Et ce fut donc Michel Barnier. Il en fallait bien un, tout de même, au bout de plus de cinquante jours d’atermoiements et de considérations de tous ordres. Entre temps, les Jeux Olympiques, le Tour de France et les vacances offrirent un peu de répit au Chef de l’Etat, déconfit par les résultats électoraux et soucieux, néanmoins, de demeurer au centre du jeu. Mais cette latence du pouvoir ne pouvait plus durer.
Il y eut les prétendants, les favoris, les postulants, les challengers, les impatients. Tous se voyaient rejoindre l’Hôtel Matignon, résidence d’un certain standing il est vrai. Lucie Castets émergea, poussé par le Nouveau Front Populaire. Son background limité n’empêchait pas la gauche de croire en sa nouvelle diva. Elle présentait bien, avait l’avantage de n’appartenir à aucun parti. Mieux encore, elle avait reçu l’onction de Jean-Luc Mélenchon, le guide suprême. L’hypothèse fut écartée d’un revers de manche par Emmanuel Macron, peu désireux de confier les clefs à cette étoile filante.
Candidats éconduits
Alors, vint l’heure de Bernard Cazeneuve, ex-premier ministre de François Hollande. Rose pâle, très pâle, si pâle qu’il était- disait-on- susceptible d’être accepté par la droite. Dans le même temps, l’ambitieux Xavier Bertrand, dont on ne sait où il se situe, fourbissait ses armes. Entre les deux, le cœur du Président de la République balançait-il ? Problème de taille: les deux étaient susceptibles de ne même pas passer le cap d’une motion de censure initiale.
Au café du coin, un « V.I.P. » local , se disant bien informé, m’assura que le Premier ministre serait finalement Jean-Dominique Senard, l’ex-dirigeant de Michelin et de Total, souvent qualifié de « patron social ». « Il connaît bien Macron, je te fiche mon billet que ce sera lui » me prévînt-il. D’autres, peut-être plus sérieux, évoquaient le nom de Thierry Baudet. Non pas l’homme politique néerlandais de « droite dure » mais le peu charismatique président du Conseil Economique, Social et Environnemental. Ce Baudet, ne venant pas du Poitou, devînt, pour quelques heures, le chouchou des médias. Il a, depuis, retrouvé l’anonymat.
Jusqu’à quand ?
Et le gagnant fut … Michel Barnier. Celui que l’on n’attendait pas ou peu. Accepté- à défaut d’être souhaité- par le Rassemblement National, l’expérimenté savoyard est ainsi devenu le plus âgé des premiers ministres de la Vème République. Reste maintenant à savoir, dans cette période chaotique, si celui qui visa l’Elysée en 2022, aura seulement le temps de déballer ses cartons ou s’il n’effectuera qu’un passage-éclair au 57 rue de Varenne. Quoiqu’il en soit, il ajoutera une ligne à son volumineux curriculum vitae.
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