En mars 2023, le MARQ, Musée d’Art Roger-Quilliot a acquis par préemption en vente publique : La Renommée au milieu des armes à 150 000 € TTC jusqu’alors propriété de la Société Dubreuil à Lyon. Dans l’atrium du musée se dresse dorénavant « un bébé de 2,5 tonnes », cet haut relief en marbre de Carrare signé Joseph Chinard, sculpteur lyonnais du XIXe siècle. L’emplacement n’a pas été choisi au hasard, car face à elle se trouve une autre œuvre de l’artiste: La mort du général, elle aussi dédiée au général Desaix. Il est donc possible pour le visiteur d’admirer en un seul regard les deux sculptures.
Une histoire riche en rebondissements
L’histoire de la sculpture débute à Carrare, en Italie, en 1806, par un bloc de marbre choisi par Joseph Chinard formé non pas par la voie académique mais par l’étude des antiques. Il le fait venir par voie d’eau jusqu’à Lyon. « Quand on voit les sueurs froides qu’on a eu ce matin avec un matériel extrêmement sophistiqué » s’exclame Cécile Dupré, cheffe du service Musées et Patrimoine de Clermont Métropole, « on a du mal à imaginer comment les marbres ont pu faire le voyage depuis Carrare. » Œuvre de fin de carrière, il réalise un travail très fin qui met en avant une figure féminine drapée et ailée. Le résultat est quasi archéologique, tant sur la recherche des éléments qui constituent le trophée d’arme que sur sa façon de composer la pièce. Ce très haut relief marqué aux chiffres de l’empereur Napoléon et du général Desaix, était destiné à s’appuyer sur le monument de la Fontaine de l’obélisque (curieusement nommée La Pyramide), accompagné de trois autres sculptures monumentales, dont La mort du général qui reste la seule inachevée.
Il aura fallu l’attendre pas moins de deux siècles
Après une commande de la ville de Clermont passée en 1803, la Renommée au milieu des armes arriveenfin à destination: « C’est comme un rattrapage de l’Histoire » déclare Cécile Dupré. Ce sont pour des raisons de désaccord entre la ville et le sculpteur que la décision a traîné. En effet, Chinard s’était engagé avec la municipalité à faire un monument en stuc, mais pour des raisons d’esthétique et de solidité, il a préféré choisir ce marbre, beaucoup plus cher. Finalement il décède en 1813, l’œuvre achevée est restée stockée avec les trois autres dans son atelier. À la mort de sa veuve, elle est rachetée par un sculpteur Lyonnais, avant d’être confiée à une entreprise vers la fin du XIXe siècle. « Ce qui est formidable avec cette pièce c’est qu’on a un historique extrêmement clair » se réjouit Cécile Dupré. Mais il reste tout de même le mystère de la tête de La Renommée, elle aurait vraisemblablement disparu au cours du XXe siècle. Elle tenait par un tenon relativement simple et aurait déjà fait l’objet d’un vol avant d’être restituée, puis à nouveau elle a disparue: « un jour peut-être, elle nous reviendra ».
MARQ : Du mardi au vendredi : 10h à 18h. Samedi, dimanche, jours fériés et ponts : 10h à 13h et 14h à 18h
Lire ausi notre article : Un buste d’Étienne Clémentel pour les collections du MARQ
Commenter