Il n’y pas si longtemps, personne n’imaginait que des poids lourds 100% électriques seraient en capacité d’assurer des liaisons quotidiennes sur des moyennes distances… c’est pourtant désormais possible. La plateforme Colissimo des Gravanches a lancé avec succès, il y a quelques semaines, une expérimentation avec le Groupe GTY, Gibert Transports Yssingelais, sur les deux liaisons Clermont-Montluçon et Clermont-Moulins avec des semi-remorques 0 émission. Il s’agit d’une première en France pour le groupe La Poste-Colissimo, dont les ambitions de réduction des émissions de CO² sont très ambitieuses. Le groupe a, en effet, investi 900 millions d’euros en 10 ans, des investissements essentiels pour rouler propre et contribuer à l’atteinte du 0 carbone pour l’ensemble des activités du groupe en 2040, 10 ans plus tôt que l’objectif fixé par l’Union Européenne.
La Poste possède le plus grand parc de véhicules électriques d’Europe
Actuellement, 66% des derniers kilomètres de livraison de la Poste en France se font en véhicules électriques que ce soit à vélo, en triporteurs ou en camionnette. Son parc de véhicules électriques ouvert depuis longtemps avec les premiers Kangoo électriques de Renault, est aujourd’hui le plus développé d’Europe. Mais avant les derniers km, il faut relier les plateformes et pour l’instant les camions à moteurs thermiques sont majoritaires même si leurs émissions baissent grâce aux biocarburants. La plateforme Colissimo des Gravanches qui est reliée à 10 autres plateformes, traite quotidiennement 80 000 colis et rayonne sur 7 départements avec 120 rotations par jour. Autant dire que les résultats de cette expérimentation avec deux camions 100% électriques sont scrutés avec attention.
Baisser les émission de carbone avec la même qualité de service
« Pour nous cela ne fait aucune différence. Le camion roule aussi vite, il est aussi régulier, la qualité de service de notre transporteur est aussi bonne que d’habitude… donc pas d’impact » explique Éric Gaul, directeur de la plateforme Colissimo et de l’agence de livraison de Clermont. « L’année dernière, on avait les contrats pour Moulins et Montluçon qui arrivaient à terme. On cherchait un transport qui soit moins énergivore pour réduire les émissions de carbone. Mes collaborateurs ont proposé l’électrique. J’ai un peu tiqué mais il m’ont dit que cela fonctionnait sur cette distance d’après les échanges qu’ils avaient avec pas mal de transporteurs. Derrière, on a fait un cahier des charges qui mis à part l’électrique était exactement le même avec qualité de service irréprochable et horaires d’arrivée irréprochables ». La plateforme a fait un appel d’offre national et Eric Gaul a découvert que GTY l’avait remporté. « J’ai juste su que GTY avait été retenu, à mon plus grand plaisir quand-même puisque c’est une entreprise de la région. En tant qu’Auvergnats, on est fiers d’être les premiers en France avec une entreprise auvergnate. Maintenant que nous sommes arrivés à cette première étape, on espère bien en fonction des avancées de capacité de batterie passer toute la flotte en électrique aux alentours de 2030, en tout cas c’est mon objectif ».
500 kilomètres d’autonomie pour les poids lourds 100% électriques en 2025
GTY, prestataire transports de Colissimo, est implanté à Yssingeaux dans la Loire avec une forte activité sur le Puy-de-Dôme. Le transporteur s’intéresse depuis longtemps à la réduction des émissions de CO2 qui est d’ailleurs imposée par certains clients. Sur les 120 camions de son parc actuel, seuls 4* sont 100% électrique, mais les autres circulent déjà plus propre avec du diesel HVO 100, produit à partir d’huiles végétales, résiduelles ou de déchets. « Je suis venu au bio carburant car j’en avait un peu marre d’entendre transporteurs-pollueurs, une étiquette qui nous colle à la peau » explique Jean-Michel Gibert, président de GTY. « Aujourd’hui on est en bas carbone et on ne pollue pas plus que d’autres industries, c’est donc important d’afficher qu’on se bat pour être moins énergivores ». Alors forcement, GTY s’adapte aux produits mis sur le marché. « Il faut savoir que depuis 4 ou 5 ans, les constructeurs développent des véhicules électriques dont les capacités de batterie augmentent chaque année. Cela permet aujourd’hui d’avoir des transports sur des moyennes distances de 3 à 400 kilomètres. En 2025 nous aurons du 500 km. En fait ce sont les constructeurs qui font les projets de développement des transporteurs, en fonction de ce qu’ils proposent. Je sais qu’aujourd’hui, ils travaillent sur l’hydrogène, donc d’ici à 2030 nous auront peut-être des véhicules de ce type. » En attendant Jean-Michel Gibert soigne au mieux son client Colissimo en calibrant la prestation au plus proche de la demande. « Au début nous avons fait des essais avec de petites distances et nous avons progressivement augmenté. On sait maintenant qu’en 2025, des liaisons que l’on ne fait pas aujourd’hui comme Guéret, Saint-Etienne, Lyon ou le sud de Paris seront faisables »
L’électrique améliore sensiblement les conditions de travail des chauffeurs
« L’électrique apporte beaucoup plus de confort pour les chauffeurs » explique Jean-Michel Gibert qui est de plus en plus attentif à la qualité de vie professionnelle et qui constate que la technologie électrique permet réellement d’améliorer les conditions de travail. « Silencieux, pas de bruit, pas de vibration… je pense qu’aujourd’hui, il nous faut nous occuper de nos personnels. Ils doivent être chouchoutés, parce que ce sont des gens qui font un travail très dur. On critique beaucoup les transporteurs mais ce sont eux qui remplissent les rayons des magasins, il ne faut pas l’oublier ». Les conditions de travail chez GTY vont encore progresser puisque le chef d’entreprise annonce l’arrivée prochaine de 10 nouveaux poids lourds 100% électrique acquis avec le soutien financier de l’ADEME. GTY a en effet, remporté un appel à projet.
*Un tracteur 100% électrique coûte actuellement 300 000 euros environ, soit le double de son équivalent thermique.
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