Solide comme un roc, Raphaël Géminiani fête, en ce 12 juin 2024, son 99e anniversaire.
Né à Clermont de parents italiens qui avaient fui le régime fasciste, il convient d’employer les superlatifs pour parler de ce véritable personnage. Excellent coureur cycliste professionnel de 1946 à 1960, il fut sacré Champion de France 1953, remporta 7 étapes du Tour de France, terminant 2e du Tour 1951 et 3e du Tour 1958 et porta le maillot de leader sur les trois Tours de France, d’Italie et d’Espagne. Il fut également un très grand directeur sportif, comprenant dès les années 50 que les équipes avaient besoin de moyens financiers pour gagner. Il joua donc un rôle décisif dans le sponsoring cycliste en l’ouvrant aux marques hors vélo. Il comprit également que les victoires se jouent dans la presse. On se souviendra de ce moment d’anthologie largement relayé par les gazettes en 1965, lorsqu’il poussa Jacques Anquetil, dont il était le directeur sportif, vers l’exploit de remporter Bordeaux-Paris au lendemain de sa victoire dans le Critérium du Dauphiné libéré. Géminiani resta longtemps un incontournable du milieu cycliste, célèbre pour son franc parler, toujours prêt à piocher dans sa très fournie boîte à souvenirs. Depuis sa maison de retraite de Pérignat, il suit encore avec grand intérêt les saisons cyclistes qui défilent, n’hésitant pas à l’occasion à conseiller les Bardet, Alaphilippe et autres Cavagna, ses héritiers auvergnats.
Gem personnage public
Raphaël Géminiani, Gem pour les intimes, est toujours resté fidèle à Clermont. Appartenant à la caste des bons vivants et solide descendeur, même quand il n’était pas sur un vélo, il ouvrit un bar-restaurant, place de Jaude, passage obligé des Clermontois dans les années 60. On le retrouva dans la vie mondaine, mais aussi derrière le volant de Ford (un de ses sponsors), engagé dans le rallye de Monté-Carlo avec des ambitions plus médiatiques que sportives. Il apparaît aussi dans le film documentaire de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié où il affirme curieusement ne pas avoir vu d’Allemands à Clermont pendant la guerre. Cette incongruité ne l’empêche pas d’avoir sa photo dans le bureau du maire de Clermont, pourtant féru d’histoire. L’image est symbolique : on le voit finir en vainqueur, les bras levés, une étape du Tour de France 1951, entre Limoges et Clermont, qui arrivait sur l’ancien vélodrome du stade Philippe Marcombes. À l’époque Raphaël Géminiani courrait sous les couleur de l’équipe italienne… Bianchi. La photo fut offerte à l’édile le jour de la pose de la première pierre du nouveau stade Marcombes en 2018.
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