Chaque année dans le monde, dix mille films sont produits dont environ trois cents sont réalisés et distribués par le cinéma français. Dans les salles, ce sont désormais plus de sept cents nouveautés produites aux quatre coins du Monde, qui sont projetés, mais dont une grande partie, ne sont plus exploités au bout de deux à trois semaines, faute de public. Ces films mis de côté, deviennent invisibles pour des questions de droits de distribution ou de diffusion, ou sont récupérés par les plateformes adeptes de l’exploitation ultra rapide. La situation du cinéma est devenue préoccupante, certains films ne sortant même plus sur un quelconque support. Une part importante de la production n’est donc jamais vue en salle, ni même dans le cercle familial.
Ingérence et ras le bol
Autre phénomène, révélé lors du dernier festival de Cannes : 500 cinéastes majoritairement francophones, ont publié une déclaration pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des ingérences de l’industrie sur leur travail artistique, «au nom de la rentabilité». Dans cette déclaration, sont mentionnés des scénarios transformés, des films modifiés au montage par les diffuseurs, des castings imposés, des prescriptions musicales… Les cinéastes évoquent une forme de censure impactant fortement le processus créatif et de fait, une relégation des auteurs au second plan, dans l’esprit de ce qui se passe actuellement au USA avec le principe du Copyright qui ne permet pas aux réalisateurs de conserver la maîtrise du cycle de vie de leurs œuvres.
Des gaulois résistent
Heureusement, en irréductibles Gaulois, des amateurs de cinéma se battent depuis longtemps, pour que les œuvres cinématographiques qui ne répondent pas aux critères imposés par l’industrie, soient quand même vus par un public qui reste avide de nouveautés et de sensations. Dans cet esprit, est né, il y a 29 ans à Paris, L’Étrange Festival qui met en en lumière un cinéma considéré comme hors normes et décalés. Emboîtant le pas à la manifestation parisienne qui a révélé des cinéastes désormais emblématiques comme les frères Quay, Alex de la Iglesia, Jaume Balaguero, ou encore Alex van Warmerdam, l’association clermontoise La Boite Noire a décidé, d’importer le concept en terre du milieu et d’organiser une version clermontoise de L’Étrange Festival dont les 5 premières éditions ont prouvé que le public est au rendez-vous dès lors qu’on lui propose de sortir des chemin trop balisés du cinéma marketing.
La création hexagonale n’est pas en reste
Pour sa sixième édition, L’Étrange Festival Clermont 2023 propose une série de films traitant de la question de l’errance et de l’identité, en miroir aux doutes qui animent les sociétés contemporaines. Sur les 16 films qui seront projetés durant une semaine, 12 sont issus de la production française prouvant que la création hexagonale n’est pas en reste mais qu’effectivement, des films et des cinéastes sont condamnés à une forme marquée d’anonymat. Les productions françaises côtoieront des films canadiens, américains, australiens et japonais. Les membres de La Boîte noire ont également tenu cette année à innover, en mixant fictions et documentaires, apportant la preuve que parfois la réalité dépasse l’entendement. L’Étrange Festival propose également deux rencontres, l’une avec le réalisateur, scénariste, monteur français Quarxx, l’autre avec Patrick Bouchitey que la France entière avait découvert en tant que réalisateur décalé de La vie privée des animaux montage animalier documentaires sur lesquels, il doublait les voix des animaux de façon humoristique.
L’Étrange Festival Clermont #6 – Ciné Capitole, place de Jaude du 10 au 17 novembre 2023. Découvrir la totalité du programme et les infos pratiques en cliquant ICI
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