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Rugby amateur / Photo P. Thivat
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Florian Grill président d’Oval ensemble : « Fabriquer des aventures humaines »

3000 spectateurs se sont récemment rassemblés à Clermont, sur le terrain des Gravanches pour les finales régionales de rugby. Florian Grill président d’Ovale Ensemble est revenu sur ce que représente pour lui le rugby amateur, sinistré dans certaines régions de France.

Présidé par Florian Grill, ancien Puciste, également président de la ligue Ile de France de Rugby, Ovale Ensemble est un collectif de bénévoles et d’anciens internationaux mobilisés pour redonner du sens au rugby français. Au poste de vice-président et référent AuRA, on retrouve un nom bien connu des auvergnat : Jean-Marc Lhermet. Oval ensemble œuvre pour la sauvegarde d’un certain état d’esprit du rugby,  sport mais aussi état d’esprit et passion partagée par  les pratiquants, hommes et femmes et par tous les bénévoles engagés au quotidien.

« Fabriquer des aventures humaines »

Philippe Thivat : Quels sont vos ressentis lors de cette journée consacrée au rugby amateur ici à Clermont-Ferrand ?
Florian Grill : Le cœur du rugby est là, c’est évident. Lorsque Thierry Tonnelier a été élu à la ligue AURA, la première des promesses était de rétablir les boucliers régionaux. C’est ce qui a été fait, pour le plus grand bonheur des clubs du territoire et des supporters comme nous pouvons le vivre aujourd’hui.

P. T : En tant que président d’Ovale Ensemble quel discours tenez vous devant autant de passion et d’attente de la part des clubs présents sur les terrains des Gravanches ?
F. G : Notre métier est de fabriquer des aventures humaines qui restent des souvenirs pour la vie. Lorsque l’on supprime la moitié des titres de champions de France ou des boucliers régionaux, nous sommes indéniablement dans l’erreur et cela est dramatique pour le rugby. Il est important d’aider tout ce monde amateur à exister autrement et de le valoriser.

« Développer le rugby dans les villages »

P. T : Il y a des territoires où le rugby peine à exister. Quelles solutions préconisez-vous ?
F. G : La reconstruction doit se faire par la base avec un énorme travail dans le scolaire où il faut remettre des moyens humains et financiers sans oublier les écoles de rugby, véritable socle de ce rugby amateur. Ensuite il faut s’attacher à valoriser les divisions de R1, R2 et R3 et les réserves R2 où il se perd pas mal de licenciés ce qui entraîne des forfaits en cascade. Il faut donner plus de moyens aux ligues régionales car c’est là que le rugby doit se développer. Sur un budget de 130 millions d’euros alloué à la fédération, 6 millions sont attribuées aux ligues, à peine 1 million aux départements, ce qui n’est pas suffisant. Il ne faut pas imaginer que tout va ruisseler, car le ruissellement, cela ne marche pas.

P. T : L’arrivée de la coupe du monde en septembre peut-il entraîner une hausse des licenciés ?
F. G : Il faut qu’il y ait un très gros travail de fait par les instituts régionaux de formation pour fournir un maximum d’éducateurs diplômés. Il faut arriver à fidéliser les enfants qui arrivent dans les écoles de rugby, car beaucoup ne restent pas. Cela passe par la qualité de l’encadrement et nous nous devons aussi d’aider tous ces bénévoles qui œuvrent au quotidien pour faire vivre leurs clubs. Nous ne devons pas voir le rugby que par son élite.

« De 8 % de joueuses féminines à 12 % en 10 ans »

P. T : Il y a un fort développement du rugby féminin. Qu’en pensez vous ?
F. G : Nous sommes passés de 8 % de joueuses féminines à 12 % en 10 ans, ce qui est une très bonne nouvelle. Mais nous devons aller beaucoup plus loin encore. La suppression du « 7 développement » a été une erreur et a pénalisé les petits clubs obligés de pratiquer le rugby à X. Ce qui compte pour développer le rugby féminin, c’est le maillage en clubs et trouver des solutions de proximité pour que chacune puisse s’épanouir dans cette discipline. Il faut rétablir cette pratique du « 7 développement » ce qui offre de meilleures possibilités pour la genèse d’un projet autour du rugby féminin proche de chez soi.

P. T : Pour conclure vous définissez le rugby comme un fort levier contre l’exclusion avec différentes esquisses? Pouvez-vous développer ?
F. G : Le rugby est un endroit où chacun trouve sa place où le lien social doit être fortement ancré. Un club de rugby a un rôle sportif mais aussi un rôle éducatif majeur, dans lequel chaque individu se construit et s’épanouit en apprenant les règles de vie inhérentes au partage d’une aventure collective. Ce qui compte c’est le développement et la consolidation du rugby dans les villages et dans les villes moyennes où chacun est accepté selon sa différence, ce qui en fait une richesse humaine extraordinaire. Le rugby est un excellent espace de médiation pour des personnes touchées par la vie également. Nous devons assumer notre rôle de citoyen qui est le nôtre.

À propos de l'auteur

Philippe Thivat

Philippe Thivat, est correspondant d’un hebdomadaire dans l’Allier et intervenant auprès de l’ASM Romagnat rugby féminin en tant que rédacteur journaliste sportif. Il est également engagé dans le rugby citoyen qui œuvre grâce à ce sport à l’intégration des personnes handicapées et de personnes migrantes.

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