Local de campagne, rue Blatin. Lorsqu’il y vient, Olivier Bianchi, maire de Clermont depuis six ans, n’est plus l’élu en charge des affaires de la ville. Mais un candidat, qualifié pour le second tour du 28 juin. Il nous y reçoit, dans un bureau, à l’heure du café matinal, alors qu’il vient tout juste de fêter son cinquante et unième anniversaire.
7 JOURS A CLERMONT: Comment analysez-vous le score que vous avez réalisé lors du premier tour, il y a déjà près de trois mois ?
OLIVIER BIANCHI : En 2014, j’avais obtenu 31%, j’étais alors un nouveau candidat. Cette fois, j’ai réalisé 38%. Les électeurs me connaissent désormais et il est vrai que je représentais l’union des forces démocratiques, écologiques et socialistes. Cela a évidemment du poids. Après, je m’interroge sur le sens qu’il faut donner aux résultats de ce premier tour dans un contexte vraiment particulier en terme de participation. Ce score est-il vraiment représentatif ? Maintenant, je n’ai aucune idée de ce que sera la participation au second tour: la peur du virus dissuadera-t-elle les électeurs de se déplacer ? Ils peuvent, en tous cas, se rassurer : les meilleures conditions sanitaires seront assurées. L’élection aura un caractère particulièrement important : il s’agira, en l’occurrence, de désigner celui qui devra gérer la destinée de la ville pendant 6 ans dans une période particulièrement délicate. Je pense que dans cette situation, il vaut mieux compter sur quelqu’un de solide, d’honnête, d’ouvert et de réfléchi susceptible de travailler à l’intérêt général.
7JC : La crise sanitaire vous a-t-elle obligé à revoir votre programme ?
O.B : Non parce qu’elle a mis particulièrement en valeur des questions que nous avions déjà soulevées avant le premier tour. Par exemple le fait d’être capable de trouver sur notre territoire nos propres ressources et, aussi, l’idée de ne pas gaspiller. Notre souhait, c’est de fabriquer une ville un peu « safe ». Le constat existait avant la crise, nous n’avons pas eu à réinventer un programme mais plutôt à réajuster certains éléments.
7JC : La crise peut-elle avoir des conséquences sur le résultat de l’élection ?
O.B : Mon impression est que les électeurs vont s’émanciper des appartenances partitaires pour élire celui qui, humainement, leur semblera le plus capable d’être un bon maire. A l’échelle locale, il me semble que les partis n’ont plus vraiment de sens. Le choix va d’abord s’effectuer entre des individus qui ont des valeurs différentes.
« Un candidat qui s’est vautré dans la tambouille »
7JC : Vos principaux adversaires, ce sont Jean-Pierre Brenas et Eric Faidy…
O.B : Oui, c’est ceux avec lesquels je compte le plus de désaccords. Je suis sincèrement choqué lorsqu’il existe un hiatus entre ce qui est dit et ce qui est fait. On a vu arriver un candidat qui stigmatisait les « politicards », un « Monsieur Propre » qui voulait agir autrement. Cet homme, qui nous a « bassiné », s’est vautré dans la tambouille. Ce qu’il a fait, c’est exactement ce qu’il avait condamné… Jean-Pierre Brenas, pour sa part, est un homme de droite. Il est assez cohérent, j’ai moins de critique à lui faire. Il estime que cette alliance de circonstance peut lui permettre de prendre la ville.
7JC : Avez-vous cherché une alliance avec la candidate de La France Insoumise, Marianne Maximi, également présente au second tour ?
O.B : Je considère aujourd’hui que les gens ne comprendraient plus que l’on cherche à conserver la ville à partir d’un simple accord technique. Avec Marianne Maximi, nous nous sommes vus, il y a eu des avances. Mais tout accord devait intervenir autour d’une gouvernance commune et non sur une simple fusion de circonstance. A partir du moment où nos idées divergent, un accord ne me paraissait pas souhaitable. Je pense que voter pour un courant qui refuse délibérément de participer à la gouvernance, cela correspond à gaspiller sa voix, à la rendre stérile.
« Au service de tous, sans dogmatisme »
7JC : Vous vous estimez un candidat de gauche. Serez-vous un maire de gauche ?
O.B : Oui, tout mon parcours politique en témoigne : je suis un homme de gauche. Contrairement à d’autres, au moment où le Parti Socialiste s’est retrouvé en difficulté, j’ai refusé de céder aux sirènes macronistes. Je suis de gauche, délibérément, mais d’une certaine gauche: la social-démocratie. Le monde est complexe, je ne prône pas la révolution, je préfère, et de loin, la négociation. Comme maire, j’entends affirmer des valeurs de gauche mais ma volonté est d’être au service de tous, sans dogmatisme. J’ajoute que le tandem Brenas-Faidy voit en moi un social-communiste tandis que Marianne Maximi me définit comme à droite. Tous sont dans la caricature.
7JC : Si vous êtes élu, votre prochain mandat sera-t-il « vert »?
O.B: Il le sera absolument. Il faut revoir les transports, la mobilité, remettre des espaces verts, rendre la ville plus sereine. Les logements sont indispensables mais il faut les réaliser dans un souci d’équilibre. Et puis il y a des enjeux comme la rénovation thermique des bâtiments ou les réseaux alimentaires. L’environnement sera évidemment au centre des préoccupations.
7JC : Quelles sont les différences entre Olivier Bianchi version 2014 et celui d’aujourd’hui ?
O.B : C’est le même mais avec l’expérience de six années, le recul sur les choses. Je suis plus serein, plus assis. J’étais dans ma quarantaine, aujourd’hui je suis un homme de cinquante ans. Mon énergie est entière mais elle s’est teintée de davantage de sagesse. C’est le sens de la vie…
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