Il existe des circonstances graves où l’on peut attendre un peu de dignité de la part des responsables politiques. L’idée, émanant des présidents des deux assemblées, d’un « sursaut » républicain contre l’antisémitisme, regroupant les uns et les autres, au-delà des étiquettes, des partis, des chapelles, des idéologies, des programmes, des différends, pouvait apparaître non seulement noble mais juste et indispensable. Hélas, le naturel de nos chers élus n’a pas tardé à reprendre le dessus : cacophonie, tintamarre, cafouillage, bisbilles, confusion, règlements de compte, coups tordus, micmacs, procès d’intention. « Je veux bien défiler mais pas avec toi, pas à côté de toi … » De l’union à la désunion, du rassemblement à la discorde, de l’honneur à l’absence de dignité, de la nécessaire solidarité aux intérêts bassement politiques. Comment gâcher un rare moment d’unité, à sept mois des élections européennes…
Un « jeu » dangereux
En réalité, l’unité est illusoire. Dans le même moment, en effet, d’autres, jetant délibérément de l’huile sur le feu, ont choisi de s’abstenir. L’extrême gauche, que l’on a vue régulièrement en première ligne lors de manifestations propalestiniennes, où sont criés des slogans anti-juifs, trouvera toutes sortes d’explications plus alambiquées les unes que les autres à son attitude cynique et toxique. La vérité est qu’elle a choisi son camp qui, en l’occurrence, n’est ni celui de la démocratie, ni celui de la concorde, comme le prouvent les propos scandaleux tenus par le député David Guiraud, en Tunisie. La séquence tragique que l’on vient de vivre aura au moins permis que les masques tombent.
Absence significative
Assez troublante aussi, voire dérangeante, l’absence du Chef de l’Etat- désireux de « survoler » la séquence plutôt que de porter l’étendard de la lutte contre l’antisémitisme… Comment l’expliquer alors que deux de ses prédécesseurs n’avaient pas hésiter à se mêler à la foule dans de telles circonstances, sans la moindre ambiguïté ? D’autant plus étonnante que, parallèlement, aucun hommage national n’a été rendu à ce jour aux quarante victimes françaises des massacres perpétrés le 7 octobre dernier sur le territoire israélien. Ce qui en dit long sur l’embarras ressenti à l’Elysée.
AUTRE ABSENCE SIGNICATIVE: la belle jeunesse black blanc beur.
Tout est dit …?