Pour comprendre ce qu’est le festival clermontois Vidéoformes, il faut remonter 60 ans en arrière, précisément au mois de mars 1963. À Wuppertal, ville allemande de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, (à l’époque Allemagne de l’ouest) précisément dans la galerie Parnass, un artiste né en Corée du sud, ami de l’ éclectique John Cage, présente sa première oeuvre solo nommée « Exposition de musique de télévision ». Son nom est Nam June Paik, sa création est une accumulation de treize téléviseurs posés à même le sol et dont les images sont déformées par utilisation d’aimants savamment disposés. Certains appareils sont posés droits et d’autres de biais, l’artiste comptant ainsi perturber la relation habituelle qui unit le spectateur à son récepteur. Cette installation est considérée, par les historiens de l’art, comme l’acte de naissance de l’Art vidéo. Deux plus tard, à New-York, ce même Nam June Paik, filme sur la 5e avenue, le cortège du Pape avec un des premiers systèmes d’enregistrement de vidéo portable commercialisé par Sony. Il film Paul VI montant dans un taxi, et diffuse, le soir même, cette captation dans un bar rempli d’artistes. Elle est, depuis, considérée comme la toute première représentation d’art vidéo.
Téléviseurs détournés de leur fonction première
C’est en 1986 qu’a lieu la première édition de Vidéoformes avec la représentation du spectacle multimédia Le Cap de Bonne Espérance, du français Jean-Michel Gautreau. En 1986 le matériel vidéo a évolué autorisant des montages et quelques effets spéciaux qui tiennent plus de la bidouille qu’autre chose. Les écrans sont cependant encore des de diffusion des programmes TV dans les foyers. Dans les années suivantes, le matériel évolue et progressivement et les artistes se consacrent d’avantages aux images, le matériel étant de moins en moins utilisé en tant que composante d’installations. Puis arrivent, les vidéoprojecteurs, internet et sa flopée d’écrans de plus en plus plats. Dès lors, l’art vidéo façon Nam June Paik tient de la préhistoire et les artistes n’ont quasiment plus de limites techniques. La créativité totalement débridée devient le maître mot des Arts Hybrides et Numériques. L’art vidéo a subi une totale révolution, autant dans ses formes que dans ses sujets.
Des oeuvre hybrides
Près de 40 années après sa création, Vidéoformes a accompagné cette révolution tentaculaire : il est désormais question de computer art, de net art, de NFTs, d’œuvres immersives, d’œuvres interactives, d’œuvres génératives, de performances, de live, de virtuel, de réalité augmenté, d’intelligence artificielle. La technologie et la science ont rejoint l’art, permettant la création d’œuvres hybrides autorisant des approches variés de sujets qui le sont tout autant.
La 38e édition de Vidéoformes qui se déroulera à Clermont 16 Mars au 2 avril prochain, proposera de parcourir des détournements de jeux vidéo, traitera de la question environnementale, de la perception et la représentation du corps, du paysage, la couleur et des esthétiques culturelles différentes.
Commenter