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Stop Covid : l’application qui fait débat

L'application, censée participer à la lutte contre la propagation du virus, verra le jour à une date encore indéterminée. Portée par le gouvernement, elle est loin de faire l'unanimité et soulève un certain nombre de questions.

Le débat ne fait peut-être que débuter. Et pourtant le gouvernement, lui, semble avoir tranché. L’application Stop Covid, considéré comme un moyen d’éviter la propagation du virus parmi tant d’autres, verra bien le jour. Son objectif ? Assurer un traçage numérique des malades du coronavirus et prévenir les personnes « contact ».  Les détails restent à fixer mais le premier ministre Edouard Philippe a confirmé son intention de mener le projet à bien. «  Les critiques sont fondées. Elles doivent être posées, elles doivent être débattues. J’ai même le sentiment qu’à terme, elles doivent faire l’objet d’un vote » a-t-il indiqué. Tout en ajoutant aussitôt « le débat est un peu prématuré ». L’idée directrice est connue:  lorsque deux personnes se croiseront, à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un devra enregistrer les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne seront ainsi prévenus de manière automatique. Toutefois, le Premier Ministre a reconnu qu’il était incapable, actuellement de « de dire si l’application fonctionnait et comment elle fonctionnera précisément« .

L’avis de la CNIL

Pour parvenir à ses fins, le gouvernement dispose d’un atout non négligeable. L’avis timide de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) lui a entrouvert les portes. « L’application peut être déployée, conformément au règlement général de protection des données (RGPD), si son utilité pour la gestion de la crise est suffisamment avérée et si certaines garanties sont apportées » ont estimé les membres du collège. Ils ont toutefois assorti leur « feu vert » d’un certain nombre de réserves. « Ce type d’application pose des questions inédites en terme de protection de la vie privée » ont-ils ajouté. Et c’est là, bien-sûr, où le bât blesse.

Prête dès le 11 mai ?

L’application sera-t-elle prête pour le 11 mai, date du début du déconfinement dont on sait qu’il sera progressif ? Rien n’est moins sûr. Une équipe est certes dédiée depuis plusieurs semaines au développement du prototype. Mais les écueils restent nombreux. Par exemple, le gouvernement n’a toujours reçu le feu vert de Google et Apple  pour mettre à disposition l’application Stop Covid sur les Google Play et Apple Store (ce qui permettrait de l’installer sur les iPhone et les smartphone sous Android.) Par ailleurs, les deux géants du numérique ont eux-mêmes déjà signé un partenariat pour permettre le suivi numérique des individus ayant été à proximité des personnes infectées « dans le but d’aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus ». Une façon, probablement, de tirer la couverture à eux.

Les opposants pétitionnent

Restent les questions plus fondamentales. Elles ont trait évidemment aux libertés individuelles et au traçage des individus en général. Le gouvernement, bien-sûr, se veut rassurant qui évoque une « application volontaire (NDLR : ce qui risque d’en réduire considérablement l’intérêt), temporaire et anonyme. » Force est de constater, tout de même, que l’on va rarement en arrière lorsqu’on met en place ce genre de système et que le fameux principe de précaution, adopté pour des raisons sanitaires, devrait aussi s’appliquer en matière de libertés fondamentales, déjà sérieusement chahutées depuis le début de la crise… L’ensemble des groupes d’opposition, du Parti Communiste au Rassemblement National, en passant par La France Insoumise, le Parti Socialiste, Europe-Ecologie-Les Verts, l’UDI et Les Républicains, ont témoigné de leur désapprobation et de leurs inquiétudes. Quant à l’Eurodéputé LREM, Stéphane Séjourné, ex conseiller du Président de la République, dans une interview au Parisien, il estime que le traçage numérique revenait à « admettre que les régimes autoritaires sont mieux armés que les démocraties pour répondre à la crise. »

Face à l’installation probable d’un « outil de surveillance », une pétition citoyenne est en ligne qui dénonce les dérives possibles et dit non à « ce premier pas vers une société de contrôle de masse de la population ». Et les initiateurs de la pétition d’ajouter: «n’oublions pas que si les crises passent, les outils et leur usage restent ». Une affirmation que l’on ne peut évidemment démentir…

 

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