… La Ville de Clermont-Ferrand enfin reconnaissante va rendre hommage. Le 11 novembre 2018, un siècle après la fin de la « Der des Ders » et des années après sa « résurrection » par le chercheur amateur Jean-Paul Fontanon[1], une plaque en mémoire du bras droit de Clemenceau sera dévoilée sur son immeuble natal, sous l’impulsion de l’association Les Amis du vieux Clermont et en complicité avec Le Souvenir français. Clin d’œil de l’histoire, l’homme de confiance du « Tigre » est né à Clermont-Ferrand le 12 janvier 1868, 22 rue de l’Hôtel-Dieu, l’actuelle rue… Georges-Clemenceau !
Fils d’un militaire et de la Clermontoise Henriette Murat, Saint-Cyrien (1887-1889), professeur de stratégie à l’École de guerre, il initie à partir de 1908 des bataillons cyclistes. Comme commandant en second de Saint-Cyr (1912-1914), il forme quatre promotions, dont celle de 1912 des « Marie-Louise » (futurs officiers supérieurs) De Gaulle, Béthouart ou Juin.
Le 4 août 1914, « enthousiastes après la belle péroraison du colonel [Mordacq] », les chasseurs de cavalerie du 3e Régiment partent en Grande Guerre depuis Clermont-Ferrand. En avril 1915, à la tête de sa 90e brigade, il essuie la première attaque aux gaz, sur le front de l’Yser. « Pissez dans votre mouchoir et mettez-le-vous sous le nez », recommande-t-il en désespoir de cause à ses zouaves, tirailleurs et « joyeux »[2]…
« [V]ous, je ne pourrai pas vous remplacer »
En novembre 1917, juste après être redevenu président du Conseil et avoir hérité du ministère de la Guerre, Clemenceau exige à ses côtés la présence de Mordacq en des termes sans ambiguïté : « On vous remplacera tandis que vous, je ne pourrai pas vous remplacer. […] Je suis ministre de la Guerre mais c’est vous qui vous en occuperez. » Ainsi, Mordacq se retrouve pour vingt-six mois chef de cabinet militaire du « Tigre ». Le 11 novembre 1918, c’est lui qui réveille le Président pour lui annoncer la fin des hostilités avant de monter encore en première ligne lors des négociations du traité de Versailles pour éviter « bien des fatigues » à Clemenceau.
Hostile aux « éternelles concessions » de l’entre-deux guerres, il demande, en 1925, à passer dans la réserve ; une réserve de la « Grande Muette » pas d’auteur ! Mordacq a publié une quarantaine d’ouvrages fourmillant de mises en garde : « nous courons à une nouvelle guerre qui […] pourrait bien être un désastre »… L’un d’eux, Les Légendes de la Grande Guerre, publié en 1935, vient d’être réédité[3].
1940 ― Lorsque le « désastre » arrive, des Boches en side-car déboulent devant sa demeure gannatoise, dans le but de circonstance de la réquisitionner. Il les « accueille » en grand uniforme provoquant leur départ aussi immédiat que respectueux.
Révolté par la chasse aux juifs et francs-maçons menée par l’État français, le général Mordacq se serait suicidé, en avril 1943, en se jetant du pont parisien des Arts…
[1] Auteur de Mordacq – L’Ours à l’ombre du Tigre, éd. JPfo, 2015.
[2] Fortes têtes incorporées dans certains régiments.
[3] Éd. Perrin, Coll. « Tempus », février 2018.
Super article. Par contre il y a une confusion : le colonel Mordacq commandant le 3e régiment de Dragon est Lucien Mordacq, un cousin de Henri Mordacq. Cordialement !
Merci pour cette précision aussi utile que nécessaire… Et belles fêtes !