Cela pourrait être du Sénèque, ou du Victor Hugo … c’est surtout le résumé de ce que nous avons sans doute appris de plus important lors de cette pandémie du Covid-19.
Je ne pense pas à une personne en particulier bien sûr, mais à la société humaine contemporaine. Cela peut paraître décalé quand les médias nous parlent tous les jours de problèmes sanitaires, économiques ou sociaux. Mais, par-delà tous ces drames que je ne minimise pas, se déroule une véritable crise de l’hubris.
“Hubris : tout ce qui, dans la conduite de l’homme, est considéré par les dieux comme démesure, orgueil, et devant appeler leur vengeance” nous dit le Larousse. Tiré de la Grèce Antique (où il peut notamment s’appliquer à Prométhée), ce terme un peu savant semble taillé sur mesure pour décrire l’état d’esprit de la civilisation dite “thermo-industrielle” : celle qui est née avec la Révolution Industrielle à la fin du XVIIIème siècle, qui a fleuri grâce à la science et à la technologie, et qui trouve son apothéose dans le capitalisme libéral de ces dernières décennies.
Une crise de l’hubris
Où est cette hubris ? Un peu partout …Par exemple, dans les gratte-ciels stratosphériques, dans les projets d’intelligence artificielle ou d’oblitération de la mort, dans l’hyper-concentration des richesses, dans les volontés de pouvoir et de domination … bien de ces tendances sont finalement naturelles, propres à l’homme. Et certaines peuvent être inoffensives, voire bénéfiques – comme la conquête spatiale qui apporte énormément de savoirs, d’espoirs et de poésie.
Mais il reste un domaine dans lequelle notre hubris va nous coûter très cher : les atteintes à la nature. Ici, notre principale “démesure”, pour reprendre la définition citée plus haut, consiste à mettre l’homme au centre de la nature. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’”environnement”, de la nature vue comme ce qui est autour de nous ! Ainsi, la faune, la flore, les terres et les mers sont dominées par l’homme, qui en fait ce qu’il veut : il les cultive, il les sillonne, il déforeste, capture, exploite, mine, apprivoise … en voyant cette nature comme une “base de ressources” inépuisable. Erreur.
Que peut-on faire ? Comme souvent, c’est une histoire de curseur : bien sûr que nous pouvons agir et modifier notre “environnement”, sans cela pas d’agriculture, pas de routes, pas de villes. Mais il est capital de prendre en compte l’ensemble des conséquences de nos actions sur la biosphère et sur le “système Terre”, notamment dans sa capacité à se régénérer. Tant que notre impact reste en-deçà de cette capacité, il n’y a pas de problème fondamental.
Un compromis vital pour l’humanité
A nous de mieux régler notre curseur. Il faut le faire vite, probablement dans la décennie qui s’ouvre, nous préviennent (depuis 40 ans) les scientifiques. Or, cette crise majeure qui débute avec le Covid-19 a un pendant positif : elle est une véritable opportunité de repenser l’ensemble de notre société et de notre économie.
Dans une tribune publiée dans le Monde du 5 mai, l’économiste et prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus nous enjoint à “ne pas revenir au monde d’avant” [le coronavirus] et à “reconstruire” plutôt qu’à relancer. J’aimerais donc terminer sur ces paroles pleines d’espoir : “[La pandémie] ouvre des horizons formidables et jusque-là insoupçonnés. Nous pouvons prendre toutes les directions. Quelle incroyable liberté de choix !”
Suivez mon exploration média en transition et en résilience territoriale sur: www.tikographie.fr
Commenter