Tandis que la droite modérée et le centre se présenteront unis au second tour de l’élection municipale clermontoise, la gauche ira aux urnes en ordre dispersé. Dotée de 12,32 % au premier tour, l’ « Insoumise » Marianne Maximi n’a en effet scellé aucun accord avec le maire sortant Olivier Bianchi. Elle se présentera donc devant les électeurs en faisant valoir ses propres idées, autour d’un programme sans concession. 7 Jours à Clermont l’a rencontrée à quelques jours du scrutin.
7 JOURS A CLERMONT : Les Clermontois connaissent bien vos adversaires du deuxième tour mais, pour beaucoup, ils vous découvrent. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots…
MARIANNE MAXIMI : J’ai 34 ans et suis éducatrice spécialisée en protection de l’enfance. Je suis aussi une élue sortante, entrée au Conseil municipal en 2014 sur la liste d’Alain Laffont. Mon intérêt pour la politique est né lorsque j’étais étudiante à la fac de Clermont, ville que j’ai rejoint pour mes études. C’est en Normandie que je suis né et dans l’Allier que j’ai grandi.
7JC : Comment analysez-vous votre score du premier tour ?
M.M : Il est difficile de faire une analyse compte tenu du contexte très particulier et de la faible participation. Sur un plan purement arithmétique, nous sommes plutôt fiers du résultat obtenu. On a mené une belle campagne, réussi à mobiliser, à réunir pas mal de gens au sein du collectif. Nous avons aussi repris le flambeau d’Alain Laffont qui a été mon mentor dans le domaine politique. C’est la même tradition…
7JC : Vous êtes la seule femme qualifiée pour le deuxième tour. Est-ce une source de motivation supplémentaire ?
M.M : Il est important que les femmes soient présentes dans le débat politique. On est en 2020 … Jusque-là, ce sont toujours des hommes qui ont mené cette ville. Je suis à la fois une femme en politique et une femme qui travaille. Cela me distingue d’autres candidats. Incontestablement, je suis une militante féministe.
« Une politique de gauche sans concession »
7JC : La crise sanitaire vous a-t-elle obligé à réajuster votre programme entre les deux tours ?
M.M : En réalité, nous avions déjà travaillé sur les questions que la crise a mis en évidence. La santé, l’écologie, le climat faisaient partie de nos priorités, notre programme est construit autour de ces thèmes fondamentaux. La crise a confirmé la nécessité des changements à apporter. Nous avons juste eu à « rehiérarchiser » certaines choses. De toute évidence, la gestion gouvernementale de la crise n’a pas été satisfaisante, il n’y a eu aucune anticipation et les services publics ont été détruits petit à petit. Dans le domaine de la petite enfance, au sein duquel je travaille, les moyens nous ont manqué. On a pris cet épisode de plein fouet…
7JC : Avez-vous le sentiment d’être la seule candidate de gauche en lice au second tour ?
M.M : La seule qui propose une politique de gauche sans concession, c’est certain. A la Métropole, Olivier Bianchi préside en effectuant des compromis avec la droite. Pour le second tour de la municipale, il va aller chercher des votes de La République en Marche. Nous, nous sommes indépendants et clairement à gauche.
7JC : C’est quoi, une ville de gauche ?
M.M : C’est d’abord une ville qui protège sa population. Une ville qui effectue des choix politiques en fonction de l’intérêt général, qui renforce ses services publics.
7JC : Votre programme est délibérément social. Est-il également vert ?
M.M : Il l’est de manière fondamentale, essentielle. C’est bien beau de planter des arbres, ici ou là, mais cela se révèle insuffisant si l’on ne propose pas d’autres façons d’habiter, de se déplacer, de consommer. La réalité est qu’il faut prendre le problème à la racine, proposer de nouvelles solutions. C’est ce que nous appelons « la règle verte ». L’écologie doit être partout, à la source des décisions.
« Olivier Bianchi porte la responsabilité de la non-fusion »
7JC : N’avez-vous pas été tentée par une fusion avec la liste d’Olivier Bianchi ?
M.M : Nous avons une tradition dans cette ville. Durant l’entre-deux-tours, on analyse les résultats, en particulier le score de la droite. En 2014, il y avait ainsi eu une fusion technique- et non programmatique- entre les listes d’Alain Laffont et d’Olivier Bianchi. Cette fois, le maire sortant a rompu avec cette tradition. Il en porte seul la responsabilité, c’est son chemin politique… Nous nous maintenons donc, nous faisons notre campagne, nous exprimons nos idées…
7JC : Ne craignez-vous pas que les électeurs de gauche soient tentés par un « vote utile » ?
M.M : Je ne sais pas bien ce que cela signifie. La droite n’est pas prête, la fusion qu’elle a réalisée ne prend pas, elle est peu crédible. Dès lors, en quoi y aurait-il un vote utile ? Nous appelons plutôt les électeurs à voter selon leurs convictions.
7JC : En quelques mots, vos priorités…
M.M : Nous voulons une ville qui protège. En terme social, cela veut dire l’accès à la santé, le service public, les transports en commun gratuits. Nous sommes aussi pour le développement d’un vrai plan d’autonomie alimentaire. Aujourd’hui, on parle peu de la question de l’eau, elle est pourtant cruciale et urgente. Nous proposons l’accès à l’eau en répartissant équitablement les premiers mètres cube et en mettant en place une tarification progressive. Et puis, bien sûr, il y a notre règle verte.
7JC : Vit-on bien à Clermont, aujourd’hui ?
M.M : Clermont est une ville agréable. Mais il est sûr qu’on pourrait y vivre mieux encore …
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