La journée du 29 mars s’annonce variable d’un point de vue météo, ce qui est relativement normal durant le mois des giboulées. Et que le ciel alterne le gris et les bleu est plutôt une bonne chose car, cet antépénultième jour de mars, sera marqué par la 2e Journée internationale des nuages.
Depuis 152 ans, au sommet du Puy-de-Dôme, des chercheurs scrutent le ciel depuis l’OPGC, l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont. (lire notre article publié en 2021 à l’occasion du 150e anniversaire) pour mieux comprendre les phénomènes météorologiques. Mais alors que les chercheurs et les universitaires limitent leur travail au seul aspect physique, Mathieu Simonet, consacre une partie de son temps à l’aspect géopolitique et environnemental des nuages, sachant que ceux-ci peuvent être manipulés et qu’il n’existe aucune législation les encadrant. Cet écrivain, ancien avocat qui est à l’origine de la Journée internationale des nuages, espère les faire classer au patrimoine mondial de l’UNESCO d’ici 10 ans.
S’allonger sur l’herbe, observer, écrire
Lors de la première Journée internationale des nuages en 2022, Mathieu Simonet a réuni 600 enfants et adolescents de Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne. Il leur a demandé de s’allonger sur l’herbe, d’observer les nuages et d’écrire ce qu’ils voyaient sur des fiches bristols. Ces fiches réunies ont constitué une forme de pétition transmise à l’ONU pour demander la mise en place d’une réglementation internationale et à l’UNESCO pour proposer l’entrée des nuages dans le patrimoine mondial. « C’est un geste poético-politique simple et en même temps pas très simple pour de nombreuses personnes qui ne sont pas à l’aise avec le côté poétique » explique Mathieu Simonet. « Pour la seconde Journée à Clermont, nous allons réunir 730 enfants et 1 000 autres personnes dans le monde entier, aux USA, en Bulgarie, au Maroc… notre objectif est de reproduire cette opération tous les ans durant une dizaine d’années jusqu’à ce qu’une réglementation soit mise en place et jusqu’au classement UNESCO » Cette seconde Journée étant intégrée dans le programme Clermont-Ferrand Massif-central 2028, les fiches seront exposées, dès le 19 avril, sur les murs du Proto Habitat, place de Jaude.
Ensemencer des nuages
En 1940, les USA ont été les premiers à faire pleuvoir, un nuage au-dessus de l’Etat de New-York, réalisant ainsi un vieux rêve. Les Canadiens auraient aussitôt protesté, indiquant que les Américains leur avaient « volé un nuage ». Depuis, de nombreux pays tentent de faire pleuvoir les nuages de manière artificielle, notamment en y introduisant de l’iodure d’argent, c’est ce que l’on nomme ensemencer les nuages. « A propos de l’impact sanitaire de cette pratique, j’aimerais pouvoir réunir des spécialistes, car tout le monde ne dit pas la même chose. A priori la concentration est trop faible pour voir un impact direct sur la santé humaine, mais qu’en est-il de l’impact sur les plantes ? L’iodure d’argent étant classé dans les métaux lourds, que se passe-t-il quand il tombe sur le sol ? Quid d’un effet papillon ? » s’interroge Mathieu Simonet qui souhaite pouvoir s’appuyer sur des études sérieuses et voir apparaître une réglementation internationale tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. « L’idée est qu’à minima, tous les éléments soient partagés dans l’ensemble de la communauté, pour que l’on ne reste pas sur le vide juridique actuel, qui est la pire des situations »
La France n’a toujours pas signé la Convention ENMOD
La Convention ENMOD ou Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles, est un traité international signé en 1976, entré en application depuis 1978. Les actions sur les nuages sont concernés par cette convention qui a été signée par de très nombreux pays du monde entier, y compris les USA et la Chine. Curieusement la France ne l’a pas signé, se privant de la protection qu’elle apporte aux pays signataires. « J’aimerai arriver à ce que la France signe d’ici deux ou trois ans » explique Mathieu Simonet « Je n’ai pas de revendications différentes de l’attente collective qui porte sur les aspects éthiques et écologiques. C’est la raison pour laquelle ma seule ambition est le classement des nuages au patrimoine de l’UNESCO avec un statut à l’ONU. »
Cette 2e Journée internationale des nuages ouvre donc plusieurs débats sur les plans géopolitique, sanitaire et écologique. Pour éviter une guerre des nuages qui pourrait déclencher à son tour une guerre de l’eau, classer les nuages et leur donner un statut juridique semble être devenu une évidence, mais manifestement pas encore pour tous le monde.
Rendez-vous Pour la 2e Journée Internationale des nuages à Clermont, mercredi 29 mars 2023, complexe sportif des Cézeaux, 46 rue Pasteur 63170 Aubière, en présence de Mathieu Simonet et Laurent Deguillaume physicien à l’Observatoire de physique du Globe de Clermont
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