Le mot « écologie » revient désormais régulièrement dans les conversations. Le terme s’est banalisé mais intéresse de plus en plus de monde. A l’heure du réchauffement climatique, l’urgence se rapproche et l’intérêt de l’écologie devient de plus en plus évident. Certains font des efforts à petite échelle, d’autres visent de plus grands bouleversements. Mais s’il est devenu un élément de notre quotidien à la maison, qu’en est-il à l’Université Clermont Auvergne ?
Lorsque j’interroge des étudiants à propos de l’écologie dans leur université, les idées fusent. « Les professeurs devraient avoir du papier recyclé à disposition » me répond Margaux, « j’ai mieux, ils devraient déposer les documents dans un espace en ligne au lieu d’imprimer autant de feuilles qu’il y a d’élèves » rétorque Eva. Pour Pauline, le Restaurant Universitaire et le kiosque du Crous posent problèmes : « le fait qu’on ne puisse pas faire chauffer notre nourriture dans le micro-onde mis à disposition des clients du kiosque nous pousse à la consommation, et donc à la surutilisation d’emballages car nous sommes dans l’obligation d’acheter la nourriture du Crous. Je pense aussi qu’ils devraient arrêter de nous donner systématiquement un ticket de caisse et ne l’imprimer qu’en cas de nécessité ». Mais ce qui est le plus souvent revenu dans notre conversation est le manque de poubelles jaunes dans les locaux de la faculté.
Carence de poubelles jaunes
Je n’en avais en effet jamais vu dans mon Université (site Carnot), il devait pourtant bien en avoir une ! Ce petit geste, base même de l’effort écologique, serait un premier pas vers un monde plus sain. C’est Catherine Boutin, professeure de lettres de l’UCA, qui m’a révélé où était l’emplacement du Graal : ce grand bac jaune est à l’abris des regards, derrière un bâtiment. J’ai donc questionné Madame Boutin à propos de ce souci logistique : « Il faudrait beaucoup plus de fléchage en direction du recyclage. Certaines velléités écologiques se manifestent mais l’ensemble n’est pas réfléchi car nous n’avons pas un parcours pensé nous amenant à faire les bons gestes. Personne n’est donc au courant de l’endroit où se trouvent les poubelles jaunes : il faut avoir la volonté de se dire ‘je veux que mon déchet soit recyclé’. En plus de ce problème de poubelles jaunes, s’en pose un autre tout aussi déroutant : le RU (Restaurant Universitaire) et le kiosque nous proposent des contenants en verre que nous sommes forcés de jeter dans la poubelle normale. En effet, il n’existe pas de poubelle attribuée. »
La professeure de lettres m’explique ensuite que faire une pétition lui semble inutile, la méthode ayant été tenté pour un autre problème : « la réponse à cette pétition a été plus que décevante » explique-t-elle avant d’ajouter « On s’attend à ce qu’il y ait une instance autre qui s’occupe des soucis environnementaux, et pas seulement les utilisateurs. »
« Un vieux problème »
J’ai donc interrogé Frédérique Bonnemoy, Vice-Présidente aux Responsabilités Sociétales et Environnementales et aux Conditions de Travail, qui affirme bien que « le problème du tri des déchets dans le contexte universitaire est un vieux problème à peu près résolu sur la plupart des sites à l’exception de Carnot et Gergovia ». Elle précise que plusieurs actions ont été menées : « il a été notifié (plusieurs fois par écrit et oralement) à tous les directeurs de composantes (UFR) ainsi qu’aux responsables administratifs, qu’ils avaient en charge de veiller au respect des consignes de tri, et au besoin de signaler les manquements à la DIL (Direction de l’Immobilier et de la Logistique) et au service Achat. De plus, il leur a aussi été notifié, plusieurs fois, que la DIL ou le SPR (pour les Cézeaux) pouvait prendre en charge l’achat des poubelles, la plupart des composantes se sont débrouillées toutes seules ». Elle explique ensuite que dans l’attente de poubelles, beaucoup ont opté pour des grands cartons sur lesquels ils ont collé les autocollants donnés par la CAM (Clermont Auvergne Métropole) sur simple courrier reprenant les consignes de tri, « mais j’observe que c’est bien plus souvent une question de bonne volonté qu’un manque de moyens au niveau du tri sélectif ! » (sic) Elle ajoute, pour finir, qu’elle pense que tout a été mis en œuvre par l’établissement pour que le tri des déchets s’effectue correctement.
Des étudiants et professeurs volontaires
La volonté des étudiants n’est pas à négliger. Il y a quelques années, ceux qui avaient notamment travaillé sur LieU’topie et l’Agenda 21, avaient constitué un dossier où les problèmes étaient clairement soulevés, avec les mêmes revendications qu’aujourd’hui. Pourtant, la portée de leur action est restée anecdotique. Malgré tout, Frédérique Bonnemoy estime que les efforts investis sont parfois payant notamment avec l’engagement de l’UCA pour la Semaine Européenne de Réduction des Déchets, la Semaine Etudiante du Développement Durable, la Foire bio locale sur le campus, le Green Walk,… Et Catherine Boutin de préciser que les élèves sont motivés à partir du moment où ils sont encadrés : « Pour nous, les profs, le seul biais pour faire bouger les choses à petite échelle étaient les projets collectifs que j’encadrais à la même époque : imaginez un projet pédagogique où les étudiants créeraient les supports pour montrer où sont les points de recyclage, où ils travailleraient avec le département qui s’occupe de ça, où ils feraient une vraie sensibilisation pendant deux jours avec un évènement, de la musique, quelque chose de festif en début d’année… ». Seulement, un problème se pose : si un professeur souhaite s’investir dans ce projet, celui-ci va difficilement pouvoir être mis en place pendant ses heures de cours. Donc, il convient de le mener en dehors de celles-ci : mais ça devient alors du bénévolat. De plus, il faut anticiper le financement quelques mois avant, or les idées germent au fur et à mesure.
Madame Bonnemoy semble, fort heureusement, palier à ce déficit : « J’engage beaucoup de stages et de projets tutorés avec les étudiants : études de sponsoring, enquête sur la mobilité étudiante, sur la précarité énergétique, sur le choix des arbres pour le campus, sur la réduction des déchets, … »
Il est, je pense, extrêmement important de tout mettre en œuvre pour régler un problème aussi essentiel que l’écologie. Catherine Boutin ajoutera qu’« il faut une prise en considération du bien commun qui doit être acté par tous. Je crois qu’en termes d’institution nous devons être un exemple : on s’appelle éducation nationale. Ce terme-là doit en quelques sortes nous tatouer en étant nous-mêmes responsables de ça ».
Retrouvez aussi l’article « Qu’est-ce qu’on mange ? » de notre série « Carte d’étudiant ».
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