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Vous lui direz que le cherche tous
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Culture Jeudi Week-End

« Vernon Subutex » à la Cour des Trois Coquins

La compagnie clermontoise La Transversale a adapté "Vernon Subutex" au théâtre dans une version intitulée "Vous lui direz qu’on le cherche tous", phrase extraite du roman de Virginie Despentes.

Le spectacle est présenté par la compagnie comme une “adaptation théâtre rock débridée des tomes 1 et 2 de Vernon Subutex”. Mis en scène et en musique de façon collégiale par les comédiens et le musicien, Vous lui direz qu’on le cherche tous chahute le spectateur tout en respectant à la lettre le corps et l’esprit du roman. Le metteur en scène, Cédric Jonchière, raconte comment a germé l’idée : « J’ai lu les trois tomes d’une traite. Cette histoire sociale et artistique d’un groupe faisait écho au collectif théâtral auquel j’appartiens. » C’est la notion de groupe cherchant à proposer une alternative au quotidien qui a tout d’abord suscité son intérêt. « Ca  a été l’étincelle de départ. »

Rituel moderne

Cédric Jonchière a ensuite soumis le roman à ses petits camarades de la compagnie. « Je ne suis pas arrivé avec une version déjà écrite. Tout le monde a travaillé dessus. Le roman a une dimension épique. C’est une épopée moderne qui repose sur un fleuve narratif. Le souci a été de trouver l’équilibre entre la narration et la dynamique scénique. On a choisi l’angle du point de vue d’un groupe et on a décidé de montrer non seulement l’histoire de Vernon Subutex, mais aussi celle de ce groupe. Une sorte de rituel moderne. Comme si on évoquait un mystère ancestral à partir d’un matériau qui parle d’aujourd’hui et de rock’n’roll. » Pour autant, l’adaptation proposée par La Transversale n’aborde pas Vernon Subutex sous l’angle purement ethnologique. « La tentation était grande en effet. C’est vrai qu’on a beaucoup dit que le roman était un formidable kaléidoscope de notre société. On n’est pas dans l’étude ethnologique ou alors, pour citer un personnage du roman, l’ethnie étudiée est le “genre humain”. Il s’agit de retracer le parcours d’une chose perdue en lien avec la musique, la jeunesse et la relation sociale. Comment se fait-il que cette chose a été perdue et comment la retrouver ? N’a-t-elle pas été récupérée ? Dans le roman, il y a un grand mouvement qui est dépeint, celui de la marge qui développe en permanence de nouvelles propositions artistiques, politiques ou sexuelles. Il y a toujours ce besoin de renouvellement, de sortir des carcans habituels. Ces tentatives de nouveaux mouvements sont toujours récupérées ou annihilées par le “système”. Ça nous a amusé de décrire cet éternel recommencement. Il y aura toujours des gens qui essaieront de sortir du rang, de faire un pas de côté et qui seront broyés par la machine. Ça n’empêche pas d’autres de ressayer encore et toujours. Cette idée proposée dans le roman était hyper attractive. Il n’y a pas de bons sentiments, ni du côté des losers qui sont magnifiés dans l’œuvre, ni du côté des “méchants”. Ce sont des principes de vie qui ont besoin de coexister. La peinture de ce mouvement perpétuel de la vie à une époque où on doit faire preuve de résilience est assez précieuse. »

Punchlines

En adaptant Vernon Subutex, la compagnie s’en est tenue aux tomes 1 & 2. « On a toutefois pris en compte le troisième. Les partis-pris de mise en scène sont influencés par l’état d’esprit de la fin du tome 3 avec son épilogue très étrange. L’état d’esprit, c’est ce mouvement perpétuel dont je parlais précédemment et qui s’inscrit dans le génotype de ce groupe. » Si la compagnie a été tentée au départ de prendre des libertés avec le texte, les comédiens ont rapidement pris conscience qu’il était préférable de coller au roman. « On est revenu en partie au texte parce qu’on s’est aperçus qu’il y avait quand même beaucoup de punchlines qui donnaient du rythme au roman et dont il aurait été dommage de se passer. On a épuré en rejoignant la langue de l’auteur. »

Si vous cherchez Vernon Subutex

Le spectacle met en scène une vingtaine de personnages interprétés par six comédiens et un musicien. La bande-son ne se réfère pas directement aux titres cités dans le roman. C’est une création originale. Jo Zeugma en charge de la musique, remplacé par Manu Siachoua pour Un conte punk, la forme légère du spectacle, s’est toutefois inspiré de certaines œuvres évoquées dans le livre. « Ça reste rare et c’est de l’ordre de l’inspiration. Il n’y a aucune chanson citée dans le roman. On a fait en sorte que la musique soit elle-même un personnage avec des sonorités et des ambiances reflétant chaque personnage pour qu’elles soient propres à chacun. » Donc, notez bien, si vous cherchez Vernon Subutex, vous le trouverez à la Cour des Trois Coquins.

Vous lui direz qu’on le cherche tous  par la Cie  La Transversale représentations :
Jeudi 18/11 : 14h30
Vendredi 19/11 : 20h30
Samedi 20/11 : 20h30
La Cour des Trois Coquins, 12 rue Agrippa D’Aubigné, Clermont-Ferrand

 

À propos de l'auteur

Patrick Foulhoux

Journaliste et grand amateur de musique rock, Patrick Foulhoux a collaboré pendant de nombreuses années avec des magazines consacrés à la musique (Rollling Stone, Rock Sound, X-Rock...) et des titres de la presse de territoire. Sa passion pour le Rock l'a conduit à devenir directeur artistique de labels, tourneur, manager, organisateur de festival et écrivain.

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