C’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce qu’un clown contemporain ? Comme la rédaction ne recule devant aucun sacrifice, elle a missionné un reporter pour poser la question à l’instigatrice d’un événement qui ne manque ni de fantaisie, ni de drôlerie.
Profil du clown contemporain
Sophie Contal, présidente des Abattoirs à Riom, structure organisatrice et centre névralgique du festival, définit ce qu’est le clown contemporain : « On sort de l’imagerie populaire du clown avec ses grandes tatanes et sa fleur à la boutonnière. C’est une autre conception. Le clown est notre miroir. Il reflète nos failles, nos faiblesses, tout ce qu’on cherche généralement à cacher. Il va incarner tout ça sur scène en le poussant à l’extrême jusqu’à l’absurde. Le clown n’existe que parce qu’il y a du public. Il n’y a pas de quatrième mur comme au théâtre traditionnel où les comédiens jouent leur spectacle sans s’adresser forcément au public. Le clown, c’est tout l’inverse. Il est sans arrêt en interaction avec les spectateurs, il s’adresse à eux tout le temps. C’est ce qui fait sa caractéristique.
Et le burlesque ?
Le burlesque, c’est un peu pareil avec en plus, la recherche permanente du gag. » Le clown peut s’inspirer de son environnement, mais en conservant toujours une attitude positive. « Il est là pour réparer, pour aider. Il n’est pas nécessairement là pour critiquer. Certes, il n’est pas très malin, mais il reste cool. Il a un côté naïf, un côté très enfantin. Il puise son inspiration dans une cour de récréation d’école maternelle. Il a 4 ½ ans dans sa tête. On a tous un clown enfoui au fond de nous, c’est le gamin qu’on a été et qu’on n’est plus ou qu’on refuse de montrer. » Le clown et le burlesque contemporains infiltrent toutes les disciplines artistiques, du cinéma au théâtre en passant par la musique et la programmation des Irrépressibles en atteste.
Clowns sous toutes les formes
Depuis la première édition des Irrépressibles, le festival a accueilli une cinquantaine de compagnies pour une soixantaine de spectacles. À l’affiche cette année, en plus du théâtre et du cirque, on trouve également de la musique et du cinéma. « On reste dans la thématique. Le film qu’on projette cette année, Rubber de Quentin Dupieux, est burlesque. C’est l’histoire d’un pneu tueur et télépathe. Dupieux est un réalisateur contemporain qui surfe sur la vague clownesque burlesque. » Pour la musique, on retrouve Fernan chante Fernan, un auteur-compositeur-interprète intercommunal comme il se présente lui-même et les désormais célèbres Frères Jacquard qui mélangent musique, humour, performances vocales et extravagance dans un show burlesque intitulé C’est L’Still Lovin’ Ze Sud.
Théâtre Group’
Parmi les spectacles à l’affiche cette année, on va découvrir En roue libre joué par la compagnie Théâtre Group’, réputée pour sa célèbre Jurassienne de réparation (un des plus beaux spectacles de rue au monde), le jeudi 2 juin, en extérieur aux Jardins de la Culture. « C’est une nouvelle création de la compagnie. Ça tourne encore une fois autour de la bagnole et de la mécanique, une marotte chez le Théâtre Group’. Ils sont venus en résidence aux Abattoirs pour travailler ce spectacle. » L’équipe bénévole des Irrépressibles a encore concocté une jolie programmation à des tarifs persuasifs pour un public ayant conservé son âme d’enfant. Comme à chaque édition du festival, la commission de contrôle du rire prévoit des grosses tranches de rigolade ; car oui, la clownerie a des effets thérapeutiques secondaires insoupçonnés et quand on voit ce qu’on voit, quand on entend ce qu’on entend, on a bien raison de vouloir se marrer.
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