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L’amour et la raison

« Dans le rugby…la femme est l’avenir de l’homme ! ». Ni Aragon, ni Ferrat n’avaient envisagé la chose sous cet angle mais Mourad Boudjellal, lui, n’a pas hésité à l’affirmer. Et comme le bouillant président du RC Toulon ne dit pas que des bêtises, nous sommes prêts à le croire.

Plus de 3 millions de téléspectateurs ont suivi le match de Coupe du Monde Angleterre-France le 22 août dernier sur France2, soit une audience 5 à 6 fois supérieure à la moyenne des rencontres du Top14. Voilà qui plaide en faveur de ce rugby féminin fleurant l’enthousiasme et la fraîcheur et dont le nombre de licenciées en France a été multiplié par 4 au fil des 12 dernières années (environ 20 000).

Ceci expliquant cela, le plan stratégique dévoilé en 2016 par la Ligue Nationale de Rugby mentionnait donc l’obligation faite aux clubs du Top14 d’engager une équipe féminine à XV dans un des championnats organisés par la FFR.

Mariage de raison

Afin de souscrire à cette requête sans trop d’efforts, la plupart des clubs concernés envisagèrent des épousailles avec les équipes féminines déjà installées dans le décor de proximité.

Ainsi naquit, fin août 2016, l’ASM ROMAGNAT RUGBY FEMININ en même temps que les ‘’Jaune et Noir’’, qui avaient connu leurs jours de gloire avec deux boucliers en 1994 et 95, retrouvaient leur place dans l’élite nationale (Top8) dix ans après l’avoir quitté.

Le budget annuel de la mariée se limitant à un demi-centième de celui de l’époux, on était enclin à deviner facilement qui serait à même d’apporter la dot. Que nenni ! De dot il ne fut point question au moment de convoler.

« Pas d’argent entre nous ! », les deux parties affichent surtout la volonté de construire ensemble un projet, sachant qu’après avoir initié les fiançailles, la LNR et la FFR, enlisées dans leur guérilla intestine, n’ont établi pour l’heure aucune feuille de route pour guider les jeunes mariés sur la voie de la félicité.

Dés lors, le bénéfice pour les filles réside avant tout dans un partenariat établi avec l’ASM Omnisports. Les joueuses ont accès aux installations de préparation physique de la Gauthière deux fois par semaine ainsi qu’au cabinet médical chaque fois qu’elles en ont besoin. Même si le service n’est pas entièrement gratuit (forfait de 100€ par joueuse payé par le club au cabinet médical pour la saison) l’ASM Romagnat bénéficie de matériel et de compétences qu’elle ne pourrait pas s’offrir par ailleurs. Le restaurant adapté à l’hygiène sportive est également accessible moyennant un ticket de 6,20€ à la charge des filles, « en attendant que nous ayons les moyens de le prendre en charge en partie » espère Mélissa Lamour, la présidente.

SOS partenaires et bénévoles !

Avec un budget annuel de 180 000€ assuré à 80% par les collectivités, la priorité du club est de booster son partenariat avec le tissu économique. « C’est indispensable pour organiser l’accompagnement de nos filles et les mettre dans un certain confort de travail » insiste Annick Hayraud, figure historique, manager du club et du XV de France.

A la différence d’autres clubs du Top14 qui ont complètement intégré les sections féminines (Lille et Montpellier par exemple), le mariage, ici, n’est pas vraiment consommé.

Qu’attendre alors de la structure pro de l’ASM ?

« Nous voulons leur faire profiter de nos réseaux afin, notamment, d’aider les filles à poursuivre leurs études ou s’installer dans un job » répond Jean-Marc Lhermet en charge du développement à l’ASM Clermont. D’où la synergie attendue avec Entreprises ASM En Mêlées, le club des partenaires ‘’Jaune et Bleu’’. Si la convergence tarde à porter ses fruits, les Romagnatoises ne cachent pas leur part de responsabilité : « Nous manquons cruellement de dirigeants-regrette la présidente- pas seulement pour faire fonctionner nos trois équipes (85 joueuses) mais surtout pour assurer un suivi avec les filles dans leur vie de tous les jours, logement, études, travail, et assumer la relation avec ASM En Mêlée »

Avis à la population : L’ASM Romagnat recherche des bonnes volontés et des compétences.

En quête de visibilité

Pour l’heure, la corbeille de mariage est loin d’être remplie même si l’ASM Pro y a déposé son super-bus, prêté aux filles pour un déplacement à Bayonne, et leur a offert de la visibilité en mettant à disposition le stade Marcel-Michelin le 25 mars pour le match de Top8 contre Rennes. Belle occasion de supporter l’équipe entrainée par le duo ex-montferrandais Fabrice Ribeyrolles – Martin Scelzo, et emmenée par les internationales Caroline Thomas, Emma Coudert, Marine Pellegris ou Meg Mambé.

Pour la fin de saison, les Romagnatoises devraient se libérer de la pression liée au maintien parmi l’élite avec la refonte du championnat annoncée par la FFR. La saison prochaine, la 1ère division sera portée à 16 équipes avec 2 poules de 8, play-off pour les 4 premières de chaque poule et play-down pour les suivantes.

Ces messieurs de la LNR pourraient peut-être trouver là un brin d’inspiration pour sortir le Top14 du calendrier surchargé qui asphyxie le rugby hexagonal.

«…Le poète a toujours raison

Qui voit plus haut que l’horizon… »

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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