Depuis jeudi dernier, il ne quitte plus son t.shirt rouge à l’effigie de l’enseigne Mr Bricolage, sans doute pour mieux se fondre dans la petite équipe qui constitue la sympathique brigade d’accueil du nouveau magasin installé rue Bonnabaud dans le centre de Clermont. Franck Pappalardo, est un peu l’antithèse de Jean-Paul Merand, le gérant de l’ancien magasin monsieur Mr Bricolage du boulevard Jean-Jaurès fermé en 2006. Lui, se baladait dans les allées avec sa mèche brune, son costume et ses talons qui claquaient sur le carrelage, pas toujours aimable ni avec les clients ni avec son personnel. Les temps ont changé, la manière de faire du commerce aussi.
Alors que les oiseaux de mauvaise augure prédisent qu’InspiRe va tuer définitivement le commerce du centre de ville de Clermont, ce chef d’entreprise chevronné entend bien prouver le contraire et accréditer la thèse que la vie commerciale est avant tout une affaire de proximité.
7 Jours à Clermont : On vous connu à la tête d’entreprises dans des secteurs bien différents de celui du commerce de bricolage. C’est un nouveau défi ?
Franck Pappalardo : Mon secteur d’activité principal a toujours été l’immobilier, faire des opérations et de l’investissement. De l’achat, de la rénovation, de la revente aussi, mais il y a des choses que je garde. Cela fait 20 ans que je suis dans le monde des travaux, un secteur que je maîtrise avec de bonnes relations avec les artisans avec qui je travaille. À côté de ça, j’aime bien porter des projets. J’ai eu des bars à vins, un restaurant et j’ai commencé dans le monde automobile. Ce que j’aime bien c’est créer et transmettre. Les affaires, soit je le transmets, soit je les revends, mais ma ligne principale a toujours été l’immobilier.
7JàC : Mais pourquoi précisément le bricolage ?
F.P : Tout est parti d’une rencontre avec Mr Bricolage. J’aime les rencontres… si on aime pas les rencontres il y a des choses qu’il faut éviter… J’aime cela mais surtout j’aime le concept de la franchise. Ce sont les adhérents, comme moi, qui sont en fait les patrons de la franchise. Donc, on a une relation humaine et je vois avec l’ouverture du magasin, toutes les relations que j’ai avec les autres adhérents qui sont venus, les chefs de projet, la direction régionale qui accompagne les installations… il y a vraiment cette dimension humaine sans laquelle je n’aurais pas monté ce projet. J’aime l’échange, c’est blanc ou noir, c’est comme cela, je ne sais pas tricher. L’idée est partie d’une rencontre. On avait le local, car j’étais ami du propriétaire, je le suis toujours d’ailleurs, il y avait une bonne alchimie, les planètes étaient alignées.
7JàC : Y-a-t-il des points commun avec vos autres activités ?
F.P : Il a une seule chose commune avec mes autres activités, c’est le commerce, le bon sens, le bonjour-au revoir-merci et le plaisir à recevoir les clients et les accompagner. Par contre, je n’étais pas habitué à travailler avec des tableaux Excel et là j’en ch…(bip) vraiment. Heureusement qu’il y a un accompagnement humain parce qu’il y a 11 000 références dans le magasin, 90 000 au total pour l’enseigne. Il y a vraiment un travail de fond, c’est fastidieux, mais par contre c’est hyper intéressant et c’est là qu’on peut se régénérer. On travaille avec des jeunes, ça tient, ça porte. C’est vraiment un domaine que je ne connaissais pas mais j’ai été très accompagné.
7JàC : Travailler ce secteur particulier vous semblait pertinent ?
F.P : À Clermont, dans le bricolage, il y avait un manque. J’ai bon espoir que ce magasin comble le manque et apporte une dynamique au quartier. Comme Carrefour ou Picard qui tirent le commerce en amenant une population. Si Mr Bricolage peut créer du trafic c’est mieux et cela montre qu’en centre ville, il se passe des choses et que l’on est en train de créer un microcosme où il y a tout.
7JàC : Malgré tout vous n’êtes pas parti à l’aveugle.
F.P : On a fait une étude de marché, on a aussi regardé ce qui se projetait dans l’avenir, notamment les travaux qui se faisaient. Il est vrai qu’en rendant la ville de plus en plus piétonne et plus cyclable, on aura plus de mal à se rendre à l’extérieur. Les personnes auront donc plus envie de rester dans la ville. Pour acheter un clou, des outils, une bombe, un tuyaux de PCV, que sais-je… hé bien ils vont venir chez nous.
« Clermont ne va pas devenir une ville morte »
7 Jours à Clermont : Le projet InspiRe n’est pas terminé, était-ce le bon moment pour ouvrir ?
Franck Pappalardo : Clermont ne va pas devenir une ville morte. Quand on a peur, on ne fait rien. Le principal est de croire à son projet. On voit bien que quand on porte un projet comme celui là et qu’il y a un paquet des sous en jeu, les banquiers nous suivent. Ils ne sont pas idiots. Si ils suivent un projet comme celui-là c’est qu’ils ont une vision à moyen et long terme. Si le projet était farfelu, ils m’auraient dit, « t’es gentil Franck, on travaille ensemble mais ton projet on y croit pas ». Là, ils étaient plusieurs à vouloir me suivre.
7JàC : Selon vous, le commerce est en train de muter avec un regain d’intérêt pour la proximité ?
F.P : Il y a 30 ans, les Carrefour, les petits Casino ont fermé. Les enseignes partaient toutes vers la grande surface, ce que l’on peut entendre car il y avait un delta sur le pot de mayonnaise qui était important. Mais il y a une quinzaine d’années, les Carrefour et les petits Casino sont revenus en ville. Le projet InspiRe n’a pas 15 ans et les travaux n’avaient pas attaqué donc si les formats city ont fonctionné, cela veut qu’il y a avait une demande. Les travaux qui arrivent maintenant vont renforcer la demande pour les locaux, mais quand on habite à Aubière ou Romagnat, on ne vient au Carrefour Market. On répond à une demande d’hyper centre. Les travaux oui sont toujours pénibles. Mais quand on barre une rue pour un déménagement, c’est pénible parce qu’aujourd’hui on n’apprend plus à être patient. Avant pour aller travailler, on mettait 10 minutes aujourd’hui il en faut 20, mais il suffit d’aller dans les grandes villes pour voir comment cela se passe. Paris c’est 45 minutes, une heure. Le pire n’excuse pas le mauvais, mais il faut relativiser. Si on est énervé, on a le puy-de-Dôme en 20 minutes, on fait les Muletiers et après on est détendu.
7JàC : Quelle cible avez-vous définie ?
F.P : On va répondre à une demande de centre ville à 90% mais je prends un exemple, ce matin j’ai eu une cliente d’Aubière au téléphone qui a des problèmes de vision et qui a trouvé des références disponibles chez nous et pas ailleurs… ou un autre client de Vic-le-Conte qui cherchait une tondeuse disponible uniquement chez nous et qui l’a trouvé sur le site Internet. Donc on va sortir du centre, avec 11 000 références dans le magasin et 90 000 disponibles on peut toucher tout le Puy-de-Dôme.
7JàC : Vous parlez de votre nouvelle activité avec beaucoup d’enthousiasme…
F.P : Oui je suis enthousiaste déjà dans la vie. Après je crois à ce projet, parce que je suis accompagné, parce que je suis dans une franchise avec qui les choses matchent, c’est une famille en fait, et ce que j’ai voulu créer au sein de l’équipe.
Et l’équipe, justement, a accueilli dès la première heure d’ouverture de magasin, des « petites dames » du quartier, qui se disaient soulagées de pouvoir acheter de nouveau à côté de chez elles ce qu’elles trouvaient jadis dans les drogueries aujourd’hui disparues.
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