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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’Europe en mal d’inspiration

Les élections européennes, qui, en France, auront lieu dimanche 26 mai, passionnent peu nos concitoyens. Comment pourrait-il en être autrement tant l'Union Européenne, aujourd'hui, souffre d'absence de cap, d'âme et de souffle démocratique?

L’Europe, bien-sûr. Mais de quelle Europe parle-t-on ? De l’Europe-continent, celle qui va des des récifs du Cap Nord (Nordkapp en norvégien) au rocher de Gibraltar, des plages de l’Atlantique jusqu’aux montagnes de l’Oural ou aux rives du Bosphore. L’Europe que l’on peut lire sur une carte de géographie ou apercevoir sur les contours d’un globe terrestre?

L’Europe d’hier, conquérante et dominatrice? Celle des livres d’histoire, des grands royaumes, opposés et pourtant enchevêtrés, des longs conflits, des batailles sanglantes? L’Europe chrétienne, hérissée de cathédrales, marquée par les croisades, les guerres de religion? Celle qui traversait les océans et découvrait de nouveaux horizons? Cette Europe aux histoires mêlées, aux destins entrecroisés, aux langues qui se mélangent? De Rome à Vienne, de Berlin jusqu’à Saint Petersburg.

Est-ce l’idée européenne ? Née aux lendemains de deux guerres fratricides, meurtrières, effroyables. Se réunir pour ne plus s’affronter… Celle du plus jamais ça ?

Est-ce une Europe européenne, totale, fermée, protectrice ? Ou bien, au contraire, ouverte à tous les vents, mondialisée, continent d’accueil, d’absorption ? Qu’en est-il de l’identité, du ciment européen ? Et où fixer les frontières de cette entité en mal de définition ? Veut-on une Europe fédérale ou une Europe des nations ? Etre ensemble ? Oui. Mais jusqu’où, à combien et comment ?

Aujourd’hui, l’Europe est un train qui s’est arrêté en marche. Non pas faute de voyageurs mais plutôt par manque de destination.

L’Europe du moins pire

A la veille d’un nouveau scrutin continental qui, ici comme ailleurs, suscite peu d’enthousiasme, le constat est flagrant : l’Europe souffre d’indécision, d’absence de cap, de vision. Difficile de concerner les peuples, les électeurs face à une structure qui ressemble davantage à un système ou à un mécanisme qu’à une entité physique, géographique, politique et idéologique.  Cette Europe, lointaine et si peu incarnée, enfermée dans ses bureaux, avec son bataillon de technocrates et de lobbyistes, n’apparaît guère séduisante. Le moins pire, peut-être, mais certainement pas le meilleur. Telle qu’elle se présente  (si peu), mais aussi telle qu’elle est présentée (si mal), l’Europe ne fait pas rêver.

Initiatives individuelles

Comment réinventer l’idée européenne ? Comment la rendre attrayante, souhaitable, évidente ? Ne comptons pas sur les responsables nationaux, trop attachés à leurs prérogatives et à leurs carrières. Ni sur des médias absorbés par l’immédiateté, la proximité et leurs chiffres d’affaire. En l’absence de représentants convaincant et convaincus, ce sont des initiatives individuelles, à l’image d’Europavox à Clermont, qui peuvent réenchanter le sentiment européen. Et affirmer qu’il y a du sens à être ensemble plutôt que divisés, fracturés et éloignés…

Dans l’Iliade, Europe, la princesse phénicienne, fille du roi de Tyr (actuel Liban) est si désirable que Zeus, le dieu suprême des Grecs, se transforme en taureau pour la séduire. Nos responsables européens connaissent-ils seulement cette histoire ?

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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