En 1969, Léo Ferré chantait C’est extra et Eddy Merckx remportait le premier de ses cinq Tours de France: le cannibale ne laissait que des miettes à ses adversaires. Le monde universitaire, lui, était en chambardement après le grand chaos de 68. Un chaos peut-être fondateur. A Clermont, le CUST voyait le jour, révélant un nouveau modèle de formation des ingénieurs. « La création du CUST reposait sur une intuition » estime aujourd’hui Mathias Bernard, le président de l’Université Clermont Auvergne. »L’idée était de dépasser les clivages traditionnels entre les écoles d’ingénieurs et l’université, d’expérimenter un nouveau monde de formation connecté à l’université et à la recherche. » Le CUST devenait dès lors une composante de l’Université de Clermont puis, en 1976, de l’Université Blaise-Pascal lorsque les deux universités clermontoises éclataient (Blaise-Pascal d’un côté, Université d’Auvergne d’autre part). Initié à Clermont, et parallèlement à Lille et à Montpellier, ce modèle a aujourd’hui été rejoint, en France, par plus de 40 écoles d’ingénieurs internes aux universités. Il s’impose aussi comme le standard international de formation des ingénieurs dans le monde entier.
Plus de 1000 élèves-ingénieurs
50 années plus tard et pas mal d’étapes intermédiaires: Polytech Clermont (ex CUST) fête son demi-siècle, sans luxe particulier mais avec la détermination de mettre en relief cet anniversaire. « C’est le bon moment pour dresser un bilan et se projeter vers l’avenir. Le monde de l’enseignement et de la recherche est en pleine évolution. Les perspectives sont différentes de ce que l’on pouvait envisager il y a quelques années » souligne Christian Larroche, le directeur de Polytech Clermont. L’école est celle qui forme le plus d’ingénieurs en Auvergne et il lui semble nécessaire aujourd’hui de le faire savoir. « Polytech Clermont, c’est aujourd’hui plus de 1000 élèves-ingénieurs et apprentis-ingénieurs, 80 enseignants-chercheurs, 9 laboratoires de recherche associés ou encore plus de 60 partenaires associés » explique le directeur au savoureux accent du sud-ouest. Multi-disciplinaire, l’école s’ouvre sur six spécialités: le génie biologique, le génie civil, le génie électrique, le génie mathématique et modélisation, le génie physique et le génie des systèmes de production. Elle est, depuis 2004, membre du réseau Polytech qui, en France, regroupe 15 écoles membres et 2 écoles associées. D’où son nom actuel adopté en 2006. « Le réseau Polytech, c’est à la fois l’ancrage national et la dimension internationale. Le mode de recrutement est commun aux membres, ainsi que le règlement des études. Nos valeurs et nos engagement sont partagés » indique Christian Larroche.
Améliorer l’attractivité et la visibilité
En 2020, Polytech Clermont devrait devenir l’une des trois composantes du nouvel Institut National Polytechnique clermontois (INP) aux côtés de l’ISIMA et de SIGMA. Une structure nouvelle qui regroupera alors entre 2500 et 3000 étudiants. A travers la création de cette fédération d’écoles, l’objectif est d’améliorer l’attractivité et la visibilité, de progresser dans les classements internationaux et de renforcer l’inter-face avec le monde socio-économique. Un passage presque obligé. « Il ne s’agit en rien d’une disparition. Chacune des écoles conservera sa marque, une identité, une partie de son autonomie. Mais des moyens seront mis en commun, une stratégie partagée sera établie et, évidemment, la structure bénéficiera d’un conseil d’administration et d’un conseil scientifique. Il s’agira d’une mise en cohérence » indique Mathias Bernard. Pour sa part, le directeur de Polytech Clermont envisage la création de l’INP avec un mélange d’enthousiasme et de lucidité, de prudence: « Il faut imaginer comment la structure va fonctionner, ce qu’elle apportera comme plus-valu. Pour le moment, ça n’est que du papier. J’attends les travaux pratiques. »
De témoignages en cérémonie
L’INP viendra donc en 2020. Pour l’heure, Polytech Clermont vit à l’heure de ses 50 ans. Et en profite pour ranimer la mémoire de ses anciens élèves. « Nous avons lancé l’opération My Cust Polytech, en nous servant des réseaux sociaux. Elle consiste à réunir un grand nombre de témoignages parmi les 7000 diplômés de notre école à ce jour. Cette collecte sera valorisée au fur et à mesure des prochains épisodes de notre anniversaire » précise Christian Larroche. Au mois d’octobre, une grande exposition sera ainsi organisée entre les murs de l’école et une cérémonie-spéciale 50 ans est déjà programmée pour le 29 novembre. Un anniversaire que Polytech Clermont entend conjuguer au passé composé, au présent et au futur.
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