Pour Ernest Pignon-Ernest, l’art parle du monde. Alors pour s’exprimer, il a choisi les murs des villes. Il est un artiste français renommé, dont les œuvres se distinguent par des collages grand format qui interagissent avec l’environnement urbain.. Il fait des sérigraphies, des dessins à la pierre noire, qu’il réplique et colle, de nuit, sur les murs, les portes, les escaliers révélant ainsi la beauté des lieux où il déploie ses projets artistiques. Pignon-Ernest s’inscrit dans la modernité en s’élevant contre bon nombre d’injustices qui frappent nos sociétés Ses images parlent de politique, de religion ou de poésie et créent un lien avec des lieux qui ne sont jamais choisis au hasard.
« Les lieux réels m’intéressent pour leurs qualités plastiques, leurs formes, leurs couleurs, leurs espaces, mais aussi pour tout ce qu’ils portent en eux d’invisible. » explique-t’il « Dans les villes, j’utilise l’Histoire, les souvenirs qui les hantent. C’est dans le non-visible que se trouvent souvent les potentialités poétiques les plus fortes.«
Des instants fugaces figés dans le noir et blanc
Ernest Pignon-Ernest, tel un alchimiste de l’art urbain, transforme le papier ordinaire en véritables trésors visuels. Les murs s’animent de corps, de visages et de regards, qu’ils soient célèbres ou anonymes, capturant des instants fugaces figés dans le noir et blanc. L’artiste, utilise des supports aussi éphémères que le journal papier pour immortaliser des figures saisissantes. Parmi les œuvres exposées à Brioude, Rimbaud émerge des pages du journal, offrant un dialogue mystérieux entre le poète maudit et l’actualité volatile. Pasolini, dans une figure grandeur nature, tient dans ses bras son propre corps supplicié.
« Faire coexister mes images avec l’espace urbain »
Après Naples en 2015, Ernest Pignon-Ernest passe d’un monde coloré et mythologique à un monde froid et blafard. « En 1996, après avoir hanté le fouillis baroque de l’univers napolitain, si riche d’histoires, de matières, de couleurs, de façades aux moulures patinées, de linges aux fenêtres, j’ai voulu aborder des objets froids, comme aseptisés, de verre et de métal. » Il décide de mettre en scène, les cabines téléphoniques. Elles sont le théâtre des drames du quotidien. Un lieu de communication dans lequel on se retrouve isolé mais exposé, derrière une vitre qui donne l’impression d’étouffer les paroles et les appels. « Dans ma volonté de faire coexister mes images d’êtres humains avec l’espace urbain, parmi les signes de la ville, avec ses angles, ses perspectives et ses reflets, j’ai soigneusement choisi chaque cabine téléphonique. Au point que les signes de la ville s’inscrivent littéralement sur les personnages, les enveloppant de leur empreinte. »
L’écho du monde est à voir à l’Hôtel du Doyenné à Brioude jusqu’au 15 octobre.
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