Il y a une dizaine d’années maintenant, les jeux vidéo ont mis un pied dans l’enceinte des établissements culturels, notamment des médiathèques. À chaque introduction d’un nouveau contenu culturel, les mêmes débats houleux font rage. Ce fut le cas pour la vidéo, pour les mangas, et bien sûr les jeux vidéo n’ont pas été épargnés. Mais cette chronique n’est pas là pour alimenter le débat car ça y est : le combat est gagné.
Le jeu vidéo : une culture comme une autre
2018: toute la France est conquise par le jeu vidéo en bibliothèques. Toute ? Non ! Une grande ville gauloise a pourtant longtemps résisté à l’envahisseur. Si l’initiative a été lancée par les médiathèques de Saint-Raphaël, celles de l’agglomération de Montpellier et celles en région Parisienne, notre beau bassin Auvergnat a longtemps hésité. Plus maintenant. Après deux années de réflexions, l’agglomération clermontoise en est arrivée aux mêmes conclusions que le reste de la France : malgré les coûts pour les établissements (comptez 500€ en moyenne pour une console et 60€ pour les jeux), introduire le jeu vidéo dans les médiathèques c’est l’accepter en tant que culture, c’est attirer un nouveau public et c’est surtout – et c’est de loin la mission principale de la médiathèque – permettre l’égal accès de tous à cette nouvelle culture.
Si nous sommes encore loin de l’accès en continu de n’importe quelle console ou jeu pendant les horaires d’ouverture des établissements, le progrès est considérable. Avec d’importants investissements pour l’achat de plusieurs Nintendo Switch, de PS4 Pro et de casques de réalité virtuelle et une campagne d’équipement audiovisuel (téléviseurs HD et vidéoprojecteurs), les médiathèques les plus importantes du bassin sont désormais équipées. Sauf Jaude. Mais Jaude est un peu à part. Les professionnels du secteur les plus motivés ont été forméd afin de conseiller et d’interagir un maximum avec les utilisateurs. Car c’est ici la clef d’un apport harmonieux d’un nouveau support : les bibliothécaires sont là pour conseiller les parents, échanger avec les néophytes comme avec les passionnés, et créer des liens entre les joueurs de tout âge. Le but étant d’éviter le jeu en solitaire comme à la maison.
Quelle offre ?
L’offre se concentre donc sur des animations ponctuelles, notamment pendant les vacances scolaires, avec comme objectif final les Summer Games sur tout le bassin nord ainsi que la médiathèque de Cournon d’Auvergne. Comprenez par « Summer Games » des sessions de jeux multijoueurs afin que les utilisateurs se retrouvent entre amis, des sessions de retrogaming, des expositions sur l’histoire du jeu vidéo et même une ouverture sur tous types de jeux, incluant donc jeux de société, jeux de constructions, jeux en bois… Que vous soyez gamer ou pas, le jeu vidéo est ouvert à tous. Les animations montrent tantôt des jeux grand public comme Mario Kart, Super Smash For Wii U ou FIFA, et tantôt des jeux moins populaires mais très bien fichus et largement au-delà des clichés vidéoludiques avec des titres comme Botanicula ou Monument Valley. Nous avions, il y a plusieurs mois de cela, testé l’une de ces animations qui proposait la découverte de Resident Evil 7 en VR. Séance immersive qui se rapproche fortement du cinéma… avec les conseils des spectateurs sur les prochaines actions à faire. Une ambiance dans la pénombre totale aurait été idéale mais le cadre de la bibliothèque et la gratuité de l’animation rend l’expérience tout à fait accessible et intéressante.
Comment une médiathèque évolue ?
Alors si, parmi vous, il y en a encore qui doutent du bien fondé du jeu vidéo dans son aspect communautaire, foncez dans votre médiathèque la plus proche. Vous verrez à quel point ces établissements ont évolué et continuent encore de progresser. Vous vous apercevrez que les clichés qui mettent à mal autant les joueurs que les contenus en eux-mêmes n’ont rien à voir avec la réalité. Et si vous vous sentez perdus parce que vous pensez qu’il y a un décalage de génération, sachez que les professionnels des bibliothèques préfèrent largement vous apprendre à manipuler ce support afin que vous passiez un agréable moment avec votre enfant, petit-enfant ou ado plutôt que derrière une banque de retour à vous disputer parce que vous n’avez pas ramené les livres à temps. Finalement, pour que les bibliothèques évoluent, il faut que les mentalités des professionnels évoluent et croyez-nous, même si ce n’est pas gagné, la démarche est déjà bien lancée à Clermont-Ferrand.
Quentin Lambert et Julien Eichner.
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