C’est en 1974, dans le Puy-de-Dôme, que Sandrine Plante pousse son cri primal. Avec une mère auvergnate et un père réunionnais, la voici dotée d’une identité métissée « zoréole » (contraction de créole et zoreille), influencée par deux pays de terres volcaniques. 8 ans plus tard, une tante lui offre de la terre à modeler, une matière avec laquelle la connexion est immédiate. La sculpture s’impose et devient pour elle, le moyen d’expression le plus pertinent.
Autodidacte, une décennie durant, Sandrine Plante passe un bac arts plastiques puis rejoint l’université pour décrocher un diplôme d’histoire de l’art. Mais la sculpture nécessite un apprentissage auprès d’un maître. Elle choisit, la référence auvergnate, Jean Chauchard, sculpteur de Moissat, lauréat du Prix de Rome, ancien élève de Paul Belmondo, spécialiste de l’anatomie. Puis vient l’école de la Pierre à Volvic et des stages en Italie chez un maître du marbre de Carrare, Gigi Guadagnucci.
Aujourd’hui l’artiste est installée à Billom à quelques encablures de Moissat. Son travail est désormais reconnu dans le monde entier et certaines de ses pièces ont fait l’objet d’acquisitions, notamment par des musées thématiques.

La propre histoire que Sandrine Plante et de ses ancêtres africains

C’est en se questionnant sur sa propre histoire que Sandrine Plante se prend de passion pour celle de ses ancêtres africains et en fait son sujet principal. L’art lui permet de raconter ses racines et de militer « sans violence et sans haine ». C’est pour elle une manière d’accomplir son devoir de mémoire et de rendre leur dignité à ses ancêtres. Elle absorbe tout ce qu’elle peut absorber, dans la littérature, les essais ou les films afin de nourrir un « travail de façon chronologique, des féticheurs aux hommes libres, en passant par les nomades et les esclaves ». Sa création engagée lui permet de jouer le rôle de porte-parole des opprimés, ceux du passé, mais aussi les contemporains. Ses sculptures figuratives à l’échelle 1, sont d’un incroyable réalisme générateur d’émotions.

Ni modèle, ni dessin, ni gravure

L’exposition Vies volées, vies rêvées est constitué d’une quarantaine de pièces réalisées principalement en résine acrylique. Seules deux œuvres en terre cuite sont présentées. « J’expose peu de sculptures originales en terre, car elles sont très lourdes et difficiles à manipuler. « Je réserve les originaux en terre pour des musées et lieux de mémoire » explique l’artiste, ajoutant qu’elle utilise la résine acrylique car elle est moins nocive donc moins dangereuse à manipuler que les résines époxy ou polyuréthane et permet un rendu très fidèle. Lorsqu’elle attaque une sculpture, Sandrine Plante n’utilise ni modèle, ni dessin, ni gravure, elle laisse faire l’inspiration et se base sur les visages des personnages qui la visitent dans ses rêves.

Vies volées, vies rêvées, exposition d’œuvres de Sandrine Plante, présentée par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, Chapelle des Cordeliers, place Sugny à Clermont.
Entrée libre du mardi au samedi de 13h à 18h.
Ouverture exceptionnelle dans le cadre des Arts en Balade 2023, Performances live de l’artiste, mercredi 7 et vendredi 9 juin de 14h à 17h