujet de l’accessibilité est un point important qui est regardé pour toutes nos interventions de façon à pouvoir améliorer ou rendre complêtement accessibles les logements quand on le peut. Nous avons un exemple avec un projet développé à Issoire avec 56 logement livrés où nous avons pu, grâce à la réhabilitation, intégrer des ascenseurs et réfléchir à l’accès à l’immeuble. Cela a permis de rendre accessibles l’ensemble des logements. C’est une priorité et un objectif que l’on s’est donné tant dans le développement que dans la réhabilitation.
7JàC : Vous travaillez sur des logements dits intermédiaires, que sont ces logements ?
P.B : C’est une offre supplémentaire que l’on va développer sur un zonage comprenant quelques quartiers de Clermont et Chamalières de façon à répondre aux besoins des cadres en mobilité qui peuvent avoir des besoins sans trouver d’offre locative de qualité sur ces parties du territoire.
7JàC : Vous constatez une évolutions des profils des salariés ? Moins de familles, plus de gens isolés, des salariés moins mobiles ?
C’est le reflet de la société… Parmi les salariés il y a de plus en plus de gens seuls ou des familles monoparentales comme dans la société au sens large. Il n’y a donc pas de caractéristiques particulières pour les salariés sur le plan social.
Commenter