Depuis plusieurs années, la ville de Clermont et l’ENSACF, l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand dirigée par Simon Teyssou et présidée par André Marcon, étaient unis par une convention de partenariat qu’il fallait renouveler. Elle l’est désormais pour deux années supplémentaires avec une modification de taille, l’élargissement à la Métropole clermontoise qui, rappelons le, est composée de 21 communes.
Cette convention, qui permet le rapprochement des institutions vise plusieurs objectifs à la fois dans le développement de projets territoriaux étayés par des compétences croisées mais aussi dans le quotidien des étudiants socialement fragiles.
« Elle se veut être l’école d’architecture de son territoire »
7 Jours à Clermont : Était-il important pour l’ENSACF de signer cette nouvelle convention ?
Simon Teyssou : Oui, pour l’école c’est très important parce qu’elle se veut être l’école d’architecture de son territoire, de la ville, de la métropole mais aussi de tout le Massif central considérant que dans tout le Massif central, il n’y a que deux écoles d’architecture, celle de Clermont et celle de Saint-Etienne qui est vraiment à la marge Est du grand territoire. L’idée c’est de faire en sorte que la culture architecturale, c’est à dire tout ce qui traite de la discipline, de l’urbanisme et des paysages, infuse à l’échelle du Massif-central.
7JàC : Qu’est-ce que cette convention va apporter concrètement ?
S. T : Concrètement cela se traduit par des partenariats avec des collectivités, rurales par exemple, où nos étudiants de Licence 3 se rendent, pour être au contact des réalités tout simplement, des réalités politiques et sociales. Ils développent des projets urbains et d’architecture, dans des territoires ruraux, des petites villes. Nous sommes aussi très actif sur les politiques publiques portées par le gouvernement, notamment les petites villes de demain en considérant que nous avons vraiment un rôle à jouer, c’est à dire faire en sorte que ces politiques publiques traitent vraiment d’architecture, d’urbanisme et de paysages et pas seulement se stationnement de voitures ou de fonds de commerces… voilà pourquoi ce partenariat est très important. Par exemple avec la métropole on réfléchit à un travail collaboratif sur la question des opérations de revitalisations du territoires sur les lisières métropolitaines, en relation avec les territoires ruraux.
7JàC : Qu’apprend-on aujourd’hui dans une école d’architecture ?
S. T : Aujourd’hui l’enseignement n’est plus centré sur l’objet construit, de moins en moins même. Il est question du recyclage, du poids du foncier, de l’existant qui devient un sujet central parce que, demain, il s’agira quasiment de ne plus construire, mais de transformer le patrimoine dont on dispose déjà. Le rôle de l’architecte ce n’est pas de traiter à l’échelle de l’édifice mais de traiter la question urbaine, paysagère. Le rapport à la biodiversité devient d’ailleurs un sujet brûlant, parce que l’architecte contribue aussi à ce que la biodiversité ne continue pas à chuter drastiquement. C’est un vrai sujet car lorsqu’un architecte mobilise de la matière, il a, de toute façon, un rôle néfaste parce qu’il va mobiliser de la matière mais aussi de l’énergie donc du CO2 et il est déterminant que nos étudiants comprennent cela, car il faut essayer de minimiser l’impact de l’acte de construire tout simplement.
« Une métropole et son arrière-pays sont indissociables »
7JàC : La candidature de Clermont à la capitale européenne de la culture joue sur le lien entre la métropole et le Massif central. On imagine que vous adhérez à l’idée…
S.T : Cette candidature je la trouve extrêmement stimulante. L’idée est de comprendre qu’une métropole est forcément liée à son arrière-pays. C’est une expression utilisée par Olivier Bianchi à laquelle j’adhère. Je n’ai aucun problème avec ce terme, j’habite moi-même dans l’arrière-pays… cantalou. En fait qu’on le veuille ou non, toutes les ressources sont dans l’arrière-pays. On y trouve de quoi se nourrir, la sylviculture, les matières pour construire. C’est là aussi que l’on va produire l’énergie avec les barrages ou l’éolien ou les capteurs solaires. Donc, on joue vraiment cette carte de la complémentarité plutôt que la compétition entre ses territoires. De mon point de vue, une métropole et son arrière-pays sont indissociables.
7JàC : Que Clermont soit Capitale en 2028, finalement cela ne changera rien pour l’ENSA…
S.T : Ça ne changera rien parce qu’en fait c’est un projet auquel on croit, quelle que soit l’échelle, aussi bien celle de Clermont dans le cadre d’une candidature ou d’une autre métropole. Pour notre projet scientifique et pédagogique cela ne changera rien.
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