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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Une autoroute nécessaire ou superflue ?

Castres et Toulouse seront bientôt reliées par une nouvelle autoroute. Au grand dam de militants pro-environnementaux et de nombreux scientifiques.

10% il y a 100 ans, 80% aujourd’hui : la France est urbanisée et bétonnée. Et chaque année, l’équivalent d’un département  en espace naturel disparaît. C’est la pire, la plus tragique des nouvelles car elle est définitive. En moins d’un siècle, trois générations, la nature a été réduite, limitée, souillée, dévastée. Pour cause de démographie galopante mais aussi parce que l’homme, par son activité insatiable, est dévoreur d’espaces. Il lui faut des routes, des aéroports, des zones commerciales, des infrastructures à tire-larigot. Et qu’importe s’il détruit, s’il engloutit, s’il s’accapare, s’il s’étend indéfiniment. Ce mouvement se poursuit aujourd’hui résolument, avec détermination, malgré les discours en trompe l’œil. Il est le résultat de toutes les politiques menées, y compris lorsqu’il y a des écolos au gouvernement. Ceux-là regardent bien trop souvent la question environnementale par le petit bout de la lorgnette.

Un quart d’heure

Le dossier actuel de l’autoroute Toulouse-Castres est assez emblématique de cette propension. Objectif de ce projet dit structurant: gagner un quart d’heure environ pour parcourir les 82 kilomètres qui séparent  les deux villes, desservis également par la SNCF à raison d’une dizaine d’aller-retour quotidiens. L’une, capitale de l’Occitanie (et du rugby), l’autre abritant « seulement » 42.000 habitants.  « Il en va du désenclavement de notre territoire » affirment certains élus. Autrement dit, le développement économique vaut bien de sacrifier un peu plus la belle campagne de France ou ce qu’il en reste.

Irréversible

Les opposants au projet sont régulièrement caricaturés comme d’indécrottables gauchistes ou des hurluberlus en marge de leur époque. Il existe évidemment parmi eux une poignée de militants extrémistes qui ne servent pas leur cause. Mais si l’on y réfléchit bien, ça n’est pas faire preuve de radicalité que de de s’interroger sur la pertinence de cette autoroute supplémentaire. L’enjeu en vaut-il vraiment la chandelle lorsqu’on connaît les dégâts que provoquent ce type d’infrastructure sur la biodiversité, les paysages, la pollution de l’air et même l’équilibre des territoires. Dommages irréversibles reconnus par l’Autorité environnemental dans un avis rendu le 6 octobre 2022 et confirmé le 4 octobre 2023 par 1500 scientifiques. A une époque où l’on nous répète que la vitesse (en voiture) est dépassée et surtout qu’il ne faut pas dépasser la vitesse (autorisée), l’obsession autoroutière peut paraître paradoxale et aveugle. Les lobbys, il est vrai, sont puissants.

 

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Bonjour
    Quelle réalité, bravo pour votre article.
    Cette autoroute alors que la route en parallèle pouvait se mettre en 2 fois 2 voies, je pense !
    Bien à vous

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