Philippe Thivat : 40 ans de rock’n’roll et toujours la même énergie avec ce super groupe ?
Géraud Bastard : Oui c’est bien cela et disons que nous ne savons pas faire autrement surtout. La scène c’est ce qui nous habite et c’est là où nous nous révélons. C’est quelque chose d’assez naturel en fait. Le rapport qu’il y a avec le public crée chez moi une énergie incroyable.
P. T : C’est compliqué de faire de la musique aujourd’hui ?
G. B : Ce n’est pas simple et c’est un triste constat. A l’époque des Barons du Délire nous arrivions à faire plus d’une centaine de dates et aujourd’hui si nous en avons 40 c’est déjà pas mal. Q
P. T : Quelles en sont les raisons selon toi ?
Il y a une dérive des moyens que l’on donne à la culture. La Sacem n’a jamais gagné autant d’argent avec si peu d’artistes. Aujourd’hui ce sont les gens très connus qui tournent facilement. Si nous n’intéressons pas un label, un tourneur, cela devient vite très difficile de trouver des dates.
P. T : Les gens sont conscients de tout le travail qu’il y a derrière un spectacle et un album ?
G. B : Cela dépend des régions. En Bretagne ou en Loire Atlantique il y a cette culture de la musique et du travail, car ces régions sont peuplées de beaucoup d’artistes. Tout le monde est au courant de tout le boulot effectué pour un show ou pour la création d’un album. Ceci est ancré dans la culture musicale de ces contrées.
P. T : Tu as une écriture remplie de métaphores et de poésie, un peu comme le fait Dylan ?
G. B : Avec le temps, je me suis aperçu, surtout à la fin du groupe les Barons du Délire, qu’il fallait parler de thématiques abordées avec
une certaine distance, laissant libre accès à l’imaginaire des gens qui nous écoutent. Je me suis rendu compte que les choses que je clamais le poing levé avait l’effet inverse de ce que j’attendais. Ce n’était plus vraiment un public, mais une espèce d’armée où tout le monde doit être d’accord, ce qui n’est pas le but. J’essaye donc d’être plus métaphorique en agrémentant mes textes de poésie et en invitant les gens à la réflexion. « Garder son authenticité et sa liberté»
P. T : Le groupe dégage un rock très énergique et différent de ce qui se fait ailleurs ?
G. B : Nous travaillons avec Fred Lézard à la guitare, Julien Pinot à la batterie, Pat le Black à la basse et moi même à la guitare et au
chant. En s’appuyant sur une section rythmique solide, nous déversons notre répertoire rock, teinté des phrasés « bluesy » qu’apporte Fred Lézard. Il y a donc quelque chose de très singulier dans nos compositions et c’est comme cela que nous avançons et que nous partageons avec le public.
P. T : Comment travaillez vous à l’intérieur du groupe ?
G. B : Je mets pas mal de difficultés à tout cela. Le travail est collectif et j’élabore les mots en ayant déjà la musique et en plaçant phonétiquement une trame en anglais. Puis par la suite j’écris le texte en Français par rapport à ce flot de mélodies qui danse. C’est un cheminement de longue haleine où chaque musicien est impliqué pour « habiller » une chanson.
P. T : Pour conclure, quels conseils peux-tu donner à des jeunes qui se lancent dans la musique ?
G. B : Il est important de garder son authenticité, sa liberté et sa singularité et d’éviter les carcans de la mode actuelle. Il faut essayer de se ressembler le plus possible en faisant énormément confiance à son imaginaire et à ses émotions. L’ouverture d’esprit est importante. En France il y a beaucoup de culpabilité à sortir du moule, alors qu’il ne faut pas hésiter à s’affirmer et à montrer quel artiste tu es.
Commenter