La fermeture des musées a finalement été l’occasion pour les historiens de percer certains des mystères des tableaux du château puydomois. Inspirée d’un récit du Moyen Age repris par l’Arioste à la Renaissance et représentées à la manière flamande et italienne par des auteurs inconnus, ces fresques du récit de Roland Furieux démontrent la richesse patrimoniale.
De l’Arioste à Roland furieux : amour contrarié et fidélité à la couronne
Écrit en 1516 par l’écrivain Arioste et adaptée de la Chanson de Roland écrite au Moyen-âge, Orlando Furioso est l’œuvre qui a inspiré les tableaux présentés aux MARQ. Dans cette exposition, on trouve un cycle de douze peintures du château d’Effiat, trois tapisseries prêtées par la Chancellerie des Universités de Paris et des fauteuils appartenant au Cardinal Richelieu fournis par Le Mobilier National.
Roland amoureux deviendra Roland furieux. Ce récit raconte l’amour contrarié d’un homme qui n’a eu de cesse de courtiser une femme, Angélique, qui n’avait d’yeux que pour un autre chevalier, Médor, avec en toile de fond, la guerre entre Charlemagne et les Sarrasins au VIIIe siècle. Morale de l’histoire : «Il ne faut pas draguer une femme qui ne nous aime pas ! C’est finalement l’une des premières œuvres sur le consentement !» a souligné avec humour le maire, Olivier Bianchi, lors du vernissage de l’exposition.
Envoyé en Italie, le marquis d’Effiat était l’émissaire du cardinal Richelieu, ministre de Louis XIII. «Une façon d’affirmer que le marquis d’Effiat sera fidèle à la couronne contrairement à Roland qui a trahi Charlemagne, même si la trahison est temporaire» explique Cécile Dupré, cheffe du service musées et patrimoine à Clermont-Auvergne Métropole, lors de la présentation guidée.
Le confinement : une aubaine pour découvrir les secrets des tableaux
Classés aux Monuments Historique depuis 1951, les tableaux de cette exposition devaient être présentés durant l’été 2020. D’octobre 2019 à mars 2021, une restauration et une analyse d’envergure a été menée par Béatrice Damour et son équipe. Cette enquête scientifique a permis de passer au crible les toiles en les examinant avec des techniques «de radiographies, photographies infrarouges, prélèvement de la couche picturale d’analyses physico-chimiques».
Les tableaux recèlent pourtant encore bien des mystères. Actuellement, on ne peut dire qui a réalisé ses tableaux, ils restent anonymes. Les historiens ont supposé qu’ils sont issus d’une collaboration d’ateliers, les paysages étant représentés à la manière flamande tandis que les personnages le sont à la manière italienne.
Transmettre et valoriser le patrimoine de façon ludique
«Les Auvergnats connaissent finalement mal leur patrimoine» déplore le maire de la ville. Transmettre et valoriser les richesses de notre territoire est justement l’ambition du Musée d’Art Roger Quilliot qui s’évertue à les rendre accessibles à tous et toujours plus attractives.
La réalité augmentée permet d’en savoir plus sur les techniques picturales d’époque. Une table circulaire explique l’iconographie du cycle de Roland furieux et des fascicules destinés aux publics retracent toute l’histoire des œuvres.
Emma D’Aversa
Exposition Roland furieux, Musée d’Art Roger Quilliot, Place Louis Deteix, 63100 Clermont-Ferrand.
Jusqu’au 19 septembre.
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