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Sucrerie de Bourdon
Les jours de la sucrerie de Bourdon sont comptés
Économie

La sucrerie de Bourdon a le blues

Plus ancienne sucrerie en France, Bourdon, à Aulnat est aussi la seule au sud de la Loire. Ses 96 salariés ont appris la semaine dernière la fermeture annoncée de l'usine. Aujourd'hui, agriculteurs et salariés se demandent comment sauver l'entreprise.

Plus ancienne sucrerie en France, Bourdon, à Aulnat est aussi la seule au sud de la Loire. Ses 96 salariés ont appris récemment la fermeture annoncée de l’usine. Aujourd’hui, agriculteurs et salariés se demandent comment sauver l’entreprise.

Brice Laurier, secrétaire du comité d’établissement prévient, « si la sucrerie ferme, la culture de la betterave en Limagne va disparaître, pénalisant de nombreux agriculteurs betteraviers ainsi que de nombreux éleveurs consommateurs de pulpe de betteraves. »

Sous le choc de cette annonce, les agriculteurs vont mener la campagne 2019 à son terme fin décembre. Mais ils ne savent pas ce qu’ils pourront planter l’année prochaine. La sucrerie serait dans un premier temps mise en vente et si elle ne trouve pas de repreneur, un plan social sera engagé. « Au-delà, c’est tout un écosystème qui est fragilisé. 350 emplois directs et indirects qui pourraient disparaître… Bref, un écosystème pertinent créateur de valeur pour notre région » regrette Régis Chaucheprat, président du syndicat des planteurs de  betteraves CGB Limagnes.

Sauver le sucre local

Régis Chaucheprat anticipe, «nous allons tout mettre en œuvre pour étudier tout projet permettant de pérenniser la production de betterave et de sucre dans la région Auvergne-Rhône Alpes. Nous avons la volonté de rassembler planteurs, élus locaux, régionaux et nationaux, organisations professionnelles, organisations économiques et administration pour relever un nouveau défi autour d’un projet collectif territorial permettant de passer ce cap difficile. » Outre ce travail de réflexion collective qui démarre, une autre piste serait possible. Pour que l’usine ne ferme pas et que les cultivateurs de betteraves de la région ne mettent pas la clef sous la porte, les agriculteurs réunis en coopérative pourraient reprendre la sucrerie à Cristal Union.

Payer les pots cassés

Brice Laurier dénonce « les erreurs stratégiques du groupe Cristal Union le conduisant dans la voie de la restructuration et les erreurs stratégiques qui ont suivi l’arrêt des quotas pour la culture de la Betterave. » Il faut dire qu’en 2012, 89 délégués représentant les différents membres de la société coopérative auvergnate Sucrerie de Bourdon de l’époque s’étaient majoritairement prononcés pour la fusion avec le groupe Cristal Union. La coopérative affichait en 2011 un CA de 35 M€, avec 90 salariés et 450 agriculteurs adhérents. Une décision que beaucoup de cultivateurs regrettent amèrement aujourd’hui. Encouragés a produire, depuis la fin des quotas en octobre 2017, une petite quarantaine de nouveaux producteurs de betteraves se sont installés en Limagne, portant leur nombre à environ 400. Chaque année 70000 tonnes de sucre sont produites à partir des 5 000 ha de betterave sucrière cultivés en Auvergne, et la moitié est consommée dans la région.

Le cas de la sucrerie de Bourdon n’est pas isolé. Cristal Union ferme également Toury et une partie de l’atelier de conditionnement d’Erstein dans d’autres régions.

À propos de l'auteur

Sonia Reyne

Journaliste en Auvergne , elle couvre les thématiques liées à la ruralité, l’environnement, les alternatives sociales, économiques ou agricoles, le numérique et les atouts de la région. Après une longue collaboration avec La Galipote, Sonia est passée par La Gazette de Thiers, La Montagne et d'autres titres locaux. Elle collabore régulièrement aux 4 saisons du Jardin bio ainsi qu'à Village magazine. Présidente du Club de la presse Auvergne, elle préside également l'Union des Clubs de la Presse de France et Francophones.

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