A Volvic, l’église Saint-Priest, rend hommage à l’évêque de Clermont qui fut martyrisé en 674, après avoir fondé plusieurs monastères et un hôpital. Sa fin fut tragique car tué pour vengeance, par des hommes de main du comte d’Auvergne qu’il avait excommunié pour rapt avec décapitation, sur ordre du Roi, à la clé.
La partie primitive de l’église remonte au VIIe siècle, époque romane, mais l’édifice a changé de style au fil du temps. Il est devenu un site clunisien en 1095. Le chœur, le sanctuaire, le déambulatoire, les trois chapelles rayonnantes, l’absidiole nord et une partie du transept dates du XIIe siècle et ont été classés au titre des monuments historiques en 1907. La nef, les bas-côtés et l’absidiole sud, reconstruits au XIXe ont été inscrits aux MH en 2007. Malgré son intérêt historique, l’église Saint-Priest se dégradait fortement, faute d’entretien depuis de trop nombreuses années. Compte-tenu de son état sanitaire général, la nouvelle municipalité, en place depuis les dernières élections municipales, a décidé de lancer un vaste chantier de restauration avant qu’il ne soit trop tard, dans un but de préserver son patrimoine mais aussi pour assurer la sécurité des fidèles qui était remise en cause.
5 ans de travaux minimum
A la manière des bâtisseurs médiévaux, le chantier va se dérouler d’Est en Ouest pour une durée minimum de 5 ans. Portant sur les toitures, les extérieurs, puis les enduits et les décors intérieurs, les travaux sont organisés pour ne pas perturber les différents services du culte grâce à une bonne entente et une nécessaire concertation. En revanche les œuvres de l’église, stockées pour les protéger durant les travaux ou parties en restauration, seront manquantes un certain temps. « On ne pouvait pas laisser l’église continuer à se délabrer, il fallait agir et on a agi » explique Laurent Thévenot, maire de Volvic. « C’est une des premières décisions que l’on a prise après les élections ; le coût est important mais on a trouvé en l’État, la Région, le Département, des partenaires solides qui vont nous accompagner tout au long du chantier. » Le budget de restauration est estimé à 2,5 millions d’euros, dont 80% sont couverts par des subventions. « Les églises font partie du patrimoine. Ce sont des réalisation techniques de grande valeur. Elles servent au culte mais elles sont aussi des sites touristiques. Avec la restauration, Saint-Priest attirera encore plus » explique Eric Versigny, conseiller municipal en charge du patrimoine et du tourisme, vice-président en charge du tourisme au sein de RLV*. « Il y a beaucoup de détails de sculpture, surtout sur la partie romane « explique de son côté David Courtadon, compagnon de l’entreprise Comte, qui va suivre le chantier durant les cinq années. « Les matériaux, les pierres, la conception, les formes ont évolué avec le temps. Ça commence au XI-XIIe siècle pour finir au XIXe. La période est longue et les techniques étaient différentes, nous devons adapter notre travail. C’est une chance de pouvoir suivre le chantier sur 5 ans, on sera très fier de ce que l’on réalise. »
Vers un classement Unesco au sein de 105 sites clunisiens
En parallèle de la restauration, la mairie a ouvert un dossier de candidature de l’église au patrimoine mondial de l’Unesco au sein de la Fédération des Sites Clunisiens. Cette fédération a lancé, en 2021, un projet d’inscription à l’Unesco du patrimoine clunisien européen auquel candidatent 105 sites dans 9 pays. « C’est un dossier qui prend du temps. Pour répondre au cahier des charges demandé par la fédération, cela pourra prendre 3,4 ou 5 ans » précise Eric Versigny « Nous avons monté un comité local qui regroupe des élus, des personnels de la mairie, des représentant de la paroisse, des universitaires, des historiens, des associations pour monter le dossier. Il doit être extrêmement fouillé en terme d’historique, de références, de plans. Volvic fait partie des 4 sites clunisiens du territoire RLV avec l’abbaye de Mozac qui postule aussi, Marsat et Chatel-Guyon qui ne postulent pas. Du fait de la qualité de l’église et de sa restauration qui n’influe pas sur le classement, nous avons décidé de postuler. Il faudra que notre dossier soit accepté par la fédération et lorsqu’elle aura sélectionné la centaine de candidats, elle postulera ». Du Xe au XVIIIe l’Abbaye de Cluny a rayonné sur le plan spirituel, artistique, économique, politique et social jusqu’aux confins de l’Europe. Le patrimoine comporte des abbaye et des prieurés mais aussi des églises, des châteaux, des palais, des vignobles, des moulins, des domaines agricoles, des villages entiers, qui témoignent de toutes les influences du phénomène clunisien. La fédération annonce vouloir travailler encore 24 mois avant de déposer le dossier.
*RLV : Riom, Limagne et Volcans est une communauté d’agglomération qui regroupe 31 communes.
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