Louis Gendre et Mariko Kuroda de la galerie d’art contemporain chamaliéroise Louis Gendre & Ko ont choisi de présenter le travail de deux artistes clermontois pour leur exposition de printemps.
Jean-Christophe Clercq et Sébastien Maloberti sont du genre discrets, préférant le huis-clos de leurs ateliers aux mondanités, mais ils ont su trouver leur place dans le monde de l’art grâce à des productions personnelles qui échappent à la facilité et aux effets de mode, mais demandent un minimum d’attention de la part du public.

Incapacité d’expliquer son geste

Entrer dans l’univers de Jean-Christophe de Clercq, c’est comprendre un geste. Face à ses tableaux deux lectures se superposent. La première se contente d’une représentation très graphique, assez peu colorée mais d’une précision intrigante. Le seconde révèle un mouvement, celui de la main du créateur, qui n’obéit à aucune injonction technique ou académique, un geste autonome échappant à toute volonté de l’artiste, qui interrogé sur son travail se déclare dans l’incapacité de l’expliquer et encore moins de le reproduire. Comme l’écrit Elora Weill-Engerer « son travail oscillerait entre l’hypermnésie et l’amnésie, c’est-à-dire qu’il se situerait à la jonction entre la main qui sait immédiatement au contact de l’outil et celle qui oublie et remet constamment en jeu sa mémoire (…) un point donne vie à la surface, une ligne ouvre une autre dimension, deux lignes créent une tension ». Mais au final est-il besoin de tout expliquer et de tout comprendre au premier degré ? La démarche de Jean-Christophe de Clercq est certes artistique, mais elle est animé par une forme philosophique qui renvoie aux mots du poète Paul Celan,
« Parler mutique, parler silence, car la seule façon de dire, c’est en se taisant ».

Appel à expérimentation visuelle

Sébastien Maloberti a choisi de présenter des créations de sa récente série de peintures Playground. Les œuvres sont réalisées sur bois et coton, enduits d’une terre que l’artiste prélève sur un terrain en friche à proximité des ateliers collectifs clermontois La Diode où il s’est installé. Ces prélèvements traduisent une forme d’urgence puisque cette parcelle livrée à la nature, sera bientôt domestiquée pour devenir un espace vert municipal. Maloberti mélange cette terre grasse et foncée à une colle acrylique pour créer une matière qui devient très résistante après séchage, mais dont le tamisage, plus ou moins fin, permet de donner à chaque œuvre une texture propre et une réaction particulière à la lumière. D’une pièce à l’autre, la terre qui s’est rétractée au séchage et qui a été recouverte de peinture, devient un appel à expérimentation visuelle. Les yeux mais aussi le cerveau sont sollicités pour un voyage au centre des créations ouvrant grand la porte aux interprétations. Champs cultivés, terre malmenée par la sécheresse, images satellites, labyrinthes… chacun trouve sa propre réponse à une suggestion de l’artiste… mais est-ce réellement une suggestion ?

Jean-Christophe De Clercq – Sébastien Maloberti, Galerie Louis Gendre & Ko, 7 rue Charles Fournier à Chamalières, jusqu’au 13 mai 2023.
Ouverture du mercredi au vendredi de 14h à 19h, le samedi de 10h à 18h.