Ce n’est pas d’aujourd’hui que les hommes politiques de tout bord font les yeux doux aux chasseurs, ce « petit » million d’électeurs qu’il s’agit de caresser dans le sens du poil quitte à lui passer la brosse à reluire. Et de les encenser, de les considérer comme « les meilleurs protecteurs de la nature ». Comme si celle-ci avait besoin de fusils pour s’organiser et se régir. Une imposture, évidemment, lorsqu’on sait que la chasse a été à la source de la disparition de nombreuses espèces (le loup en son temps, le lynx, l’ours des Pyrénées pour ne citer que les plus emblématiques).
Balles perdues… pas pour tout le monde
Aujourd’hui, nos élus sont vaguement embarrassés devant la profusion d’accidents. Une balle perdue pour un automobiliste d’Ille-et-Vilaine ; une autre, dans le ventre, pour un habitant du Tarn-et-Garonne, confondu, peut-être, avec un sanglier. Rien que pour le week-end dernier.
« Un malheureux concours de circonstance » selon l’ineffable président de la Fédération nationale de la chasse, Willy Schraen, très présent sur les médias. Celui-là même qui voulait faire de tous les chats errants une cible pour ses adhérents, toujours prompts à tirer sur tout ce qui bouge.
La vérité est que la chasse est une activité peu compatible avec tous les autres loisirs de la nature. Difficile de se sentir en sécurité au beau milieu d’une battue, lorsque les coups de feu retentissent. Difficile de profiter d’une balade pacifique et bucolique lorsque les cartouches fusent. Difficile même de mettre le nez dehors lorsque les plombs s’agitent. Les accidents récents prouvent, hélas, que la menace est bien réelle.
Fusils et urnes
Tandis que le parti animaliste dénonce le carnage effectué sur la faune (45 millions d’individus tués chaque année), les verts, dans le sillage de leur candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, ne veulent pas se situer sur un plan moral. Ils réclament la fin de la chasse le dimanche, au nom du partage des espaces naturels entre les Français. Une demande soutenue par une majorité de la population.
Du côté des autres prétendants à l’Elysée, on préfère se taire et laisser passer l’orage médiatique. Pas question de fâcher les chasseurs, parfaitement organisés et lobbyistes redoutables. Au mois d’avril, leurs voix seront précieuses.
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