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Romain Bardet: un détour par Liège avant d'entamer la préparation pour le Tour de France- photo Patrick Dorckel.
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Le Tour de Bardet?

Christopher Froome, officiellement blanchi, semble se diriger vers une nouvelle victoire dans le Tour. Tandis que la décision de l'UCI suscite la polémique, Romain Bardet attend son heure. Mais a-t-il vraiment les moyens de s'imposer?

S’ils ont compté un numéro un mondial, au milieu des années 90, avec Laurent Jalabert, ceint du sulfureux maillot de la ONCE, les Français n’ont plus gagné le Tour de France depuis 1985 et l’ultime victoire de Bernard Hinault … Richard Virenque se hissa sur le podium mais il n’était pas tout à fait du bois dont on fait les vainqueurs. Les pois dévolus au meilleur grimpeur lui allaient sans doute mieux que le jaune du leader du classement général. Question de qualités athlétiques plus que de teint…Vingt ans après l’affaire Festina, les Français cherchent encore, en vain, le successeur des Bobet, Anquetil, Hinault, Fignon et même des Aimar ou Pingeon. Romain Bardet peut-il devenir celui-là?

Les plus?

Bardet, atout numéro un des Français- photo Patrick Dorckel.

Barguil, Gaudu, Alaphilippe, Calmejane, Demare: tous s’élanceront avec des ambitions mesurées . Si les deux premiers peuvent ambitionner un classement dans le top 10, les autres reporteront leurs espoirs sur des victoires d’étape, objectif correspondant à leur profil et à leurs aptitudes physiques.  Le fer de lance de l’armada tricolore sera bel et bien Romain Bardet. Le coureur de Brioude dispose, en effet, d’un certain nombre d’atouts au moment de s’élancer de l’Ile de Noirmoutier. On connaît ses qualités de grimpeur, un terrain sur lequel il fait jeu égal avec les meilleurs; on sait aussi le Brivadois excellent descendeur, ce qui n’a rien d’anecdotique. A 27 ans, Bardet est désormais un champion expérimenté. Intelligent, endurant, opportuniste, bon stratège, il est à même de tirer parti des rares occasions à saisir.

Les moins

Au niveau des meilleurs en montagne, Bardet n’a jamais toutefois prouvé qu’il pouvait les dominer. Et c’est là où le bât risque de blesser… Car pour espérer gagner à Paris, il faudra nécessairement creuser des écarts et on voit mal le Français distancer les Froome, Thomas ou Dumoulin que ce soit en montagne ou sur d’autres terrains moins propices aux attaques. Le coureur d’AG2R s’aligne au départ avec un sérieux handicap: il sait qu’il va perdre du temps dans les contre-la-montre aussi bien en individuel que par équipes. Où rattraper le temps inéluctablement perdu? D’autre part, sa formation apparaît solide avec Latour, Naesen, Gallopin, Dillier, Franck, Domont, chacun dans son registre, mais elle ne présente pas la force écrasante de la Sky, prête à annihiler les tentatives adverses et à tout broyer sur son passage. Un rouleau compresseur….

Face à la Sky… photo Patrick Dorckel.

En conclusion

A coup-sûr, sa régularité et son expérience font de Romain Bardet l’un des prétendants les plus sérieux au podium… ce qui ne correspond plus tout à fait à son objectif.  Son déficit de puissance et ses limites dans l’effort individuel risquent toutefois de lui barrer- et pour longtemps- l’accès à la victoire sur les Champs-Elysées.  Reste évidemment, la glorieuse incertitude du sport cycliste, sur un terrain parsemé d’embûches en tous genres. Qui aurait parié sur la victoire de Vincenzo Nibali en 2014?

Froome et les autres

Froome, inconstant mais impressionnant sur les routes du Giro, semble promis à une nouvelle victoire…maintenant que l’affaire du Salbutamol est derrière lui. En cas de défaillance de sa part, son équipier Gerraint Thomas est susceptible de le remplacer avec succès à la tête de la Sky. Ritchie Porte, généralement trop tôt en forme dans la saison, semble cette fois fin prêt à en découdre. L’équipe Movistar disposera d’un trio ambitieux avec le décevant Quintana, l’énigmatique Landa et l’inusable Valverde. Mais l’offensive n’est pas le point fort de l’escouade espagnole, généralement décevante sur les routes françaises. On ne croit pas trop en Nibali, plus redoutable désormais sur les courses d’un jour, et en Uran, qui aura du mal à confirmer son podium acquis en 2017. Par contre, on surveillera attentivement la prestation de Tom Dumoulin, qui double Giro et Tour, et celle de l’épatant Slovène Primoz Roglic, lauréat du Tour du Pays Basque et du Tour de Romandie. Malheureusement pour lui, l’ancien sauteur à ski, excellent rouleur et bon grimpeur, devra faire avec les moyens du bord. Son équipe aura bien du mal à l’épauler…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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  • Nous verrons également comment les Froome et Dumoulin vont gérer l’enchaînement Giro-Tour ! c’est un Tour passionnant qui s’annonce, en espérant que l’ambiance sur le bord des routes ne soit pas trop délétère suite au blanchiment de Froome …

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