En France un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie. Selon l’association Cancer@work, parmi les 1200 personnes qui apprennent, chaque jour, qu’elles sont touchées par cette maladie, 40% ont une activité professionnelle. Et la situation ne va pas évoluer positivement, puisque l’on estime que, dans la décennie à venir, un quart des salariés seront affectés parce que l’on nomme pudiquement « une longue maladie ». L’impact du cancer et des ALD, Affections Longue Durée, sur la vie des entreprises est devenu considérable et dans la majorité des cas, la maladie reste souvent tabou. Les salariés n’en parlent que rarement à leur entourage professionnel, craignant d’être stigmatisés et ne sachant pas comment aborder l’épineux problème de la baisse prévisible de leurs capacités au travail et de leurs performances.
Cancer@work, premier club consacré à la maladie au travail
Anne-Sophie Tuszynski a elle même été touchée par le cancer alors qu’elle occupait un poste dans les Ressources Humaines. Après sa rémission elle a décidé de créer en 2012 Cancer@work, le premier club consacré à la maladie au travail, sous forme d’association reconnue d’intérêt public. Plateforme d’échanges et de partage sur l’intégration de la maladie en entreprise, elle est également incubateur de projets d’innovation économique et sociale. « Notre réseau est constitué aujourd’hui d’une centaine d’entreprises adhérentes, de toutes les tailles et de tous les secteurs » explique la fondatrice « Un tiers des personnes touchées par la maladie quittent leur emploi dans les deux ans qui suivent le premier diagnostique. Face à ce phénomène, notre association œuvre selon quatre axes principaux : mobiliser, réfléchir et échanger les bonnes pratiques, suivre un baromètre de la libération de la parole et soutenir les malades dans leur phase de réinsertion professionnelles. La libération de la parole au sein de l’entreprise est fondamentale car elle redonne de l’estime de soi aux malades et génère du soutien de la part des bien-portants ».
La Caisse d’Epargne Auvergne Limousin s’engage aux côtés de Cancer@work
La Caisse d’Epargne Auvergne Limousin est la première entreprise de la région à s’engager sur le sujet en signant la charte Cancer@work. Fabrice Gourgeonnet, président du directoire depuis à peine six mois a intégré la RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises dans sa feuille de route. « Dans le quotidien de l’entreprise, nous nous devons d’accompagner nos collaborateurs en s’engageant à leur côtés sur les événements de la vie » explique -t-il. « La période que nous venons de traverser nous a prouvé que l’on pouvait travailler différemment et efficacement. Dans cette dynamique et face à la maladie, nous devons aller plus vite et proposer du concret. Souvent la maladie sort du cadre de l’entreprise. Cela va d’ailleurs au delà de la seule problématique du cancer, d’autres pathologies impactent également le travail des collaborateurs ». Partant du principe que le droit au travail est un droit constitutionnel, Fabrice Gourgeonnet souhaite mettre en place des actions qui empêchent d’éventuelles discriminations. « Notre engagement doit devenir un contrat social. En s’appuyant sur des expériences vécues, nous donnons de la valeur à nos réflexions. Nous devons tout faire pour réaménager l’organisation des tâches en fonction des possibilités des malades ». Au sein de l’établissement bancaire une étude va être menée très rapidement pour élaborer avec les partenaires sociaux, un cadre destiné à la création de contrats de travail spécifiques permettant de concilier au mieux maladie et travail.
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